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Empêchés de voter sur le Brexit, les indépendantistes écossais au défi d'exécuter leur menace d'organiser un nouveau référendum d'autodétermination. |
La plus haute juridiction du Royaume-Uni a estimé le 24 janvier que le gouvernement britannique ne pouvait activer l'Article 50 du Traité de Lisbonne, qui déclenchera le processus de sortie de l'UE, sans un vote préalable du parlement de Westminster.
Elle a en revanche jugé inutile une consultation des parlements locaux du Pays de Galles, d'Irlande du Nord et d’Écosse.
L'annonce a été vécue comme un affront par les indépendantistes écossais, qui ont dénoncé une violation de leur souveraineté et la mainmise de Londres sur les affaires des quatre nations constitutives du Royaume-Uni.
"Aujourd'hui, l'Écosse, tout comme le Pays de Galles et l'Irlande du Nord, a cessé d'exister", a résumé Simon Paterson, un membre du parti nationaliste écossais SNP, dans un sombre billet d'humeur publié sur son blog.
Le Royaume-Uni ? De l'histoire ancienne, a-t-il poursuivi : "Nous ne sommes désormais plus que les simples régions d'une "Grande-Angleterre", où l'Angleterre obtient ce que l'Angleterre veut".
La solution ? "Sortir de là (du Royaume-Uni) !", a-t-il ajouté, tandis que fleurissait sur les réseaux sociaux le hashtag #indyref2, mot clef de ralliement des tenants d'un second référendum d'indépendance en Écosse, après celui organisé en septembre 2014.
La décision de la Cour suprême constitue de fait un sérieux revers pour la cheffe du SNP, Nicola Sturgeon, qui réclamait à cor et à cri un vote du Parlement d’Edimbourg sur l'Article 50, arguant que les Écossais se sont prononcés à 62% pour le maintien dans l'UE.
"Jour après jour, il est de plus en plus clair que la voix de l'Écosse n'est pas écoutée au Royaume-Uni", a regretté celle qui est aussi la Première ministre de la nation la plus septentrionale du Royaume-Uni.
"Cela soulève des questions fondamentales qui vont au-delà de l'appartenance à l'UE. L'avenir de l'Écosse doit-il être dicté par un gouvernement de plus en plus à droite (...) ou ne serait-il pas préférable que nous prenions en main notre avenir ?", s'est-elle demandé.
"C'est un choix que l'Écosse doit faire", a-t-elle insisté, agitant, pour la énième fois, la menace d'un deuxième référendum d'indépendance.
Test de crédibilité pour Sturgeon
Mais Nicola Sturgeon osera-t-elle brûler sa dernière cartouche face à la Première ministre conservatrice Theresa May, fermement opposée au référendum ?
Ira-t-elle jusqu'à se lancer dans l'organisation complexe, coûteuse et terriblement incertaine d'une nouvelle consultation alors que nombre d'Écossais, qui avaient voté contre l'indépendance à 55% en 2014, assurent que le vote du Brexit n'a pas fait évoluer leur position sur l'indépendance de la région ?
Le contexte est pour le moins délicat pour Nicola Sturgeon, écartelée entre ses promesses, les appels de sa base et la réalité du terrain, souligne le Pr Murray Pittock, de l'Université de Glasgow.
"Le gouvernement britannique est en train de l'acculer là où elle n'aura d'autre choix que d'appeler" à l'organisation d'un référendum mais elle sait dans le même temps que "les sondages ne montrent pas un soutien pour le oui (à l'indépendance)", a-t-il ajouté.
Et si l’égérie des indépendantistes a exclu une nouvelle consultation en 2017, "certains de ses collègues au Parlement insistent de plus en plus pour un second vote en 2018", écrivait mercredi 25 janvier le Herald Scotland.
Pressé d'avancer une date, Mike Russell, le Monsieur Brexit de Nicola Sturgeon, a estimé que le calendrier en vue d'un éventuel "indyref2" (un deuxième référendum) dépendrait en fin de compte de Theresa May et de la place qu'elle donnera à l'Écosse dans la gestion du Brexit.
En attendant, le SNP a annoncé qu'il déposerait "50 amendements" au projet de loi sur l'Article 50 qui doit être publié jeudi 26 janvier.
Le ministre du Brexit, David Davis, avait affirmé mardi 24 janvier que ce projet de loi serait "simple".
Tous les ingrédients sont donc réunis pour rendre explosive la prochaine rencontre prévue pour lundi 30 janvier entre Nicola Sturgeon et Theresa May.
AFP/VNA/CVN