France: place à la jeune génération à Avignon

L'un a été révélé en mettant en scène un roman de Michel Houellebecq, l'autre a fait sensation avec une trilogie de Shakespeare jamais montrée dans son intégralité en France.

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Le metteur en scène Julien Gosselin.

Considérés comme la relève du théâtre français, Julien Gosselin, 31 ans, et Thomas Jolly, 36 ans, vont tenter de créer de nouveau l'événement au Festival d'Avignon (6-24 juillet) avec des textes et des styles opposés.

Gosselin va fondre trois romans de l'écrivain américain Don DeLillo en une pièce intitulée Joueurs, Mao II, les noms. Durée du spectacle: 8 heures.

Habitué des formats au long cours, il avait présenté "Les particules élémentaires" (2013) de Houellebecq sur 4 heures, et "2666" (2016), une adaptation du roman-fleuve inachevé du Chilien Roberto Bolaño, sur...11 heures.

Contemporain vs classique

Thomas Jolly, lui, met en scène un texte classique mais pas des plus connus: Thyeste de Sénèque, une histoire de cannibalisme et de vengeance qui symbolise l'effondrement du monde.

Il aura le privilège de montrer sa pièce dans la Cour d'honneur, lieu le plus emblématique du Festival par où sont passés les plus grands: Pina Bausch, Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau et plus récemment Romeo Castellucci ou Ivo van Hove.

Artiste au visage juvénile, Jolly avait monté la trilogie de Henri VI -spectacle marathon de 18 heures à Avignon 2014- puis Richard III de Shakespeare (2016).

À ces deux metteurs en scène qui ont marqué la scène française en moins de dix ans, s'ajoutent deux autres artistes, un peu plus "senior": David Bobée (40 ans) qui présentera le "feuilleton" d'Avignon sur le thème du transgenre et Chloé Dabert (42 ans), qui revisitera "Iphigénie" de Racine.

"Avignon est sensible à l'émergence, à la découverte", explique Olivier Py, directeur du festival. "On vient découvrir ceux qui feront la grandeur de la scène théâtrale dans les années à venir".

Dans un théâtre français où prime le texte classique, Gosselin défend la place de la littérature moderne. "On peut me dire ce qu'on veut, mais la crise de la sexualité au XXe siècle que décrit Houellebecq, on ne peut pas la trouver chez Shakespeare ou Racine", affirmait-il récemment au magazine Les Inrocks.

De gauche à droite: Emeline Frémont, Charline Porrone et Thomas Jolly répètent en 2015 à Rennes la pièce "Richard III".

Le metteur en scène, qui traitera du thème du terrorisme dans son nouveau spectacle, ne mâche pas ses mots: "J'ai d'autres choses à faire que (...) artificiellement faire dialoguer une oeuvre classique avec notre présent, alors qu'il y a des oeuvres contemporaines géniales qui s'attaquent frontalement à ces questions".

Thomas Jolly est adepte comme Gosselin des pièces-fleuve, mais la comparaison s'arrête là. Il aime interpeller les instincts les plus noirs du spectateur et pour cela, selon lui, rien de mieux que les textes classiques.

Dans sa version de Thyeste -déconseillée aux moins de 12 ans-, Atrée, roi d'Argos se venge de son frère Thyeste, roi de Mycène, pour la relation qu'il a eue avec sa femme en lui faisant manger la chair de ses enfants nés de cet adultère. "Nous avons, en tant qu'humain, une fascination pour le morbide, le sang, le corps", affirme Jolly à l'AFP.

Le théâtre "annule la violence"

Cette tragédie "peut nous rappeler une histoire personnelle, un conjoint, un frère, une famille, mais aussi les conflits internationaux dont on n'arrive plus à en sortir", explique-t-il. Si Gosselin est friand des effets technologiques, notamment la vidéo, Jolly défend une "théâtralité exacerbée" grâce à la machinerie et au maquillage.

Pour Olivier Py, la jeune génération perpétue une diversité du théâtre très spécifique à la France. "À Avignon, il n'y a pas une esthétique qui prévale mais un véritable kaléidoscope", explique Olivier Py. "Ici on défend le théâtre d'auteur. C'est ça la richesse du théâtre français".


AFP/VNA/CVN

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