>> Photo Hanoi’23, un nouveau rendez-vous international de la photographie
>> Photo Hanoi’23, un nouveau rendez-vous international de la photographie
L’exposition de photos de mode s’est tenue en mai à Hanoï. |
Photo Hanoi/CVN |
Photo Hanoi'23 se déroule du 21 avril au 3 juin dans différents lieux de six arrondissements de la capitale. La photographie, en tant qu’art, mais aussi en tant que passion ou profession, est un champ d’étude large et varié. Ses objets d’étude sont multiples tout comme ses acteurs. C’est pourquoi l’Institut français du Vietnam a décidé de proposer à toutes ces parties prenantes de venir échanger leurs points de vue, divergents ou convergents, autour de la photographie.
L’événement a permis au public vietnamien comme international de venir écouter, interroger, débattre des experts issus de professions, de générations et de nationalités différentes, pour en tirer les problématiques et enjeux majeurs qui composent le futur de la photographie, ici, au Vietnam.
Dans ce contexte, les experts ont également discuté de la formation supérieure des photographes et proposé des pistes pour faire évoluer cet enseignement dans le pays. Les échanges ont tourné autour de la notion de la photographie créative, la construction d’un cursus spécialisé dans le pays, ainsi que les expériences internationales dans ce secteur.
"La photographie est souvent au cœur de notre quotidien, façonnant notre vision du monde, influençant nos habitudes de consommation, encadrant nos réflexions sur l’actualité, nous montrant la beauté de petites choses que nous ne voyons pas forcément. Cependant, contrairement à de nombreuses autres professions, devenir photographe n’est pas un chemin facile", estime Thierry Vergon, directeur de l’Institut français de Hanoï. "En particulier, la photographie créative, qui valorise l’art pour l’art, l’esthétique et la recherche constante de nouvelles techniques de création, est rarement considérée comme un domaine où une carrière est envisageable", constate-t-il.
Notions sur la photographie créative
"Pour moi, je ne distingue pas la photographie d’art de la photographie créative. J’utilise une seule notion : photographie créative. Les personnes spécialisées dans le secteur artistique doivent mettre l’accent sur la créativité", souligne Nguyên Xuân Khanh, ancien enseignant au Département de la photographie de l'École supérieure de théâtre et de cinéma de Hô Chi Minh-Ville.
Et d’ajouter que la photographie créative est un dialogue entre trois éléments : thème, photographe et spectateur. Quel que soit le type de la photographie, la créativité doit être toujours placée au premier rang.
Une œuvre présentée lors d’une expositionde photos de mode à Hanoï. |
Photo : Photo Hanoi/CVN |
"La photographie est un +monstre aux multiples visages+ et pour de multiples usages : pour la publicité, pour les arts… La créativité joue un rôle très important. Pourtant, il y a une différence entre art et création. Il est évident que tous les créatifs ne travaillent pas dans le secteur artistique", précise l’artiste Bert Danckaert, de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, en Belgique.
Pour l’artiste Nguyên Thê Son, un des curateurs de Photo Hanoi’23, la photographie est divisée selon trois tendances principales : photographie commerciale, photographie documentaire et photographie créative. "Cet art est une filière qui a une position importante dans l’enseignement supérieur de plusieurs pays étrangers", explique-t-il. Par exemple, depuis des années 2000, il est enseigné dans les écoles et instituts des beaux-arts en Chine. Il devient une composante importante de l’art contemporain chinois. Les œuvres sont présentées lors des expositions artistiques, des biennales, dans des musées.
Il n’existe aucune discrimination entre la photographie et les autres catégories des beaux-arts (peinture, sculpture, installation…).
Dans les musées en Europe ou aux États-Unis, les collections photographiques sont toujours appréciées. Pourtant, au Vietnam, la position de la photographie laisse encore à désirer.
Nécessité d’un contingent d’enseignants chevronnés
Actuellement, il est facile d’acquérir des connaissances sur la photographie. Avec les cours de courte durée qui sont disponibles partout, les apprenants peuvent maîtriser les techniques de base. C’est pour cette raison que plusieurs personnes se questionnent sur l’utilité de la formation à la photographie dans l’enseignement supérieur.
Les visiteurs lors de l’exposition de photos de mode à Hanoï. |
Photo : Photo Hanoi/CVN |
"À propos de cette question, il y a une réalité : chacun d’entre nous peut écrire mais tout le monde n’est pas écrivain. Si nous la considérons comme un loisir, la pratique est simple. Pourtant, si la photographie est considérée comme un art, la formation de la photographie dans l’enseignement supérieur est nécessaire", juge le photographe Dông Hiêu.
À noter qu’au Vietnam, très peu d’établissements supérieurs offrent une formation spécialisée en photo. En conséquence, malgré la présence d’une communauté nombreuse de photographes, les œuvres se limitent en photographies commerciale et documentaire. Il manque de vraies photographies créatives. Ce qui a freiné le développement de la scène nationale.
"Dans le système des établissements de formation, des services de gestion et même au milieu des photographes, il existe un décalage assez important entre les idées et les actes pour que la photographie devienne un vrai secteur artistique", précise Phan Lê Chung, enseignant à l’Université des arts, relevant de l’Université de Huê (Centre). Cette réalité revient à la responsabilité de l’enseignement supérieur, non seulement dans le développement du contingent des photographes mais aussi dans le changement de conscience afin de créer des œuvres de qualité répondant aux critères esthétiques.
"Même dans le cursus de formation sur la photographie créative, les étudiants doivent suivre suffisamment de cours sur les techniques principales et d’heures de pratique selon le modèle des ateliers", affirme Nguyên Thê Son. "Il faut un programme de formation global sur la photographie créative, ainsi qu’un contingent d’enseignants chevronnés", conclut Dông Hiêu.
Vân Anh/CVN