"Food stylist" : pour l’amour de la cuisine et de la photographie

Plus qu’un simple métier, le styliste culinaire sublime un plat en optimisant son dressage et le décor environnant avant de l’immortaliser. L’objectif est très simple : susciter l’envie de manger chez les consommateurs.

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Bùi Ly Tiên Nguyên décore ses plats avant de les photographier.

Il y a plusieurs dizaines d’années, les conditions de vie des Vietnamiens étaient plutôt modestes.

À cette période-là, on considérait que pour vivre il suffisait simplement de "an no mac âm" (littéralement manger à sa faim et s’habiller chaudement). Mais de nos jours, les évolutions socio-économiques ont permis à la population d’avoir une meilleure qualité de vie.

On souhaite donc "an no mac dep" (manger des plats savoureux et s’habiller avec style). C’est à partir de cette idée que le métier de styliste culinaire ("food stylist" en anglais) a vu le jour au Vietnam. Il n’est pas exagéré de dire que la photographie culinaire est un art en soi et le styliste culinaire, un artiste à part entière.

Autant un bloggeur de cuisine ou de tourisme peut faire des photos et donner, selon ses goûts, des critiques et évaluations sur un plat ou un site touristique, autant le travail de styliste culinaire repose exclusivement sur le sens esthétique et le raffinement. Il doit faire appel à l’imagination pour pouvoir créer des clichés séduisants, capter au mieux le regard du consommateur et susciter son appétit. Pour ce faire, le styliste culinaire doit maîtriser les techniques de la photographie (angle, lumière, position…) et, de préférence, est capable de cuisiner lui-même comme un cordon-bleu. En outre, il est à même de constamment mettre en avant sa créativité afin d’exposer le charme propre de chaque plat au travers de ses photos.

Quand passion et technique font bon ménage

Certains stylistes préfèrent travailler en équipe avec des professionnels. En effet, l’un s’occupe de la cuisine, l’autre arrange le décor tandis que le styliste s’occupe du tournage des clips vidéos et de la photographie. Cependant, nombreux sont les amateurs qui s’occupent eux-mêmes de toutes les étapes, allant de l’achat des ingrédients, à la cuisson, en passant par la mise en place du décor et de la photographie. C’est le cas de Thu Thuy, Hanoïenne de 36 ans. La jeune femme est en charge de la rubrique "Cuisine" pour un magazine hebdomadaire. Tous les week-ends, lorsque tout le monde passe du temps libre avec sa famille et ses amis, Thu Thuy, s’attèle à la préparation des plats qu’elle compte mijoter et photographier pour la mise en page. Contrairement à ce que l’on peut penser, un tel travail n’est pas de tout repos.

Avant la réalisation de chaque plat, la Hanoïenne doit d’abord faire la liste des ingrédients dont elle a besoin, puis aller au marché au petit matin afin de s’assurer d’acheter des produits frais. Vient ensuite l’étape de la préparation et de la cuisson. Cette étape peut durer plusieurs heures, selon la complexité du plat. Elle choisit ensuite l’assiette ou le bol adapté qui convient à l’idée dont elle se fait du plat. Parfois, elle profite d’une feuille de bananier ou de dong (Phrynium placentarium) sur laquelle elle pose le plat avant de réaliser ses photos dans un décor qu’elle a elle-même préparé au préalable (table en bois, fonds de couleur et panneaux réflecteurs, entre autres).

Un cliché réalisé par Thu Thuy.

"J’ai commencé à prendre des photos il y a environ dix ans quand je consultais des sites internet de cuisine où étaient postées des photos de plats absolument magnifiques. Je me suis alors lancée au début avec le +pho bo+ (soupe de nouille au bœuf). Ma première photo était vraiment… horrible ! Je n’avais alors aucune compétence requise ni sur la cuisine, ni sur la photographie", partage Thu Thuy avec le sourire.

Au fil du temps, la femme est parvenue à maîtriser toutes les techniques nécessaires à la photographie professionnelle. "Parfois, je dois même cuisiner un même plat plusieurs fois avant de pouvoir prendre la photo parfaite. Et si la cuisson échoue, la prise de photo est forcément annulée car la qualité et la beauté d’un cliché reposent, à part égales, sur les techniques photographiques mais aussi et surtout sur la réussite de la cuisson", dévoile-t-elle.

Bien que ce travail lui prenne beaucoup de son temps, la cuisinière reste fidèle à sa passion. Elle s’occupe minutieusement de chaque détail du plat afin que ses photos soient "parfaites". "Dans le futur, je compte publier mon propre livre culinaire composé de recettes et photos originales, comme une façon pour conserver ma passion", informe Thu Thuy fièrement.

Bùi Ly Tiên Nguyên est un nom réputé dans le monde des stylistes culinaire du Sud. Fort de sa dizaine d’années d’expériences, elle est l’auteur de plusieurs projets de "maquillage" de plats pour de grands labels de l’alimentation et des boissons du pays. "Il s’agit bien plus qu’un simple travail où on achète des ingrédients, les pose sur la table et les prend en photos. Faire de ces plats quelque chose d’intéressant, de captivant et étant capable de susciter des émotions et de l’appétit chez le client, c’est un véritable art !", affirme Tiên Nguyên, en ajoutant qu’"au Vietnam, le nombre de stylistes culinaires reste encore très modeste".

La passion, la patience ainsi que la dextérité… sont autant de caractères clés permettant aux plus jeunes de suivre la voie de cette profession à la créativité sans limites !

My Anh/CVN

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