France : l'État ne voit pas d'un bon œil une absorption de Lafarge par Holcim

Le gouvernement français a prévenu lundi 16 mars qu'il ne verrait pas d'un bon œil une absorption du cimentier français Lafarge par son concurrent Holcim, après la remise en cause des accords de fusion par le cimentier suisse.

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"Le gouvernement est vigilant sur ce dossier. Il est attentif à ce que l'opération préserve l'ancrage en France de Lafarge et les centres de décision du groupe en France", a affirmé une source proche du dossier, en réaction à la décision d'Holcim d'exiger une modification des termes de l'accord de fusion lancé en avril par les deux groupes.
Le groupe suisse a adressé dimanche 15 mars une lettre à son concurrent français pour lui faire part de sa décision de "ne pas poursuivre l'exécution du "Combination Agreement" selon les termes approuvés par les conseils d'administration de Lafarge et Holcim et conclus le 7 juillet 2014".
Rolf Soiron (droite), président du conseil d'administration du Suisse Holcim, et Bruno Lafont, président du groupe cimentier français Lafarge, à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce courrier remet en cause à la fois le principe de la parité des actions et la composition de la gouvernance du futur groupe, dont le siège sera basé en Suisse. En d'autres termes, Holcim a désormais l'intention d'avaler son concurrent français, sans lancer une OPA qui renchérirait le titre du cimentier français.
Dans sa réaction, le conseil d'administration de Lafarge s'est dit "prêt à explorer la possibilité d'une révision de la parité en ligne avec les conditions de marchés récentes", tout en prévenant "qu'il n'accepterait aucune autre modification des accords actuels".
En clair, si le cimentier français est disposé à revoir les conditions de rachat des titres des actionnaires de Lafarge par ceux d'Holcim, en tenant compte des récentes évolutions sur le marché, il écarte complètement une révision de la composition du conseil d'administration du futur groupe, qui devrait compter 7 membres de Lafarge et 7 d'Holcim.
Selon les accords de l'année dernière, le PDG français Bruno Lafont devait assumer la direction générale du futur groupe. Or, le conseil d'administration d'Holcim tente un tour de force qui pourrait, s'il réussit, exclure le patron de Lafarge de ce poste.
Les marchés ont sanctionné Lafarge après ces révélations. À la Bourse de Paris, le titre du cimentier français a perdu 6,25% à 60,92 euros à la clôture. L'action d'Holcim a perdu 1,33% à 74,45 francs suisses.
Changement de gouvernance
Dans les dernières semaines, après la publication des résultats annuels des deux groupes montrant une évolution des performances plus favorables pour Holcim au quatrième trimestre, des voix se sont élevées en Suisse pour remettre en cause la parité entre les actions des deux entités.
Cité par son entourage, l'actionnaire principal d'Holcim, Thomas Schmidheiny, avec 20,1% du capital, a de ce fait souhaité une révision des termes de l'accord.
Ces revendications interviennent également après la récente réévaluation du franc suisse par rapport à l'euro.
Après la déclaration de Lafarge, Holcim a maintenu sa "proposition d'ouvrir des négociations de bonne foi sur les termes des échanges d'action et de la gouvernance". Il a aussi précisé que l'assemblée générale du groupe, prévue le 13 avril, n'aborderait pas la question de la fusion.
La fusion doit être approuvée par les deux tiers des actionnaires de chacun des deux groupes lors d'assemblées générales extraordinaires qui devaient être convoquées d'ici la fin du premier semestre.
Alors que l'accord initial prévoyait que les actionnaires de Lafarge recevraient une action Holcim pour chacun de leurs titres, le groupe suisse ne serait plus disposé qu'à leur verser 0,875 action par titre, affirme l'agence de presse Bloomberg News. Lafarge aurait accepté une parité de 0,93 pour sauver l'accord.
Les syndicats de Lafarge ont manifesté leur inquiétude. "Ils voulaient dégommer Lafont depuis longtemps", affirme Philippe Springinsfeld (CFTC, premier syndicat au niveau du groupe). "Les Suisses vont prendre le manche, il est trop tôt pour dire quelles conséquences cela aura mais il y en aura forcément", estime-t-il.
"On était convaincus dès le départ que c'est Holcim qui absorbait Lafarge. Le dialogue social va empirer", prédit-on à la CGT, la CFDT disant "craindre" elle aussi une mainmise de Holcim, "préjudiciable au dialogue social, plus fort chez Lafarge".

AFP/VNA/CVN


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