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Les jardins près du Petit Trianon, à Versailles, le 2 novembre 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
D'après une ordonnance du juge d'instruction en date de lundi 13 novembre, dont l'AFP a eu connaissance mercredi 15 novembre de sources proches du dossier, six personnes physiques et une prestigieuse galerie d'antiquaires parisienne comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour cette affaire qui a secoué le microcosme feutré des antiquaires et des monuments historiques.
À l'origine de ce dossier se trouve le "pari" de deux hommes enivrés par leur capacité à duper les plus grands spécialistes et acquéreurs de l'art français du XVIIIe.
Au centre de l'affaire, le "Père La Chaise" à savoir Bill Pallot, un dandy français de 59 ans aux cheveux longs et élégants costumes trois-pièces, est notamment renvoyé pour tromperie. Jusqu'alors spécialiste français incontesté du mobilier royal du XVIIIe, il a écrit l'ouvrage de référence mondial sur le sujet. À ses côtés, Bruno Desnoues, un ébéniste du Faubourg Saint-Antoine, quartier historique du travail du bois à Paris.
À partir de 2007-2008, le duo produit et vend une poignée de faux sièges présentés comme de rarissimes meubles d'époque qui auraient orné le salon de Madame du Barry, maîtresse de Louis XV, ou le cabinet de la reine Marie-Antoinette. Une supercherie "grisante", de leur propre aveu, qui leur rapportera des centaines de milliers d'euros.
Acquises par des galeries ayant pignon sur rue, les fausses antiquités sont ensuite revendues par ces dernières à de prestigieux clients comme le château de Versailles. À la suite d'un signalement de Tracfin en 2014, les enquêteurs finissent par mettre au jour cet incroyable trafic, particulièrement embarrassant pour la prestigieuse institution.
Contactés par l'AFP, le Domaine national - partie civile dans le dossier - et la défense de Bill Pallot n'ont pas souhaité faire de commentaire.
Le juge d'instruction a aussi renvoyé devant le tribunal la galerie d'antiquaires Kraemer, l'une des plus luxueuses de Paris, et l'un des frères qui la dirige, Laurent Kraemer. Si le juge a reconnu que les Kraemer n'étaient pas "de connivence" avec les faussaires, il leur est reproché de "ne pas avoir procédé à des vérifications suffisamment poussées" sur les meubles incriminés.
"La galerie Kraemer a été trompée et avec elle tous les plus grands experts français des meubles XVIIIe (...) Nous attendons l'audience avec impatience pour démontrer que les Kraemer n'ont aucune autre place dans ce dossier que celle de victimes", ont réagi auprès de l'AFP leurs avocats Mauricia Courrégé et Martin Reynaud.
AFP/VNA/CVN