Fifagate : le procureur général suisse menacé de révocation

Le "Fifagate" s'invite au Parlement suisse : le procureur général de Suisse, Michael Lauber, soupçonné de collusion avec le président de la FIFA, Gianni Infantino, après une série de rencontres informelles, est auditionné mercredi 20 mai à Berne par une commission parlementaire en vue d'une éventuelle révocation.

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Le procureur suisse Michael Lauber.
Photo : AFP/VNA/CVN

À partir de 13h30 et à huis clos, car "les débats des organes parlementaires sont confidentiels", précise-t-on au Parlement, M. Lauber va devoir s'expliquer devant les membres de la commission judiciaire de l'Assemblée fédérale. Celle-ci "devrait ensuite prendre la décision d'entamer ou non une procédure de révocation".

Selon un rapport de l'Autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération (AS-MPC), le haut magistrat suisse, âgé de 54 ans, chargé des procédures en lien avec les scandales de corruption à la Fédération internationale de football (FIFA) depuis mars 2015, a "contrevenu à plusieurs devoirs de fonction" en rencontrant, de manière informelle et à trois reprises, M. Infantino, en 2016 et 2017.

"À plusieurs reprises, M. Lauber n'a pas dit la vérité, a agi de manière déloyale, a violé le Code de conduite du MPC et a entravé l'enquête de l'AS-MPC", a fait valoir l'autorité de surveillance.

Agissements "problématiques"

Le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, à Genève, le 4 octobre 2019.
Photo : AFP/VNA/CVN

De plus, selon l'AS-MPC, le procureur général "ne voit pas en quoi ses agissements sont problématiques et fait preuve d'une mauvaise compréhension de sa profession".

Jusque là, M. Lauber a été sanctionné début mars d'une réduction de 8% de son salaire, sanction qu'il a contestée devant le Tribunal administratif fédéral. Cette fois, il risque purement et simplement la révocation, une mesure exceptionnelle qui ne peut intervenir que dans deux cas : s'il a commis une violation grave de ses devoirs de fonction de manière intentionnelle ou par négligence grave, ou s'il n'est durablement plus capable d'exercer sa fonction.

Pour le député Matthias Aebischer (Parti socialiste suisse), membre de la commission judiciaire et favorable à l'ouverture d'une procédure de révocation, il "ne faut plus attendre". "On apprend chaque jour de nouveaux éléments qui donnent de la Suisse l'image d'une république bananière. C'est mauvais pour l'ensemble des institutions", a déclaré le parlementaire dans la presse suisse. Au total, plus d'une vingtaine de procédures ouvertes depuis cinq ans en Suisse n'ont toujours pas trouvé d'épilogue.

La FIFA n'a jamais démenti les rencontres entre MM. Infantino et Lauber, expliquant qu'elles étaient destinées à montrer que la fédération internationale, qui a le statut de plaignante dans certaines procédures, était "prête à collaborer avec la justice suisse". Mais le flou juridique dans lequel ces rendez-vous se sont déroulés soulève la question d'une potentielle collusion entre la FIFA et la justice.

"Les principes fondamentaux de l'État de droit sont jetés par-dessus bord", s'est défendu de son côté M. Lauber, dans son recours adressé au Tribunal administratif fin avril, et révélé samedi 16 mai par les journaux suisses du groupe Tamedia. Le magistrat reproche aux membres de la commission judiciaire d'avoir été "partiaux" et de manifester "un parti pris" contre lui. Les reproches de l'AS-MPC sont empreints "de conjectures, de spéculations et d'un mépris constant de tous les faits réels et des circonstances atténuantes", se défend-il.

AFP/VNA/CVN

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