France
Foot : deux députés encouragent une doctrine plus souple envers les supporters

Fin des sanctions collectives comme les fermetures de tribunes, usage encadré des fumigènes, moins d'interdictions de stade et de déplacements : deux députés appellent à une doctrine plus souple vis-à-vis des supporters et des groupes ultras, dans un rapport examiné mercredi 20 mai au Parlement.

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Des supporters du Paris SG allument des fumigènes lors de la réception de Lyon le 9 février au Parc des Princes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette mission d'information, menée par l'ancienne ministre des Sports, Marie-George Buffet (PCF) et Sacha Houlié (LREM), connus pour être à l'écoute des revendications des supporters, avait été lancée plusieurs mois avant l'irruption du COVID-19, qui a mis à l'arrêt plusieurs championnats européens de football et oblige les ligues à envisager la reprise à huis clos.

De manière générale, les deux députés dressent un bilan très mitigé des mesures répressives, qui selon eux n'ont pas fait baisser le nombre d'interpellations (entre 700 et 800 par saison). Ils plaident pour un meilleur dialogue entre les autorités, les clubs et les groupes de supporters, à qui ils veulent accorder plus de confiance et de responsabilités.

Oui aux fumigènes

La question empoisonne depuis des années les relations entre les clubs, les ultras et les autorités. Selon les deux députés, la politique actuelle d'interdiction des fumigènes au motif de leur dangerosité est inefficace (entre 2.000 à 3.000 usages d'engins pyrotechniques par saison sont relevés par la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, DNLH) et a des effets pervers.

Elle conduit par exemple les clubs à négocier discrètement avec les supporters le nombre de fumigènes qu'ils vont craquer, pour espérer écoper d'une amende (1,4 millions d'euros pour les clubs de L1 en 2018-2019, 418.500 en L2) et non d'un huis clos, total ou partiel, devant la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP).

Les deux députés appellent à mettre fin aux "sanctions collectives", comme les fermetures de tribune ou les huis clos, une revendication phare des supporters. Ils prônent aussi une expérimentation pour un "usage encadré" des "fumis", en privilégiant "une zone dédiée en tribune" et "la poursuite des études sur les fumigènes dits +froids+".

Des interdictions à encadrer

Marie-George Buffet et Sacha Houlié étrillent les interdictions administratives de stade (IAS) et de déplacement, ordonnées par les préfectures, parlant d'un "équilibre rompu" entre ordre public et libertés fondamentales.

Introduites en 2006 pour mettre à l'écart les supporters les plus violents sans passer par la case judiciaire, les IAS ont vu leur durée passer de trois mois à trois ans maximum et sont devenues "davantage un moyen de sanctionner la détention ou l'usage de fumigènes que de prévenir la commission des violences", regrettent-ils, en dénonçant aussi une "opacité" autour des chiffres officiels, même si "la tendance est plutôt à la baisse".

Quant aux interdictions partielles ou totales de déplacement de supporters, qui peuvent aussi être décidées par le ministère de l'Intérieur, elles ont triplé depuis 2014-2015 (de 39 à 125 en 2018-2019, chiffres DNLH). Selon les députés, les préfectures y ont trop souvent recours par facilité et "par précaution", "aux dépens de la liberté d'aller et venir de certains citoyens, sous prétexte qu'ils sont des supporters". Ils proposent de mieux encadrer ces mesures. Pour les IAS, en améliorant les voies de recours, en réduisant la durée maximale à 6 mois (12 en cas de récidive) et en aménageant les obligations de pointage au commissariat.

Quant aux interdictions de déplacement, ils réclament plus d'autorité pour la DNLH et un meilleur dialogue en amont entre les acteurs, un chemin déjà pris avec une circulaire de novembre 2019.

Davantage de dialogue

Des supporters de Lens le 1er avril 2019 dans la "tribune debout" rouverte au stade Felix Bollaert.
Photo : AFP/VNA/CVN

Tout n'est pas à jeter, selon les députés, qui voient comme des avancées la création de l'Instance nationale du supportérisme (INS), les référents supporters dans les clubs, qu'ils appellent à valoriser, et l'expérimentation des tribunes debout, interdites depuis le drame de Furiani en 1992. Ils proposent d'étendre cette expérimentation, en faisant remarquer que le PSG doit remplacer entre 80 et 120 sièges cassés par match au Parc des Princes.

Les deux députés regrettent aussi la vive polémique de l'été 2019 sur les chants homophobes, quand le gouvernement, avec la ministre des Sports, Roxana Maracineanu en tête, a durci le ton en appelant les arbitres à interrompre les matches. Une polémique selon eux "contreproductive car elle a mis en péril le dialogue et le travail qui étaient en cours entre les supporters, les autorités et plusieurs associations".

AFP/VNA/CVN

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