Face aux "Picsou", l'amateur de BD doit ruser comme Tintin

Les amateurs de bandes dessinées, confrontés aux richissimes collectionneurs apparus sur un marché en plein essor, doivent désormais avoir le flair de Tintin pour dénicher les bonnes affaires, estiment des spécialistes en Belgique, l'un des berceaux du neuvième art.

Au début, il n'y avait que des aficionados. Mais la clientèle a changé, reconnaît-on dans le milieu.

"Au début, il n'y avait que des aficionados. On se connaissait tous, on avait nos petites manies. Mais la clientèle a changé", constate Volker Kriegs, un collectionneur autrichien résidant à Bruxelles, qui a accumulé en une cinquantaine d'années plus de 30.000 pièces liées au monde de la BD. "Aujourd'hui, je croise surtout des jeunes investisseurs qui viennent miser sur un marché en pleine expansion, qu'ils connaissent mal... C'est devenu du business", déplore-t-il.

Tintin à 2,5 millions d'euros

Traditionnellement, les amateurs pouvaient se procurer des originaux dans des magasins spécialisés ou en s'adressant directement aux auteurs, qui n'avaient pas encore pris conscience de la valeur marchande de leurs œuvres. Aujourd'hui, alors que les jeunes dessinateurs peinent à se faire une place au soleil dans un secteur de l'édition saturé, les salles de ventes ont pris le relais et les prix se sont envolés, en particulier pour des stars comme Hergé.

La première vente consacrée à la BD organisée en mars par la Sotheby's France a rapporté 3,8 millions d'euros. En février, le dessin original de la couverture de L'Étoile mystérieuse, dixième album des Aventures de Tintin, a été vendu à Bruxelles pour 2,5 millions d'euros par la galerie Petits Papiers. Alain Huberty, l'un des patrons de la galerie, présente à Bruxelles et à Paris, reconnaît toutefois qu'il "faut s'adapter à toutes les tailles de porte-monnaie", ne fût-ce que pour rajeunir le profil des collectionneurs.

Le 14 juin, la maison de vente Millon, pour laquelle Alain Huberty est expert du département BD, organisera une vente "plus accessible", consacrée à des "auteurs moins cotés mais dont l'oeuvre est de grande qualité", explique-t-il. Les quelque 500 pièces mises aux enchères devraient partir pour 1.000 euros en moyenne, avec notamment de petites études de nus de Manara estimées à quelques centaines d'euros et des encres de Franquin proposées pour 3 à 6.000 euros. Ultime recours pour les moins fortunés: se tourner vers les séances de dédicaces.

"Les lecteurs peuvent demander un original personnalisé directement à l'auteur... et gratuitement", souligne Saskia Bernard, de la librairie Brüsel, qui fait référence dans la capitale belge. Le 16 juin, Riad Sattouf s'y arrêtera à l'occasion de la sortie du deuxième tome très attendu de l'Arabe du futur.

AFP/VNA/CVN

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