Fin d'émission du billet de 500 euros, accusé de faciliter les trafics

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé mercredi 4 mai de mettre fin d'ici fin 2018 à l'émission de billets de 500 euros, accusés de faire le jeu des trafiquants de tout poil, mais dont la disparition suscite l'ire de certains pays comme l'Allemagne.

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Le Conseil des gouverneurs de l'institution monétaire "a décidé d'arrêter de manière permanente la production de billets de 500 euros" et l'émission, c'est-à-dire la distribution de stocks restants, "sera arrêtée aux alentours de fin 2018", a fait savoir la BCE, invoquant "les craintes que cette coupure puisse faciliter les activités illicites".

Les "Ben Laden" - surnom donné à ces billets - représentent seulement 3 % du nombre de billets en euros en circulation mais 28 % de leur valeur cumulée, soit 300 milliards d'euros, selon les statistiques de la BCE. Au total, près de 600 millions de coupures de ce type étaient en circulation en mars dernier.

La coupure de 500 euros est accusée de faciliter la circulation d'argent sale, la corruption et le financement d'activités illégales.

Cette décision intervient alors que l'UE a décidé de renforcer la lutte contre le financement du terrorisme, sous pression notamment de la France.

Drapé de pourpre et légèrement plus grand que ses petits frères, le 500 euros est accusé de longue date de permettre de transporter discrètement d'énormes montants et de faciliter ainsi la circulation d'argent sale.

Un million d'euros en coupures de 500 euros ne pèse en effet que 2,2 kilogrammes et tient dans un sac d'ordinateur portable, là où la même somme transportée en coupure de 50 euros représente 22 kilogrammes et requiert l'utilisation d'un sac de sport.

Les grosses coupures "sont le mécanisme de paiement préféré de ceux qui mènent des activités illicites (...)", assure une étude récente de l'université d'Harvard, qui préconise l'élimination, non seulement des grosses coupures américaine et européenne, mais aussi du billet de 1.000 francs suisses et celui de 50 livres britanniques.

Dans la plupart des pays de la zone euro, la perspective d'une disparition du billet de 500 euros a laissé indifférent, soit parce que les citoyens n'ont quasiment jamais l'occasion de voir une telle coupure, comme en Slovaquie où le salaire moyen avoisine les 1.000 euros, soit parce que de nombreux ménages privilégient désormais les cartes bancaires pour les paiements.

Argent bon marché

La mort programmée du 500 euros est toutefois vue d'un mauvais œil par certains pays, comme l'Allemagne et l'Autriche, qui craignent que cette décision ne soit qu'une première étape vers la disparition totale de l'argent physique et l'avènement d'une société surveillée où toute transaction financière serait exposée au regard indiscret des autorités.

"La suppression du billet de 500 euros sape la confiance en la BCE", s'est insurgé mercredi 4 mai Clemens Fuest, le président du très respecté institut économique allemand Ifo.

Selon lui, "cela donne l'impression que la principale raison à cette suppression est de pouvoir emmener les taux encore plus loin en territoire négatif", alors que l'Allemagne se plaint déjà de l'argent bon marché imprimé par la BCE et des répercussions négatives pour les nombreux épargnants du pays.

"L'argent liquide ne connaît pas les taux négatifs, alors que les comptes électroniques si", a-t-il ajouté.

Des craintes que plusieurs responsables ont tenté d'apaiser. "Il n'y a aucune raison de douter de la disponibilité de l'argent liquide" sur le long terme, a assuré la semaine dernière le vice-gouverneur de la Banque d'Autriche, Andreas Ittner. La production et l'émission des autres coupures, allant de 50 à 200 euros, seront maintenues.

Quelques experts ont toutefois émis des réserves sur l'efficacité de suppression du billet de 500 euros. "Les représentants du crime organisé ne sont pas idiots, le blanchiment d'argent se fait depuis longtemps essentiellement par le biais d'entreprises fictives, et de manière dématérialisée", assurait récemment Friedrich Schneider, expert en économie souterraine de l'Université de Linz.

Au moment de la naissance concrète de l'euro en 2002, c'est sous pression, entre autres, de l'Allemagne, très attachée aux espèces et qui avait auparavant une coupure de 1.000 deutschmarks de valeur à peu près équivalente, qu'avait été créé le billet de 500 euros.

AFP/VNA/CVN

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