France
Feu vert de l'Assemblée à StopCovid, attente de l'acte II du déconfinement

Collégiens et lycéens, restaurateurs, vacanciers... Alors que la France est suspendue aux annonces gouvernementales sur l'acte II du déconfinement, attendues jeudi après-midi, l'Assemblée a donné mercredi 27 mai son feu vert à l'application de traçage StopCovid, qui devrait être téléchargeable dès ce week-end.

Un homme devant un bar fermé, le 27 mai à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans un contexte sanitaire en amélioration depuis le début du déverrouillage le 11 mai, et face à une situation économique tendue, l'exécutif s'apprête à "desserrer un peu plus l'étau", selon un membre du gouvernement.

Mercredi, le nombre de patients en réanimation a continué à refluer : 1.501 malades gravement touchés par le COVID-19 étaient hospitalisés, soit 54 de moins que la veille. Depuis début mars, le virus a tué 28.596 personnes (+66 en 24 heures), dont près de la moitié résidaient en Ehpad et autres établissements.

Le directeur de l'Assurance maladie Nicolas Revel a livré à La Croix les premières conclusions du dispositif de traçage mis en oeuvre par la Sécu pour retrouver les personnes ayant été en contact avec des patients infectés. Verdict: un nombre de cas "moins important que prévu", signe, "que la circulation du virus s'est largement ralentie".

Les quatre régions classées rouge (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) vont-elle passer au vert? Dans quelle mesure la limite des 100 km pour les déplacements sera-t-elle repoussée ? Collèges et lycées pourront-ils rouvrir ? Quid des bars et restaurants, des parcs et des jardins ? Le Premier ministre Edouard Philippe annoncera la couleur à 16h00.

Pour Emmanuel Macron et son gouvernement, il s'agit aussi de démontrer la réussite du déconfinement et dépasser les critiques sur les masques et les tests du début de la crise.

Si l'épidémie de COVID-19 semble marquer le pas, elle poursuit toutefois ses ravages sur l'économie. Cette dernière ne retrouvera pas avant longtemps son niveau d'avant-crise et la récession devrait largement dépasser les -8% envisagés par le gouvernement.

Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB pourrait atteindre "environ 20%", après -5,8% au premier, a estimé mercredi l'Insee.

Emmanuel Macron a débloqué mardi huit milliards d'euros pour secourir la filière automobile, fortement affectée par la crise du coronavirus. Des aides qui viennent s'ajouter aux 3 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales promis aux autres secteurs touchés - restauration, tourisme, culture... - afin d'éviter faillites et licenciements.

Pour relancer des économies européennes qui, comme celles du monde entier, ont payé un prix exorbitant à la pandémie, la Commission européenne a dévoilé mercredi un plan de relance exceptionnel de 750 milliards d'euros. La France serait le quatrième principal bénéficiaire (après la Pologne) avec 38,7 milliards de subventions.

StopCovid "inefficace et liberticide"

Un téléphone équipé de l'application StopCovid, à Paris, le 27 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour cette deuxième étape du déconfinement, le gouvernement mise aussi sur l'application pour smartphones StopCovid, un outil de traçage qui permet à une personne positive au coronavirus d'alerter automatiquement tous les utilisateurs avec lesquels elle a eu un "contact prolongé" récemment, à moins d'un mètre et durant plus de quinze minutes, afin qu'ils se fassent tester à leur tour.

Mercredi, l'Assemblée nationale a voté assez largement pour cet outil, décrié par l'opposition et quelques "marcheurs" pour ses atteintes aux libertés individuelles.

À gauche, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a mené la charge contre un projet "inefficace" et "liberticide". "Inefficace" faute de smartphones chez une large part des personnes âgées, et "dangereux" car s'introduisant dans la sphère "intime".

Le Sénat débattra et votera à son tour dans la soirée. Aucun des votes des deux chambres ne sont contraignants, mais ils sont hautement symboliques pour le gouvernement qui n'a eu de cesse de souligner le caractère "volontaire", "anonyme" et "temporaire" de cette application.

La Cnil a donné mardi son accord, estimant que l'application respectait les lois relatives à la protection de la vie privée.

"L'épidémie n'est pas terminée", le "numérique peut nous aider encore davantage", a plaidé avant le vote le ministre de la Santé Olivier Véran.

L'hydroxychloroquine bannie

Après des semaines de polémique, le gouvernement a par ailleurs mis fin mercredi à l'autorisation de l'hydroxychloroquine contre le COVID-19 à l'hôpital, se défendant de toute décision "politique" à l'encontre du controversé Pr Raoult, qui promeut ce médicament.

Dans un décret paru au Journal officiel, le ministère de la Santé a abrogé les dispositions qui, depuis fin mars, permettaient de prescrire ce produit à titre dérogatoire, seulement à l'hôpital et uniquement pour les patients gravement atteints, après décision collégiale des médecins.

Des études avaient déjà pointé son inefficacité. Et la semaine dernière une publication dans la prestigieuse revue médicale The Lancet a enfoncé le clou, en avertissant même contre ses effets néfastes. Dans la foulée de cette dernière étude, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a émis mardi un avis défavorable à l'utilisation de l'hydroxychloroquine, hors essais cliniques, que ce soit seule ou associée à un antibiotique.

La décision du gouvernement était attendue et elle a été prise "sur la base de recommandations scientifiques", a affirmé Olivier Véran à l'issue du Conseil des ministres. "J'ai toujours suivi l'avis de cette autorité, toujours. Je ne joue pas à faire de la politique avec l'état de santé des Français", a-t-il plaidé devant la presse.

Le ministre a assuré en avoir informé "hier" Didier Raoult pour le "prévenir" de cette décision.

Réponse : l'institut dirigé par le professeur, l'IHU Méditerranée Infection de Marseille a fait savoir qu'il "continuerait à traiter" ses patients "avec les traitements les plus adaptés".


AFP/VNA/CVN

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