France: les autorités affichent leur fermeté face aux "gilets jaunes"

Des "gilets jaunes", ces manifestants excédés par la hausse des taxes des carburants, poursuivaient mardi matin 20 novembre leurs opérations de blocage en France, principalement sur les autoroutes et les dépôts pétroliers, le gouvernement prévenant toutefois que les forces de l'ordre procèderaient à des déblocages "dans les heures qui viennent".

>>Gilets jaunes: près de 283.000 manifestants, un mort et 200 blessés

Des "gilets jaunes" bloquent une route à Saint-Denis-de-la-Réunion, le 19 novembre.

Lundi soir 19 novembre, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a appelé au respect du principe de la libre circulation et averti que les déblocages menés par les autorités allaient "se poursuivre dans les heures qui viennent". Il a demandé aux forces de l'ordre de "veiller à dégager systématiquement, mais méthodiquement, sans confrontation, les dépôts pétroliers et les sites sensibles".
Car la mobilisation se poursuivait mardi 20 novembre, dans plusieurs régions en France: à Calais (Nord), de nouveaux barrages filtrants ont été installés à l'aube sur l'autoroute A16, formant de longues files de camions sur environ 3 km, selon un correspondant de l'AFP et en Auvergne-Rhône-Alpes (Centre-Est) des barrages filtrants continuaient de perturber la circulation sur plusieurs autoroutes.
À Caen (Ouest), les forces de l'ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour déloger des gilets jaunes à l'origine du principal barrage de l'agglomération et interpellé quatre personnes.
La veille, quelque 27.000 manifestants ont participé à des actions, selon un comptage du ministère, le seul disponible pour évaluer ce mouvement qui se veut apolitique et asyndical. Ils étaient 290.000 samedi 17 novembre.
Depuis le début du mouvement, les manifestations ont fait un mort et 528 blessés, dont 17 grièvement atteints, selon un bilan donné lundi soir 19 novembre par le ministre. Mardi matin 20 novembre, M. Castaner a dénoncé une "radicalisation" et une "dérive totale" des manifestations, déplorant un "très très grand nombre de blessés".
Plusieurs accidents ont émaillé la journée de lundi 19 novembre, comme à Calais (Nord) où un routier a tenté de forcer le passage d'un barrage, avant d'être pris en chasse par un motard de la police, qui a ensuite heurté une voiture. Dans la Drôme (Sud-Est), un motard qui avait pris la route à contresens avant l'arrivée d'un camion était entre la vie et la mort.
Premières condamnations
Les premières condamnations ont été prononcées lundi, comme à Strasbourg (Est) où un homme de 32 ans a écopé de quatre mois de prison ferme pour mise en danger de la vie d'autrui et entrave à la circulation. Samedi 17 novembre, il avait formé une chaîne humaine sur l'autoroute et traversé un terre-plein central avec quatre autres personnes.
Le mouvement, lancé sur les réseaux sociaux et qui n'a pas de leader connu, est soutenu par près des trois quarts des Français, selon plusieurs sondages. D'abord concentrés sur la hausse du prix des carburants, les motifs de griefs se sont ensuite élargis à une dénonciation plus globale en matière de taxation et de baisse du pouvoir d'achat.
La grogne pourrait se poursuivre dans les prochains jours: des appels à bloquer Paris samedi 17 novembre commençent à fleurir sur les réseaux sociaux, appelant parfois à un "Acte 2" du mouvement, qui a débuté le 17 novembre.
C'est ce jour-là que, selon Le Parisien, quatre hommes - mis en examen et placés en détention provisoire samedi dans le cadre d'une enquête antiterroriste - ont envisagé de mener une attaque terroriste dans le pays, en profitant de la mobilisation des forces de l'ordre sur les rassemblements des gilets jaunes.
Lundi 19 novembre, alors que de nombreux points de rassemblements, péages, stations-service, entrées des autoroutes ou centres commerciaux, avaient été évacués dans la matinée par les autorités, certains gilets jaunes ont investi plusieurs dépôts pétroliers.
Directement interpellé par les manifestants tout au long des manifestations, le chef de l'État Emmanuel Macron a déclaré depuis Bruxelles où il se trouvait lundi 19 novembre qu'il répondrait au mouvement "en temps voulu".
La veille, son Premier ministre Edouard Philippe a assuré avoir entendu la "colère" et la "souffrance" des manifestants. Mais il compte maintenir "le cap" de la politique économique du gouvernement, notamment sa volonté de taxer davantage la pollution.

AFP/VNA/CVN

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