Le fantôme n'est pas ingrat

Les fantômes apparaissent souvent dans les contes et légendes. Si certains sont là pour hanter les vivants, d’autres sont bienveillants et apportent leur aide aux humains. Voici l’histoire d’un fantôme reconnaissant.

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Ne pensez pas que les fantômes sont là pour vous hanter, plusieurs peuvent vous apporter leur aide.
Photo : CTV/CVN

Dans la province de Bac Ninh (Nord), vivait un pauvre ouvrier. On le réquisitionna pour aller exercer son métier dans le Centre. Arrivé dans la province de Nghê An (Centre) après avoir passé la rivière, il tomba subitement malade, se coucha au pied de la montagne de Kè Giàng et mourut. Les termites recouvrirent son corps d’un tertre. Ses enfants ne surent ce qu’était devenu leur père. Il se passa ainsi plus de 15 ans ; les fils devinrent riches et puissants, mais ils ne connaissaient pas le jour de la mort de leur père, aussi ne pouvaient-ils lui offrir le sacrifice anniversaire, ce qui les chagrinait extrêmement.

Un aimable fantôme

Durant ce temps, dans le village de Kè Giàng, il y avait un individu nommé Kha, qui labourait la terre où se trouvait ce tombeau. Voyant que personne ne l’entretenait, il fut touché de pitié et chaque année il le réparait. L’âme de l’ouvrier reposait en paix et avait beaucoup de reconnaissance pour Kha. Un jour qu’à Bac Ninh, sa famille lui offrait un sacrifice et que Kha labourait son champ, cette âme prit une forme humaine et apparut au-devant de l’attelage.

Voici leur conversation :

- Vous labourez bien matin !

- Je laboure de bonne heure pour faire des planches et planter des légumes.

- Il est encore de bonne heure. Chez moi, on sacrifie aux anciens ; laissez là votre charrue et vos bœufs, et venez boire avec moi une tasse de vin !

- Excusez-moi, j’ai peur si je laisse mes bœufs ici qu’ils ne fassent des dégâts.

- Je vous demande de venir seulement pour quelques instants, après vous vous en retournerez. Vous me ferez grand plaisir !

Kha voyant qu’il insistait ainsi ne put refuser davantage. Il dit :

- Vous êtes un brave homme ! Mais je suis en habits courts, je ne puis aller chez vous convenablement, vous avez des hôtes que cela scandaliserait. Le fantôme dit :

- Voici un habit et un pantalon, mettez-les à la place des vôtres et venez avec moi, ne nous faisons pas attendre.

Kha revêtit les vêtements et le suivit. Après un bout de chemin, ils franchirent un fossé, un peu plus loin, ils sautèrent pardessus un rocher et, à peu près dans le temps qu’il faut pour chiquer une chique de bétel, ils arrivèrent à leur destination. Là, Kha vit nombre de gens bien vêtus avec de longs habits de cérémonie, de larges pantalons ; ils étaient assis sur deux rangs, il avait beau les regarder il n’en connaissait pas un. Leur accent était rude et différent du sien. Il fut saisi de frayeur, mais étant là, il n’eut qu’à se mettre à manger. Le repas était bon, Kha but beaucoup et s’enivra.

Après le repas, celui qui l’avait invité vint lui dire :

- Partons, il se fait tard.

Kha répondit :

- Nous sommes tout près de chez nous, je sais le chemin, passez devant et tout à l’heure je vous suivrai.

L’autre lui dit :

- Si vous restez, rendez-moi l’habit que je vous ai prêté pour que je l’emporte.

Kha ôta l’habit et s’endormit.

Une famille reconnaissante

Les gens de la maison virent cet individu qui dormait sur le lit et qu’aucun d’eux ne connaissait. Ils le réveillèrent et lui demandèrent qui l’avait invité. Kha qui avait cuvé son vin se réveilla. À la vue de ces inconnus parlant avec un fort accent, il fut saisi de frayeur, se rappelant que pendant la nuit il avait été invité à venir à un festin et ne sachant comment il se trouvait couché là. Il demanda où il était et on lui répondit qu’il était dans un village de la province de Bac Ninh. On lui dit :

- Mais vous, où demeurez-vous et qui vous a invité à venir ici ?

À cette demande, Kha fut troublé et déclara la vérité :

- Je suis du village de Kè Giàng à Nghê An. Au point du jour, je labourais au pied de la montagne de Kè Giàng, quand un inconnu parut à la tête de mes bœufs et m’invita à venir à une fête chez lui. Je lui dis que je labourais de bonne heure afin de planter des légumes et que je n’avais pas d’habit sous la main, mais il me prêta des habits et insista tellement que je le suivis pour lui être agréable. En chemin, il me dit : "Il y a quelques années, j’étais pauvre et je suis venu ici pour gagner ma vie. Je demeure dans cet endroit où vous labourez, mais mes enfants habitent encore là-bas". Ces paroles m’avaient bien fait réfléchir, mais je n’avais su que faire. Je ne pouvais pas penser qu’il me mena ainsi à cinq ou six jours de marche.

À ces paroles, les gens de la famille furent remplis de joie. Ils dirent :

- C’est évidemment notre père qui est parti pour aller au Centre il y a quelques années et avait disparu. Nous ne savions où étaient ses restes et si l’on les avait enterrés. Maintenant, nous savons où est son tombeau, grâce à cet homme à qui nous sommes grandement redevables. Ils le comblèrent de présents et le renvoyèrent à six jours de marche, dans sa maison où sa femme et ses enfants le croyaient mort. Comme quoi, un bienfait désintéressé n’est jamais perdu !


Ông Ngoai/CVN

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