Folklore et identité nationale

Le folklore est associé à la longue histoire du pays. Avec son système de valeurs et de symboles, il a contribué à la présentation et à la promotion de l’identité nationale aux amis étrangers.

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Le "bài chòi" est un art folklorique reconnu patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Photo: CTV/CVN

Dans les pays occidentaux qui ont connu depuis longtemps l’indépendance nationale, le folklore n’intéresse sans doute qu’un cercle restreint de chercheurs, d’artistes et de touristes. Mais, conçu comme culture populaire, il est d’une signification capitale pour les pays et les peuples qui luttent pour reconquérir leur indépendance ou affirmer leur identité tel le cas du Vietnam.

Chez nous, les recherches systématiques sur la culture populaire, en particulier la collecte et l’étude d’œuvres littéraires issues des masses, sont incontestablement liées à la Révolution d’Août 1945.

Ce mouvement, né du besoin national de s’affirmer après une longue période de servitude coloniale, rejoint le mobile patriotique du précurseur de la science folklorique, le philologue allemand Jacob Grimm qui, avec son frère William, jeta les bases mêmes de cette nouvelle discipline. Avec une pléiade d’érudits et de poètes, le romantisme allemand devait alors revenir aux contes populaires et aux Volkslieder pour réveiller la conscience nationale face à la perversion de l’ancienne communauté germanique et à l’occupation étrangère.

Les causes de l’éclosion du folklore

Les causes qui permirent l’éclosion du folklore en général sont multiples, depuis le besoin d’évasion, la nostalgie du passé, le goût de l’exotisme, l’essor de la curiosité scientifique des critiques littéraires et artistiques, jusqu’à la colonisation elle-même souvent liée à l’évangélisation. Mais sans doute un des facteurs essentiels reste-t-il la revalorisation du patrimoine culturel indissociable de l’éveil des nationalités et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il n’est pour cela que de citer l’exemple des pays balkaniques et surtout de l’Irlande où la renaissance culturelle et linguistique fut fonction des changements politiques survenus au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Combinant chant et danse, le "then" des ethnies minoritaires Tày, Thai et Nùng est un genre d’art folklorique unique.
Photo: ST/CVN

Depuis la Seconde Guerre mondiale et la décolonisation à l’échelle du globe, les recherches sur la culture populaire dans le Tiers-monde s’enrichissent de l’apport des chercheurs autochtones de plus en plus libérés des conceptions eurocentristes.

C’est ainsi que les élites africaines reviennent aux sources traditionnelles et surtout à la littérature orale. Quant aux pays asiatiques, la richesse et la qualité de leurs travaux à ce sujet sont prouvées par les conférences régionales organisées sous l’égide de l’UNESCO.

Édification d’une culture nationale nouvelle

Au Vietnam, la collecte et l’étude de la culture populaire doivent contribuer aussi à l’édification d’une culture nationale nouvelle. La recherche de l’identité de la nation depuis 1945 s’avère nécessaire après les siècles de domination étrangère qui jalonnent son histoire.

Bien avant de subir de manière profonde les influences chinoises et hidoues, le Vietnam existait en tant qu’entité nationale au premier millénaire av. J.-C. (âge du bronze) avec la spécificité de sa culture du fleuve Rouge contemporaine de celle de la Grèce et de la Perse antiques.

Pourtant, même s’il a pu garder son substrat culturel tout en assimilant les cultures étrangères, sa personnalité n’en a pas moins été altérée par dix siècles de domination chinoise (179 AC - 938 AD), comme par une occupation française de 45 ans (1862-1945), japonaise de 5 ans (1940-1945), et américaine de 20 ans au Sud (1945-1975). Ces influences se sont d’ailleurs perpétuées même lors des périodes d’indépendance par suite de l’engouement des classes dirigeantes pour l’étranger, et à l’époque contemporaine, du mirage exercé par l’Occident sur certaines couches de la population, sans parler d’une acculturation recherchée et bénéfique.

Parallèlement à la culture savante souvent teintée fortement par l’influence étrangère, s’est développée au long de notre histoire une culture populaire plus attachée aux racines. Cette dernière est un reflet fidèle de la vie de labeur et de lutte des masses paysannes qui constituent la grande majorité de la population. C’est souvent dans le village, où se trouvent 80% de nos œuvres architecturales et sculpturales, que se sont perpétuées de profondes traditions culturelles nationales en temps de domination étrangère. La littérature classique s’est abreuvée à la source de la culture populaire. Le roman en vers Kiêu de Nguyên Du (XVIIIe siècle), très représentatif de notre identité nationale, est demeuré vivant et contemporain, même actuellement, pour avoir su amalgamer la littérature savante à la littérature populaire.

Huu Ngoc/CVN
(Janvier 1997)

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