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>>Carte postale d'une Europe où le foot reprend ses droits
Des portraits en carton des supporters de Mönchegladbach pour les suppléer dans les tribunes du Borussia Park, le 19 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je rêve de pouvoir voir du monde au stade, plutôt que des tristes cartons. Mais nous avons des responsabilités et il faut être le plus prudent possible", a récemment résumé l'Italien Carlo Sibilia, secrétaire d'État à l'Intérieur.
Dans la Botte, comme en Allemagne et en Espagne, les matches ont repris devant des travées vides ou presque, certains clubs ayant affiché des effigies de supporters pour combler leur absence. Des diffuseurs ont aussi choisi de diffuser des chants pré-enregistrés pour gommer le silence glaçant.
Ces artifices ont généré "un sentiment de rejet très fort" en Allemagne, affirme Ronan Evain directeur général du réseau Football Supporters Europe (FSE), basé à Hambourg. "S'il faut jouer à huis clos ou avec des jauges réduites, qu'on le fasse mais qu'on ne mette pas en place un cache-sexe pour faire oublier qu'on est encore en crise sanitaire", dit-il.
Si les gradins se sont de nouveau remplis en Serbie, où sont autorisés les rassemblements à ciel ouvert, ou lors d'un match de rugby en Nouvelle-Zélande, largement épargnée par la pandémie (seulement 22 décès), les championnats européens se montrent prudents et patients quant au retour des supporters, qu'ils espèrent tous.
Les matches de foot se déroulent à huis clos en Allemagne, comme ici le Düsseldorf - Dortmund disputé le 13 juin à la Merkur Spiel-Arena. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans un courrier envoyé aux clubs, révélé par Kicker, la Ligue allemande (DFL) n'évoque pas du tout la fin de la saison en cours, mais bien la prochaine. Des discussions ont été entamées pour "autoriser le retour pas à pas des spectateurs", affirme son directeur Christian Seifert, demandant toutefois aux clubs "de ne citer publiquement aucun chiffre ni aucune date sans avoir de certitude".
Différence entre régions
En Espagne, où le championnat vient de reprendre, la Ligue et certains clubs poussent déjà pour un retour du public avant fin juin. C'est le cas de Las Palmas (D2 espagnole) et du Celta Vigo (Liga) qui évoluent dans des régions peu touchées par la maladie.
"Après dix ou quinze jours de compétition, on s'assoira avec le gouvernement pour demander à ce que le public puisse revenir dans les stades", a rebondi le président de La Liga, Javier Tebas, le jour de la reprise. Ce serait "un signe de retour à cette +normalité anormale+", selon lui.
Pour l'heure, les autorités maintiennent qu'un tel scénario ne se fera pas avant que toutes les régions d'Espagne ne soient au même niveau de déconfinement. "Les conditions de jeu doivent être les mêmes dans tous les stades", a affirmé Salvador Illa, le ministre de la Santé.
En Italie, également très durement frappée par la pandémie de COVID-19, la musique est quelque peu différente.
"Dans les régions où depuis plusieurs jours les nouveaux cas sont à zéro, on peut commencer à réfléchir à une réouverture progressive des stades avec un nombre limité de spectateurs", a ainsi lâché Walter Ricciardi, conseiller du gouvernement et ancien président de l'Institut Supérieur de Santé.
"Sécurité absolue"
Si le foot a repris, via la Coupe d'Italie vendredi dernier 12 juin, il n'est pas envisagé de repeupler les tribunes avant "août ou début septembre", a cependant prévenu Carlo Sibilia.
"Imaginons 10.000 personnes qui doivent passer par les entrées du stade San Paolo (de Naples, ndlr), ce serait un peu compliqué. Cela ne signifie pas qu'on n'en parle pas, mais il faut la sécurité la plus absolue", a martelé le secrétaire d'État à l'Intérieur, bien conscient que "le football vaut moins sans les tifosi et leur passion".
En Hongrie, les cris et applaudissements ont déjà recommencé à résonner dans les enceintes du pays d'Europe centrale, où seules les personnes de plus de 65 ans restent interdites d'accès.
"Ne pas pouvoir saluer les copains comme d'habitude m'a manqué, comme le fait que les supporters les plus âgés ne soient pas là à cause des restrictions", raconte Peter Molnar, un abonné de Ferencváros heureux néanmoins d'avoir remis les pieds dans le stade de Budapest.
Si le masque n'est pas obligatoire, les spectateurs doivent se laver les mains à l'entrée et laisser trois sièges vides entre chaque personne. "Dans l'ensemble, les supporters ont respecté les règles", dit le Hongrois de 33 ans.
AFP/VNA/CVN