>>"Gilets jaunes", loi énergie: Macron présente une "stratégie" à double détente
>>Nucléaire: entre zéro et six fermetures de réacteurs d'ici 2028 en France
Emmanuel Macron fait une déclaration après la présentation des grandes orientations de la programmation pluriannuelle de l'énergie, le 27 novembre à l'Élysée. |
Le président Emmanuel Macron a présenté les grandes orientations de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), une feuille de route pour les dix prochaines années. Il a confirmé que la part du nucléaire serait ramenée à 50% de la production d'électricité à l'horizon 2035, contre un objectif initial de 2025 dans la loi de transition énergétique, déjà abandonné par le gouvernement car jugé impossible à atteindre.
"Concrètement, 14 réacteurs de 900 mégawatts seront arrêtés d'ici à 2035. Ce mouvement commencera à l'été 2020 avec l'arrêt définitif des deux réacteurs de Fessenheim", a déclaré Emmanuel Macron. "Il restera alors à organiser la fermeture de 12 réacteurs entre 2025 et 2035: 4 à 6 réacteurs d'ici 2030, le reste entre 2030 et 2035", a-t-il poursuivi.
Les arrêts de réacteurs devraient avoir lieu parmi les plus anciens sites, soit: Tricastin (Drôme et Vaucluse), Bugey (Ain), Gravelines (Nord), Dampierre (Loiret), Blayais (Gironde), Cruas (Ardèche), Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent (Loir-et-Cher).
C'est EDF, l'exploitant des 58 réacteurs actuellement en fonctionnement, qui devra fixer la liste précise mais il n'y aura "aucune fermeture complète des sites" parmi les 19 centrales, a assuré Emmanuel Macron.
Compromis
Sur cette question très épineuse, le président a ainsi choisi un compromis entre les voeux du ministre de la Transition écologique François de Rugy - et de son prédécesseur Nicolas Hulot -, qui voulaient six arrêts en plus de Fessenheim d'ici 2028, et ceux de Bercy, qui voulait repousser le début des fermetures à 2029, tout comme EDF. "On ne fait rien pendant ce quinquennat", a aussitôt déploré l'écologiste Yannick Jadot.
C'est "le statu quo sur l'ère du nucléaire" et un "recul" sur les objectifs de fermeture, a déploré Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH). Ces annonces s'ajoutent à la fermeture des quatre dernières centrales à charbon d'ici 2022, qui est une nouvelle fois confirmée.
Par ailleurs, la France ne va pas décider dans l'immédiat la construction de réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR supplémentaires, et attendra au moins 2021, a annoncé le chef de l'État, qui laisse ainsi la porte ouverte. L'exécutif veut ainsi se donner du temps pour décider après le démarrage de l'EPR de Flamanville (Manche), le seul en construction actuellement en France, qui a pris beaucoup de retard.
"Je demande à EDF de travailler à l'élaboration d'un programme de +nouveau nucléaire+ en prenant des engagements fermes sur le prix, pour qu'ils soient plus compétitifs. Tout doit être prêt en 2021 pour que le choix qui sera proposé aux Français puisse être un choix transparent et éclairé", a-t-il dit.
Le gouvernement a en outre demandé à EDF de faire des propositions sur un éventuel changement de la structure du groupe, qui restera toutefois "intégré", a indiqué François de Rugy. Selon l'Élysée, l'État ouvrira aussi de son côté une "réflexion" sur le renforcement de sa participation au capital de l'entreprise, dont il détient près de 84%.
Éolien et solaire
Le soutien au développement des énergies renouvelables va de son côté passer de 5 milliards actuellement "à 7 à 8 milliards d'euros par an", a annoncé Emmanuel Macron.
Il a ainsi évoqué un triplement de l'éolien terrestre et une multiplication par cinq du photovoltaïque d'ici 2030. Concernant l'éolien en mer, le premier parc sera mis en service au large de Saint-Nazaire durant le quinquennat "et nous lancerons quatre nouveaux appels d'offres".
"Nous concentrons nos efforts sur le développement des énergies renouvelables les plus compétitives et, parce que nous veillons au pouvoir d'achat des Français, nous serons exigeants avec les professionnels sur la baisse des coûts", a-t-il dit souligné.
Les dépenses représenteront un total de 71 milliards d'euros de soutien aux énergies vertes (électriques, biogaz, chaleur renouvelable) sur 2019-2028, selon l'Élysée. "La montée en puissance des énergies renouvelables en France est inéluctable", a conclu Emmanuel Macron, qui n'entend pas pour autant "renoncer au nucléaire".
AFP/VNA/CVN