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Paul Ryan, président de la Chambre des représentants et haut responsable du parti républicain américain, le 28 avril à Washington. |
Le milliardaire Donald Trump est désormais seul en course pour le ticket républicain à la Maison Blanche, mais sa campagne a tellement divisé les conservateurs que même le président de la Chambre des représentants Paul Ryan refuse pour l'instant de le soutenir.
"Pour être tout à fait franc avec vous, je ne suis pas encore prêt à le faire", a déclaré M. Ryan jeudi 5 mai sur CNN, dans une déclaration fracassante pour un responsable de ce rang au sein du parti républicain.
Donald Trump a beau avoir quasiment remporté l'investiture --après le retrait de ses deux derniers rivaux Ted Cruz et John Kasich-- mais sa victoire est loin d'être un sacre.
Pour mener la bataille contre Hillary Clinton, candidate probable des démocrates, Donald Trump devra rassembler son camp. Et Paul Ryan a conditionné son soutien à la capacité du candidat à "faire plus pour unifier le parti et ensuite séduire tous les Américains, quelle que soit leur origine, et une majorité d'indépendants".
Outre ce leader, de nombreux républicains --des modérés comme des conservateurs-- refusent absolument de se ranger derrière Donald Trump, ce qui pourrait se révéler problématique s'ils boudaient les urnes en novembre.
George W. Bush et son père George H. W. Bush --qui avait pourtant soutenu chaque candidat républicain lors des cinq dernières présidentielles-- ont également refusé de se rallier derrière Donald Trump.
Certains ex-détracteurs républicains ont déjà mangé leur chapeau, comme l'ancien gouverneur de Louisiane Bobby Jindal qui traitait Donald Trump de narcissique égocentrique l'année dernière.
Le candidat de 69 ans a malgré tout reçu mercredi soir 4 mai le soutien du chef de file républicain au Sénat Mitch McConnell, qui a estimé que la priorité était "d'empêcher ce qui serait de fait un troisième mandat pour Barack Obama", et a souhaité que M. Trump "unisse le parti autour de nos buts".
Mais d'autres républicains n'entendent pas être passifs et promettent de résister jusqu'au bout à Donald Trump, quitte à voter pour Hillary Clinton.
"Je suis avec elle"
"Le parti républicain va investir un type qui lit le National Enquirer et croit que c'est de son niveau", a par exemple écrit Mark Salter, ancien conseiller du sénateur John McCain, dans un tweet très repris (le National Enquirer est un grand tabloïde américain). "Je suis avec elle", a-t-il ajouté, en reprenant l'expression fétiche des pro-Clinton.
Donald Trump, le 2 mai en Indiana. |
Depuis mardi 3 mai, des républicains envahissent ainsi Twitter pour jurer de ne jamais voter pour Donald Trump, certains brûlant leur carte électorale, comme Lachlan Markay, un journaliste conservateur.
"Je me suis officiellement désinscrit en tant que républicain", a annoncé Philip Klein, rédacteur en chef de la revue conservatrice Washington Examiner.
Erick Erickson, un auteur conservateur très influent, a éreinté Donald Trump mercredi pour "avoir soutenu des nationalistes blancs et des colporteurs de racisme" ainsi que pour avoir, selon lui, maltraité ses employés et s'être vanté de son passé de coureur de jupons.
Mais il s'en est aussi pris au parti pour n'être pas parvenu à "placer une limite" contre les déclarations d'intolérance du candidat. "Pourquoi le parti républicain n'a-t-il pas dit que c'était inacceptable?", a-t-il écrit sur le site The Resurgent, déclarant qu'il n'aiderait pas les électeurs à "commettre un suicide national".
Dilemme
Le parti républicain se retrouve ainsi face au dilemme de devoir soutenir son porte-flambeau à la présidentielle, tout en apaisant le mouvement du "tout sauf Trump".
"Beaucoup de gens sont à cran", a reconnu le porte-parole du parti, Sean Spicer, sur la chaîne MSNBC.
La publication The Hill a recensé une centaine de personnalités républicaines s'étant publiquement engagées à ne pas voter pour Donald Trump, dont les sénateurs Lindsey Graham et Ben Sasse, ou le représentant Justin Amash et Mitt Romney, candidat à la présidentielle de 2012 battu par Barack Obama.
Ben Sasse s'est dit ouvert mercredi 4 mai à la possibilité d'un candidat tiers, qui représenterait les valeurs conservatrices en novembre.
Le mouvement "NeverTrump" ("Jamais Trump") a annoncé qu'il continuerait à se mobiliser, notamment pour aider les candidats républicains au Congrès qui souhaiteraient se distinguer du milliardaire dans l'esprit des électeurs.
Si Donald Trump adoucissait réellement son ton pour devenir, comme il le dit, "plus présidentiel", il est probable qu'une partie des républicains sceptiques reviendraient au bercail dans les six prochains mois. Mais certains assurent être perdus pour de bon.
"Je voterai sans doute pour Gary Johnson", le candidat du parti libertaire, a expliqué le consultant conservateur Brad Marston. "Je ne trouve plus ma place dans le parti républicain actuel".
AFP/VNA/CVN