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Un avion d'American Airlines, le 16 juin à l'aéroport international de Miami. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour mieux faire face aux imprévus, American Airlines veut se dégager une marge de manoeuvre et a pour ce faire déjà annulé 400 vols le week-end dernier, et prévoit d'en déprogrammer environ 950 la première quinzaine de juillet.
Si l'entreprise a blâmé les intempéries qui, depuis début juin, perturbent les plans de vol, elle reconnaît également que certains sous-traitants manquent de main-d'œuvre.
Et face à une accélération "incroyablement rapide" de la demande, elle a donc décidé de retirer certains vols "pour atténuer les (mauvaises) surprises dans les aéroports" et réduire le risque de passagers mécontents.
Comme les autres compagnies, American doit en outre passer au crible ses avions pour s'assurer de la sécurité de ses vols alors que certains appareils sont restés immobilisés dans des hangars ou sur le tarmac pendant plusieurs mois.
"Il y a beaucoup de maintenance" à effectuer, souligne ainsi Ian Gendler, du cabinet de recherche Value Line. Et "cela ne se fait pas du jour au lendemain".
Comme avant le COVID-19
American, qui assure avoir bien pris soin de ses appareils, recrute par ailleurs "activement" dans tous les secteurs, de la réservation aux services aux clients en passant par la maintenance, explique une porte-parole. Tous les pilotes temporairement inactifs devraient avoir terminé leur formation fin juin, a-t-elle assuré.
Delta prévoit pour sa part de recruter plus de 1.000 pilotes d'ici l'été prochain pour faire face à la reprise du trafic et à l'ajout de destinations, selon un mémo interne consulté par l'AFP.
Mais les recrutements accélérés pourraient ne pas suffire, estime Gary Peterson, représentant des salariés de l'aviation au sein du syndicat TWU, des agents de bord aux bagagistes en passant par les mécaniciens.
Car pour les employés nouvellement arrivés dans les aéroports, il faut prendre les empreintes, faire vérifier -sûreté oblige- les antécédents par des agents gouvernementaux, eux-mêmes souvent en sous-effectif et ralentis par les précautions sanitaires.
Des voyageurs attendent à l'aéroport John F. Kennedy à New York, le 28 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les compagnies, qui avaient multiplié les plans de retraites anticipées ou de départs volontaires pendant la pandémie, "ont remis les avions en service sans forcément avoir la main-d'oeuvre pour les opérer", déplore M. Peterson, lui-même mécanicien chez American Airlines.
La plupart des voyageurs devraient finir par arriver à bon port et la situation va progressivement s'améliorer, dit-il.
Pour autant, les compagnies "vont être confrontées à des problèmes tout l'été" si elles ne limitent pas les vols, prévient le représentant syndical.
Le nombre de personnes passant par un aéroport américain, qui reste encore 25% inférieur à son niveau de 2019, dépasse néanmoins régulièrement, depuis le 11 juin, les 2 millions de visiteurs, selon les chiffres des autorités aéroportuaires.
Les compagnies ont ouvert de nombreuses lignes pour s'adapter à une clientèle plus tournée vers le tourisme que les voyages d'affaires. Si bien qu'"en ce moment, on ne voit plus vraiment la différence avec les étés" d'avant pandémie, assure Chris Riggins, membre du syndicat des pilotes de Delta.
Incivilités
Même si sa compagnie prévoit d'embaucher, il faudra du temps pour remettre à niveau la formation de milliers de pilotes, de quelques jours à cinq semaines s'ils sont affectés sur un nouveau type d'appareil, explique-t-il.
Comme dans la restauration ou la vente, les aéroports pourraient aussi être confrontés, note-t-il, à une pénurie de main-d'œuvre parmi les plus bas salaires: ceux chargés de préparer les plateaux-repas, qui entretiennent les locaux ou travaillent dans les fast-food.
Un souci supplémentaire pour les compagnies déjà confrontées à une hausse des incivilités en vol ces derniers mois : plusieurs fédérations et syndicats du secteur ont appelé lundi 21 juin le ministre de la Justice à poursuivre plus systématiquement tout acte violent à bord des avions.
Sans doute pour prendre de l'avance sur ses concurrents, American Airlines a été particulièrement ambitieuse dans son offre de vols pour cet été, remarque Burkett Huey, analyste aéronautique chez Morningstar.
"La demande est habituellement assez prévisible", souligne-t-il. Mais après la chute des ventes de billets d'avion au printemps 2020 et la rapide reprise du trafic au fur et à mesure des vaccinations, "les modèles traditionnels de programmation ne marchent plus vraiment".
Or, au-delà du risque de se retrouver à court de main-d'œuvre, les compagnies doivent veiller à remplir suffisamment les avions. "Les coûts fixes liés à un vol sont les mêmes, qu'il soit plein ou pas", rappelle-t-il.
AFP/VNA/CVN