>> Formés aux IA, des profs utilisent déjà ChatGPT en classe
>> Pour le patron d'OpenAI, l'intervention des gouvernements est "cruciale"
>> ChatGPT arrive sur les smartphones
Photo : AFP/VNA/CVB |
Seize métropoles, cinq continents, des tête-à-tête avec des chefs d'État - dont Emmanuel Macron mardi 23 mai -, des conférences dans des universités, mais aussi un crochet à la réunion du groupe Bilderberg, le très discret club des dirigeants politiques et économiques mondiaux, à Lisbonne le week-end dernier.
Voici l'impressionnante affiche de l'"OpenAI Tour", comme l'appelle la société californienne. Cette tournée illustre la stature de gourou mondial de l'IA acquise par Sam Altman, 38 ans, depuis le succès fulgurant de son robot conversationnel ChatGPT.
Mais il doit maintenant répondre aux craintes qu'il provoque : désinformation, manipulation des élections, destruction massive d'emplois, pillage des créateurs, voire menace globale pour l'humanité.
Le besoin de répondre se fait urgent car l'Europe et les États-Unis planchent sur une régulation, de nombreuses personnalités ont appelé en mars à une pause dans la recherche et l'Italie a suspendu ChatGPT trois semaines pour usage non consenti de données personnelles. Les pays du G7 ont décidé samedi 20 mai de créer un groupe de travail et, à Bruxelles, le commissaire européen Thierry Breton a suggéré de mettre en place rapidement un pacte sur l'IA.
Sam Altman a expliqué sur Twitter qu'il rencontrera utilisateurs et régulateurs pendant sa tournée d'influence. Sa campagne de séduction a commencé par une audition devant des sénateurs américains le 16 mai, où il a surpris en lançant, en substance : "régulez-moi".
Prenant les devants, il a déclaré que son cauchemar était que l'IA puisse faire "d'importants dommages au monde" et suggéré de créer une agence mondiale de régulation. Mais il a aussi jugé que beaucoup de nouveaux emplois seraient créés et noté les risques liés à trop de régulation, car "si l'industrie américaine ralentit, la Chine ou quelqu'un d'autre peut progresser plus vite". Le lendemain, le jeune patron s'envolait pour Rio, puis Lagos (Nigeria) et Lisbonne.
Le patron d'OpenAI, Sam Altman. Photo : Reuters/CVN |
Cette semaine, il s'est rendu à Madrid, Londres, Paris, Varsovie et Munich, jeudi 25 mai, avant de revenir à Paris vendredi 26 mai, au campus de start-ups Station F. Prochaines étapes : Tel Aviv, Dubaï, New Delhi, Singapour, Jakarta, Séoul, Tokyo et Melbourne. - "Messie" - De ville en ville, Sam Altman répète ce "en même temps" mêlant optimisme et mise en garde, pour convaincre que l'IA n'échappera pas au contrôle humain.
"Au Bilderberg, il faisait un peu peur", selon un participant, "mais il faisait aussi miroiter la recherche d'un pays où implanter son siège européen".
À Paris avec le président français, à Varsovie avec le chef du gouvernement Mateusz Morawiecki, à Madrid avec le chef du gouvernement Pedro Sanchez, il a été reçu avec des égards de chef d'État par des dirigeants désireux de saisir cette opportunité économique mais qui rappelaient aussi la nécessité de l'encadrer.
Dans une université au Nigeria, le pays africain chouchou de la tech américaine, il a promis une floraison de start-ups. Il devait aussi restaurer l'image d'OpenAI, qui a eu recours à des travailleurs africains à bas coût pour entrainer son modèle de langage.
À Rio, au Musée de Demain, il a défendu la nécessité de réguler mais espéré que ChatGPT générerait "une réelle avancée scientifique et une amélioration du niveau de vie des gens". Des mains d'un maire de Rio de Janeiro enthousiaste, Eduardo Paes, il a reçu symboliquement la "clé de la ville".
L'accueil a été moins consensuel à Londres. Si les étudiants faisaient la queue pour l'écouter à l'University College, une poignée de contestataires manifestaient. "Nous ne devrions pas permettre aux multimillionnaires de la Silicon Valley avec un complexe de messie de décider ce que nous voulons", a déclaré un étudiant.
Et Sam Altman a averti qu'OpenAI pourrait "cesser d'opérer" dans l'UE si le futur règlement européen lui imposait trop de contraintes. "Nous essaierons (de nous y conformer) mais il y a des limites techniques à ce qui est possible", a-t-il déclaré à Time Magazine, en expliquant avoir "beaucoup" de critiques sur le projet de texte.
AFP/VNA/CVN