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L'artiste cubaine Tania Bruguera (centre), allongée au sol avec des volontaires à la Tate Modern de Londres le 1er octobre. |
L'intrigante création, installée dans le hall de 3.300 m² du musée d'art moderne, est constituée d'un immense rectangle de peinture grise thermochromique (qui devient transparente en fonction à la température) dessiné à même le sol, cachant le portrait d'un jeune réfugié syrien. Pour le faire apparaître, les visiteurs doivent s'allonger sur le sol, la chaleur de leurs corps faisant alors réagir la peinture. Pour voir l'intégralité du visage, il est nécessaire que plusieurs centaines de personnes s'allongent en même temps.
Après avoir fui son pays en 2011, le jeune réfugié avait erré dans les rues de la capitale britannique, avant de recevoir le soutien d'une organisation caritative installée dans le quartier du musée, une solidarité qu'a souhaité souligner Tania Bruguera à travers son installation. "C'est une réflexion sur notre époque, dans laquelle il semble nécessaire que tout le monde travaille ensemble, même on ne croit pas aux mêmes choses, même si on a des agendas politiques différents, même si on ne se connaît pas", a expliqué l'artiste, avant l'ouverture au public, mardi, de l'installation, qui sera visible jusqu'au 24 février.
L'œuvre a été intitulée provisoirement "10.142.926", soit le nombre de personnes ayant migré d'un pays à l'autre l'an passé, auquel a été ajouté le nombre de migrants morts cette année, un nom qui devrait donc évoluer au fil des tragédies qui endeuillent les déplacements des populations dans le monde. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 1.700 migrants sont morts ou sont portés disparus en Méditerranée depuis le début de l'année.
En pénétrant dans une petite pièce adjacente au hall, les visiteurs se font tamponner sur la main le nom de l'exposition, tandis qu'une substance lacrymogène diffusée les en font ressortir les larmes aux yeux. "C'est une manière de passer des statistiques aux émotions", a souligné Frances Morris, directrice de la Tate Modern.
Artiste militante, Tania Bruguera avait été arrêtée en 2014 à Cuba alors qu'elle projetait d'organiser une tribune publique à La Havane pour permettre aux Cubains de s'exprimer pendant une minute sur "des thèmes qui les préoccupent". L'artiste plastique avait déjà fait parler d'elle sur l'île en 2009 en organisant une manifestation similaire au Centre culturel Wifredo Lam, en marge de la Biennale de La Havane.
AFP/VNA/CVN