Le ministère de l'Industrie et du Commerce prévoit que les exportations vietnamiennes vers les Etats-Unis cette année pourraient augmenter de 10%. Alors que les exportateurs nationaux de crevettes, pangasius tra et basa se heurtent déjà aux taxes anti-dumping, le Département américain de l'agriculture (USDA) compte à nouveau placer les tra et basa vietnamiens dans la catégorie des poissons-chats (catfish), régis par un projet de loi agricole (Farm Bill). Cela porterait considérablement préjudice aux éleveurs et exportateurs de pangasius qui sont élevés dans des conditions et au moyen de procédés totalement différents de ceux des poissons-chats américains. De plus, les produits aquatiques du Vietnam font face à d'autres barrières que sont les règlements de l'Administration de gestion des produits pharmaceutiques et alimentaires sur la lutte contre le terrorisme biologique.
Selon Trân Duy Dông, "une des solutions pour booster la valeur des exportations vers les Etats-Unis sera de rehausser la compétitivité des articles phares comme produits textiles, aquatiques, chaussures qui se taillent déjà une place de choix sur ce marché mais subissent la concurrence croissante des produits chinois, indiens, brésiliens et thaïlandais". De plus, il faudra renforcer les exportations d'autres produits prometteurs tels qu'articles en plastique, fruit du dragon, litchi, longane, indique-t-il.
Une des caractéristiques du marché américain est ses exigences en matière de qualité et de traçabilité. C'est pourquoi les entreprises vietnamiennes devront chercher à s'associer avec des importateurs américains, monter des filiales dans ce pays pour faciliter le marketing, le paiement, ainsi que la distribution de leurs marchandises. Le conseiller commercial du Vietnam aux États-Unis, Ngô Van Thoan, estime qu'"il faudra améliorer le niveau technique, l'environnement et les conditions de travail des ouvriers afin de surmonter ces barrières techniques".
Meubles : UE et États-Unis
serrent la vis
L'application de la loi Lacey aux États-Unis et de la loi Flegt dans l'Union européenne (UE) devraient avoir des répercussions sérieuses sur les exportateurs nationaux de meubles, selon l'Association du bois et des produits forestiers du Vietnam (ABFV).
La loi Lacey (Lacey Act), qui vise à lutter contre l'importation aux Etats-Unis de bois exploité illégalement, est entré en vigueur le 1er avril, et la loi Flegt, qui contribuera à lutter contre l'exploitation illégale et à protéger les forêts, le climat et la biodiversité, le sera en 2011. "Ces 2 lois obligeront les importateurs et détaillants de presque tous les produits à base de végétaux à fournir des justificatifs sur leur origine, indique Nguyên Tôn Quyên, vice-président et secrétaire général de l'ABFV. Cette réglementation posera donc une série de difficultés aux entreprises vietnamiennes, notamment pour trouver des sources de bois légales, de qualité et à des prix abordables répondant aux besoins du marché, ce dans le contexte où une grande partie du bois brut transformé au Vietnam est importée", ajoute-t-il. Ce dernier fait savoir qu'afin de minimiser les effets négatifs de ces lois, son association travaillait actuellement à la mise en place de centres de transaction de bois au Nord, au Sud et au Centre du pays, qui permettrait de réduire d'environ 10% leur prix, outre des économies de temps de production et la garantie de leur origine.
De son côté, le ministère vietnamien de l'Agriculture et du Développement rural a mis en place un groupe de travail chargé des questions relatives à la loi Flegt, lequel a pour tâche de créer un réseau d'informations, de donner aux entreprises des connaissances en matière d'achat de produits d'origine certifiée et d'activités de production ne nuisant pas à l'environnement, de leur prodiguer aussi des conseils concernant les procédures d'obtention du certificat du Conseil de soutien de la forêt (FSC - Forest Stewardeship Council).
Certains importateurs européens soutiennent déjà leurs partenaires vietnamiens, en les aidant à se conformer à la loi Flegt. Les responsables de l'ABFV estiment que les entreprises exportatrices nationales devront s'associer afin d'élever leur compétitivité, se concentrer sur la recherche et la fabrication de produits répondant aux besoins du marché et surtout diversifier leurs débouchés.
Selon les statistiques du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, les exportations nationales de meubles se sont chiffrées à 655 millions de dollars au premier trimestre, en hausse de plus de 16% en glissement annuel. Les États-Unis et l'UE représentent à eux seuls plus de 50% du total.
Thê Linh/CVN