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Nguyên Trong Viêt (gauche) donne une consultation médicale gratuite à un voisin. |
Photo : Lam Yên/CVN |
Issu d’une famille d’agriculteurs dans le district de Dô Luong de la province centrale de Nghê An, Nguyên Trong Viêt aidait ses parents dans les travaux champêtres et ne manquait jamais une occasion, lorsqu’il était enfant, de s’amuser avec ses copains après l’école. Son caractère turbulent lui valait les remontrances de son grand frère, qui en arrivait à l’attacher à un pilier de la maison de peur qu’il sorte. Peine perdue... Les deux ont donc trouvé un accord: Viêt pouvait sortir jouer avec ses amis à condition d’avoir de bons résultats scolaires.
Et la méthode a payé puisque plus tard, il a réussi le concours d’entrée à la Faculté de médecine de Huê (province centrale de Thua Thiên-Huê) et terminé sa première année avec une note moyenne de 8,6/10. Un résultat qui lui a valu de décrocher une bourse d’étude à la Faculté de médecine de Villa Clara, à Cuba.
Faire honneur au pays
À l’étranger, Viêt n’était plus «surveillé» par son frère mais son désir de réussir était plus ardent que jamais. Un autre paramètre le motivait : «À Cuba, on adore les Vietnamiens. Étant Vietnamien, j’ai le devoir de bien étudier. Je ne veux surtout pas faire honte à mon pays», a-t-il expliqué.
Les débuts ont été difficiles. Les études de médecine locales était d’un niveau relevé, d’autant plus qu’il ne maîtrisait pas encore l’espagnol. Mais le mot «renoncement» ne faisant pas partie de son vocabulaire, il a obtenu en première année la note parfaite de 5/5.
Nguyên Trong Viêt a alors été convié à participer à un concours spécial, uniquement réservé aux étudiants décrochant ce score afin qu’ils puissent récolter des points bonus. Il y a remporté trois premiers et un troisième prix avec, en prime, la reconnaissance du recteur de la faculté en poste à l’époque, M. Aparicio. «Félicitations ! Bien que tu ne maîtrises pas encore la langue, tu as obtenu un résultat fantastique. Cela montre que tu as fait le maximum», lui a-t-il dit.
Cuba est la deuxième île la plus peuplée des Caraïbes. |
Photo : CTV/CVN |
Mieux, durant son parcours, Viêt a souvent été dispensé de passer les examens en raison de son excellent niveau. Obtenant sa licence avec 6,28 points (sur 5, le surplus provenant des bonus accumulés, ndlr), il est devenu le meilleur licencié étranger de l’histoire de l’établissement.
À la journée de remise des diplômes, sitôt son discours terminé, plusieurs représentants de sociétés étrangères à Cuba lui ont proposé un contrat de travail dans certains autres pays de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, avec un salaire mensuel de 4.000-5.000 dollars, couvrant les frais de logement et de nourriture. Offres qu’il a déclinées, non sans les avoir examinées. «Ces propositions étaient alléchantes. Mais je préfère continuer les études car je suis encore jeune. De plus, si l’on est compétent, ce n’est pas un problème de trouver un bon poste», a partagé Viêt.
Un talent reconnu de tous
Depuis trois ans, Cuba n’octroie plus de bourses postuniversitaires aux étudiants étrangers. Et pourtant, Frank Quintana, l’actuel recteur de la Faculté de médecine de Villa Clara, a demandé personnellement au ministère cubain de la Santé d’accorder au jeune homme vietnamien une bourse pour qu’il puisse poursuivre ses études en cardiologie, spécialité vers laquelle il a décidé de s’orienter.
Quand le représentant du ministère de la Santé lui a rétorqué que d’autres recteurs avaient aussi formulé une demande de bourse pour leurs étudiants, Frank Quintana a renchéri, lui affirmant que le dossier de Viêt était le meilleur. «J’ai tout fait pour lui obtenir une bourse. Viêt est non seulement quelqu’un d’extrêmement intelligent, mais qui a de nombreux hobbys qu’il pratique avec talent», a commenté le recteur. En effet, en plus d’avoir été membre du Conseil scientifique des étudiants et vice-président de l’Association des étudiants étrangers de l’université, il a remporté plusieurs prix et distinctions en athlétisme, mais aussi dans la photographie au niveau de l’université et de la province.
Aujourd’hui médecin interne en cardiologie au Centre de cardiologie de la province de Villa Clara, Viêt vit dans la ville de Santa Clara avec sa femme cubaine et leur enfant. Dans son appartement de 28 m², sont suspendus deux chapeaux coniques vietnamiens, «pour que l’on ressente l’ambiance vietnamienne ici», a-t-il confié. Viêt s’est marié juste après sa licence. Lismary, son épouse, fait également des études de médecine.
Parfois, ses voisins viennent lui demander de les ausculter. «À Cuba, il est interdit d’ouvrir un cabinet privé. Enfreindre cette loi peut vous conduire derrière les barreaux. On fait donc des consultations gratuites».
Aujourd’hui, il aimerait pouvoir aider ses parents le plus tôt possible : «Mes parents ont déjà plus de 70 ans et travaillent encore. J’attends d’être diplômé avec impatience pour pouvoir travailler. Je pourrai ainsi les aider financièrement». Pour un juste retour des choses.
Lam Yên - Mai Quynh/CVN