Tel est en tous cas le sens de la correspondance scolaire entre une classe de Dà Nang de 4e année et celle d'un CM1 (équivalent de la 4e année) à Banyuls-sur-Mer, petite ville située près de la frontière espagnole. L'expérience fonctionne, malgré les aléas des délais postaux, du manque d'interaction en direct, ou encore de la frustration mutuelle de ne pouvoir se rencontrer en chair et en os. Le français, en construction des 2 côtés (en tant que langue étrangère pour les Vietnamiens, en tant que langue à perfectionner chez les petits Français), est là pour permettre aux deux cultures de se rencontrer et il est encore là pour éveiller la curiosité et le désir des élèves. Sans cette langue "commune", ces élèves ne se seraient sûrement jamais connus…
L'anglais tend à supplanter le français dans le cœur des jeunes Vietnamiens, comme il a pu supplanter l'espagnol pour des élèves résidant pourtant en zone frontalière franco-espagnole. C'est dommage et même navrant. Des classes bilingues vietnamien/français subsistent et offrent à leurs élèves cette ouverture sur le monde francophone avec lequel le Vietnam est fortement lié. Gageons qu'elles résistent et, pourquoi pas, qu'elles se renouvellent ?
Plus qu'un long discours sur l'enrichissement offert aux élèves français et vietnamiens par une expérience de correspondance, présentons ici quelques productions plastiques des élèves français à l'occasion d'une exposition en mairie pour fêter le Têt.
William Rodriguez
Docteur en sciences du langage
et enseignant à Banyuls-sur-Mer, France