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Les ingénieurs Alpine en plein travail. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Installés dans un immense open space aux murs immaculés, des dizaines d’ingénieurs et de designers, tee-shirt ou veste flanqués du logo Alpine sur le dos, scrutent leurs écrans bourrés de données.
"Chacun travaille sur un seul élément", raconte Robert White, lui-même ingénieur, lors d’une visite exclusive de l’usine. Une mission qui s’avère de la plus haute précision quand l’on sait que plusieurs milliers de pièces sont utilisées sur une monoplace.
Gagner en performances
À Enstone en Angleterre pour le châssis - ou à Viry-Châtillon, en région parisienne, pour le moteur - "nous concevons et développons absolument tous les éléments de la voiture", précise Robert White.
La saison de F1 a beau avoir débuté il y a cinq mois, en cette fin juillet, l’activité bat son plein. Si un petit groupe s’affaire déjà à la préparation de la monoplace pour la saison 2026 - qui verra entrer en vigueur de nouvelles règles - certains œuvrent encore à améliorer la monoplace de cette saison. D’autres encore développent dans le secret le plus total celle de l’an prochain, puisqu’il faut plus d’un an de travail pour concevoir une monoplace.
Un ingénieur tient une araignée d’embrayage récemment produite dans l’usine de l’équipe de Formule 1 Alpine, à Enstone, à l’ouest de Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sous leurs pieds, au rez-de-chaussée, les machines tournent à plein régime. Dans un vacarme assourdissant, Jerry Mansfield, technicien d’atelier d’usinage, surveille d’un œil soucieux une fraiseuse dernier cri.
À l’intérieur de ce bijou de technologie estimé à 400.000 euros, des jets d’eau viennent refroidir instantanément une pièce en alliage d’aluminium en train d’être façonnée. À quelques mètres de là, dans la "clean room", une vingtaine de personnes - chacune vêtue d’une blouse pour éviter d’indésirables poussières - manipulent des pièces en fibre de carbone que l’on verra sur le châssis ou encore sur l’aileron des deux A523 de Pierre Gasly et Esteban Ocon.
Quand soudain, dans cette "salle blanche" sans fenêtre, maintenue à une température constante, une encombrante pièce aux allures de coque de bateau fait son apparition. Il s’agit du moule du futur fond plat - "le plancher" d’une F1 étudié au millimètre - attendu ce week-end sur le légendaire tracé de Spa-Francorchamps pour le Grand Prix de Belgique.
À quelques jours de la 12e manche de la saison, les techniciens vont mouler cette pièce avec de la fibre de carbone, une matière aussi solide et coûteuse que légère, pour gagner en performance. Un gain qui serait plus que bienvenu pour l’équipe, seulement 6e (sur 10) au championnat des constructeurs.
Secrète soufflerie
Installé derrière une longue vitre, une poignée d’ingénieurs fait face au simulateur de course car, comme toutes les équipes de F1, Alpine s’appuie également sur cette technologie ultra-réaliste pour parfaire ses monoplaces.
Un ingénieur travaille sur des pièces d'une monoplace dans la "salle blanche" du siège de l'équipe de Formule 1 Alpine, à Enstone, à l'ouest de Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Devant eux, les circuits défilent, l’occasion de récolter un maximum de données. "L’outil permet d’aider au développement de la voiture pour qu’elle aille plus vite, on l’utilise tout au long de l’année, principalement par trois pilotes professionnels dédiés au simulateur", explique Pierre Genon, responsable de la performance.
Comme dans une F1, les pilotes sont installés dans un baquet et voient défiler les paysages de la même manière qu’ils les verraient en course.
Située sur le site d’une ancienne carrière, devenue par la suite le siège de l’écurie Benetton - puis de Renault (devenu Alpine en 2021) -, le site renferme aussi l’endroit le plus protégé des yeux de la concurrence : la soufflerie. Confinée dans un grand bâtiment blanc - que le ciel vient progressivement assombrir par des nuages menaçants - elle est utilisée pour tester l’aérodynamisme des monoplaces, essentiel à la compétitivité des voitures. Dans cette course à la performance, les équipes sont toutefois soumises à un règlement strict édicté par la Fédération internationale de l’automobile (FIA).
Limitées par un plafond budgétaire annuel, elles ne peuvent pas développer à l’envie leurs bolides. Tout faux départ peut donc coûter très cher en piste.
AFP/VNA/CVN