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Une séance d’apprentissage de couture au centre Luvinus. |
Si pour certains, il n’était pas rare de s’adonner à la couture miniature pendant l’enfance, en confectionnant de petits vêtements pour des poupées ou autres peluches, à l’heure actuelle, entre soucis du quotidien et distractions technologiques, ces enfants devenus grands ont dû laissé derrière eux ce pass-temps de jeunesse. On peut cependant retrouver ce loisir au sein de classes de couture qui séduisent de plus en plus de jeunes, d’étudiants mais aussi d’adultes, hommes et femmes confondus. Le centre de formation de couture, Luvinus, crée par la jeune Hô Trang (de son vrai nom Hô Huyên Trang), est le lieu de prédilection des amateurs de mode de la capitale.
Apposer sa patte personnelle
Nichée dans une petite ruelle de la rue Vuong Thua Vu, dans l’arrondissement de Thanh Xuân à Hanoï, Luvinus n’est qu’une salle de 50 m² mais très lumineuse et colorée. Dans cet espace modeste, regorgent machines à coudre, mannequins et myriades d’outils. Ici, toutes les couches sociales se côtoient, que ce soit l’écolière ou le fonctionnaire étatique, et chacun s’attèle à la tâche : l’un enfile une aiguille tandis que l’autre dessine le patron, le tout dans une ambiance des plus effervescentes où se mêlent sons des machines et rires des apprentis.
Les cours de Hô Trang ont su attirer de nombreux élèves. La plus jeune est une fillette de 9 ans et la plus âgée, une femme de 60 ans. L’âge importe peu quand il s’agit de confectionner de beaux costumes aux goûts de chacun. "C’est très jouissif ! Qui que vous soyez, tant que vous avez la passion, cette classe s’apparente à un paradis de créativité", déclare une apprentie. Bien sûr, s’investir dans un nouveau domaine n’est jamais très facile pour certaines personnes. Mais quand on veut on peut, et d’autant plus si on a la passion et l’énergie.
"Les premiers temps sont les plus difficiles car les élèves ne sont pas encore tout à fait familiers avec le jargon de la couture, la confection de patrons et le maniement des outils", raconte Hô Trang. Mais après une courte formation, "ils sont très confiants et se réjouissent à l’idée de faire des vêtements par et pour eux-mêmes mais aussi pour leurs proches et leurs amis", ajoute-t-elle.
La styliste américaine Rachel Zoe a dit un jour : "Le style est une manière de dire qui vous êtes sans parler". Cette déclaration semble exacte car ce que l’on porte reflète nos caractéristiques, nos loisirs, notre identité. Cela explique en partie pourquoi de plus en plus de jeunes s’initient à la couture.
Hông Nhung (20 ans), étudiante de l’École normale supérieure des arts du Vietnam, suit ce programme de couture depuis six mois. Elle est l’une des meilleures apprenantes du centre. Comme les autres, sa première œuvre était un véritable "désastre" importable. Chaque fois qu’un de ses produits présentait des défauts, Nhung notait les erreurs, que ce soit dans l’exécution de la technique, du patron, ou du choix des matières premières, afin d’en tirer des leçons. Partant de zéro et après six mois de patience, Hông Nhung est désormais tout à fait capable de confectionner une collection entière de robes, comparable à celles que l’on peut trouver dans les boutiques.
De métier à loisir
Hô Trang (2e à gauche) initie ses élèves à réaliser le patron. |
Autrefois considéré comme un métier gagne-pain, la couture se hisse à l’heure actuelle comme loisir élégant de la vie moderne. En effet, au même titre que la lecture d’un livre, que le jardinage ou la pâtisserie faite maison, la couture "Do It Yourself" (le "faire soi-même" en français) est également un véritable loisir. "Mes apprentis me disent qu’ils apprennent à coudre pour se relaxer et pour mettre leur patience à l’épreuve. De plus, la joie de voir un vêtement conçu par ses propres mains est un sentiment incomparable. Pour moi, la couture et le design font sens car ils apportent de la joie aux autres", partage Hô Trang.
"Le besoin d’accumulation des savoir-faire reste très élevé, surtout chez les jeunes. Ils suivent ces cours notamment pour expérimenter la nouveauté. Leurs costumes ne sont certes pas aussi luxueux que ceux des magasins ou des grandes marques de mode, mais ils possèdent une patte unique et l’identité propre de chacun d’entre eux. Porter un vêtement fait par soi-même offre un sentiment très particulier", partage-t-elle.
De plus, Hông Nhung et les élèves du Luvinus apprécient spécialement l’atmosphère conviviale et amicale du centre. À l’image d’une famille, les membres discutent, mangent et sortent souvent ensemble. Les différences sociales et d’âge ne semblent importer à personne.
Un choix osé
Quelques créations des apprentis du centre. |
Hô Trang possède une forte expérience de 11 ans. Lorsqu’elle poursuivait ses études en journalisme, dès la première année, Trang s’est rendue compte que ce milieu n’était pas fait pour elle et elle savait qu’au fond, quoiqu’il en soit, son destin resterait lié à l’aiguille et au tissu. Elle s’est ainsi tournée vers ce métier qu’elle chérit tant.
Douée en mathématiques, Hô Trang a rapidement excellé en couture. Nombreux sont ceux qui alors s’interrogent sur le lien entre la couture et les mathématiques.
En effet, les formules mathématiques et géométriques permettent au tailleur de calculer les dimensions de manière exacte et facilitent la réalisation des patrons. Profitant de cet avantage, Hô Trang a ainsi rapidement terminé son apprentissage afin d’ouvrir son propre établissement, qui à la sueur de son front, a su avec le temps trouver la voie du succès.
Avec seulement une machine à coudre, du tissu, de la dentelle et des boutons, tout le monde peut désormais s’improviser styliste. Un loisir qui saura toujours apporter un bonheur simple et significatif aux tailleurs en herbe !
Photos : Luvinus - Afamily/CVN