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Photo diffusée par la police hongroise montrant l'arrestation du hacker portugais Rui Pinto, le 16 janvier à Budapest. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Rui Pinto, 30 ans, a été arrêté mercredi soir 16 janvier à Budapest à la demande de la justice portugaise, qui avait émis un mandat d'arrêt européen dans le cadre d'une enquête pour "tentative d'extorsion aggravée et d'autres crimes liés au vol de données".
Il s'agit d'"un élément important des Football Leaks" dans la mesure où "il est à l'origine de nombreuses révélations", a affirmé son avocat portugais Francisco Teixeira da Mota qui, avec ses collègues hongrois et français, s'opposera à l'extradition de son client.
Ses avocats, qui attendaient de savoir exactement ce qui est reproché à Rui Pinto, ont évoqué dans un communiqué l'existence d'une plainte déposée au Portugal en 2015 par la société d'agents Doyen, visée par les "Football Leaks" au sujet de son rôle d'intermédiaire dans des transferts réalisés par des clubs portugais.
L'arrestation de mercredi est, d'après eux, le résultat d'une "précipitation" de la justice portugaise, qui a "totalement repris à son compte" les allégations de Doyen.
Cible de menaces
D'après ses représentants, le Portugais a été la cible de menaces visant à "tenter de le faire taire par tout moyen" et "répond à l'ensemble des critères de protection des lanceurs d'alerte" prévus par le droit européen.
La demande d'extradition formulée par le Portugal risque d'ailleurs de se heurter à l'opposition d'autres juridictions européennes, qui comptent sur les informations obtenues par Rui Pinto pour mener leurs propres enquêtes.
"Mon client est aujourd'hui engagé dans une coopération active avec le parquet national financier (PNF)", en charge à Paris de plusieurs enquêtes liées aux Football Leaks, a déclaré son avocat français Me William Bourdon.
À son tour, le parquet fédéral suisse en charge des enquêtes sur la FIFA "a fait une demande de coopération à laquelle Rui Pinto souhaite répondre positivement dans les meilleurs délais", a-t-il ajouté.
Les "Football Leaks", basés sur 18,6 millions de documents, représentent la plus importante fuite d'informations sur les coulisses du ballon rond.
Fin 2016, cette enquête réalisée par un consortium de médias européens avait mis au jour les mécanismes d'évasion fiscale mis en place dans l'univers du football, notamment pour le Portugais Cristiano Ronaldo du temps où il évoluait au Real Madrid.
Elle a également révélé en avril 2017 l'existence d'une affaire de viol présumé sur Kathryn Mayorga, une Américaine qui a récemment accusé publiquement le quintuple Ballon d'or.
Informaticien autodidacte
En novembre dernier, une nouvelle série de révélations a ciblé le Paris Saint-Germain et Manchester City, qui auraient été couverts par l'UEFA pour contourner les règles du fair play financier, ou le président de la FIFA Gianni Infantino, soupçonné trop proche d'un procureur suisse.
Le magazine portugais Sábado avait le premier révélé l'identité de Rui Pinto comme étant un pirate informatique lié au "Football Leaks", mais aussi à l'origine de la fuite de courriels internes du Benfica utilisés par des responsables du FC Porto pour accuser leur rival lisboète de chercher à contrôler les arbitres.
Ces correspondances ont également donné lieu à un procès pour corruption visant un ancien conseiller juridique du Benfica, accusé d'avoir eu accès à plusieurs informations de justice protégées par le secret de l'instruction.
Jeudi 17 janvier, un selfie de Rui Pinto récupéré sur les réseaux sociaux faisait la Une des médias portugais, qui reliaient son interpellation à cette "affaire des e-mails".
Diplômé d'histoire, cet informaticien autodidacte originaire de Vila Nova de Gaia dans la banlieue de Porto (Nord), vivait à Budapest depuis plusieurs années, toujours selon la presse portugaise.
Rui Pinto était en cavale depuis les premières révélations des "Football Leaks" et refusait de retourner au Portugal de peur d'être arrêté, a confié son père, Francisco Gonçalves, au quotidien portugais Jornal de Notícias.