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D’après Phan Thi Thanh Xuân, secrétaire de l’Association du cuir et des chaussures du Vietnam (Lefaso), la filière a réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation de 14,5 milliards de dollars en 2015, soit 2,5 milliards de plus qu’en 2014. Une croissance a été notée sur tous les marchés. Et les accords commerciaux auxquels le Vietnam est partie promettent une plus belle progression des exportations pour ce secteur en particulier. Nul doute que les commandes se multiplieront et que le chiffre d’affaires à l’export augmentera de manière significative. Pour cette année, les estimations de la filière des chaussures et de la maroquinerie sont une croissance de 15-20%.
Bien qu’elle ne soit pas le marché principal pour ces produits, la Communauté économique de l’ASEAN (AEC) pourrait bientôt devenir un grand fournisseur de matières premières, car de nombreux pays de cette dernière possèdent une industrie du cuir et des chaussures développée. Si d’étroites relations s’établissent entre ses membres, cela permettra de réduire nettement les importations au Vietnam de matières premières de Chine.
2016, une année prometteuse pour la filière des chaussures. |
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN |
S’agissant de l’UE, la suppression de la plupart des lignes tarifaires qui résultera de l’Accord de libre-échange Vietnam - UE (EVFTA) dynamisera les exportations vietnamiennes, une progression de 20-30% étant déjà attendue en 2016, selon Phan Thi Thanh Xuân. «Notre objectif est de développer nos exportations, de dominer le marché vietnamien, de porter le taux de localisation de nos matières premières à 65-70% en créant des zones spécialisées en mesure de satisfaire les besoins de notre production. Nous tâcherons également d’améliorer la qualité de nos ressources humaines et de nos produits, d’assurer la sécurité de nos employés sur leur lieu de travail, et de répondre aux normes de protection environnementale en vue de nous assurer d’un développement durable», explique-t-elle.
Une fois l’Accord de partenariat transpacifique (TPP) en vigueur, les exportations devraient connaître une croissance non seulement rapide mais conséquente, en raison de la suppression de la majorité des lignes tarifaires. Les exportateurs vietnamiens accéderont librement à plusieurs marchés qui, actuellement, appliquent des taxes d’importation, mais aussi qui possèdent des technologies de pointe, notamment les fabricants de grandes marques mondiales.
Localisation des matières premières
S’il est l’un des cinq premiers exportateurs mondiaux de chaussures, le Vietnam dépend toutefois de l’étranger pour les matières premières brutes et semi-brutes. Pour élever sa compétitivité, le secteur national de la chaussure doit accélérer la création d’une chaîne d’approvisionnement domestique.
Selon les économistes, la forte dépendance en matières premières et les fluctuations du marché mondial fragilisent la production, et donc les exportations. En effet, seulement 30% des matériaux - essentiellement talons et fils - sont à ce jour d’origine vietnamienne. Les autres 70%, qui comprennent des matériaux essentiels tels que cuirs et maroquins, sont importés, ce qui induit une moindre compétitivité. «Pour créer une telle chaîne de matières premières, une coopération entre producteurs nationaux est indispensable, mais il faut en outre développer un partenariat avec des entreprises étrangères», souligne Nguyên Thi Tong, vice-présidente et secrétaire générale de la Lefaso.
Augmenter le taux de locali-sation des matières premières permettra aux exportateurs vietnamiens d’améliorer leur compétitivité sur le plan du coût de production comme sur celui de la détaxation résultant des accords de libre-échange. Le Vietnam est aujourd’hui partie à huit de ces accords. Toutefois, ceux-ci renforcent d’autant la nécessité de localiser les matières premières, puisqu’ils n’ont vocation à s’appliquer, s’agissant de leurs dispositions fiscales, que si les conditions d’origine des intrants sont satisfaites...
Selon le président de la Lefaso, Nguyên Duc Thuân, l’industrie des chaussures a pour objectifs stratégiques d’abandonner les sous-traitances et de faire cesser sa dépendance aux matériaux et technologies de l’étranger. Née il y a un quart de siècle, l’industrie du cuir et des chaussures consiste toujours, pour l’essentiel, à réaliser des marché de sous-traitance : ceux-ci représentent jusqu’à 70% de l’activité des entreprises de ce secteur. Suivant cette stratégie, les investis-sements nécessaires s’élèvent à un milliard de dollars, somme qui inclut le développement de la création de modèles et la production de matériaux tels que cuir et similicuir. Les préoccupations majeures sont de résoudre la grave pénurie de matériaux dont ce secteur souffre depuis de nombreuses années en raison du manque d’une industrie auxiliaire domestique.