>>En Espagne, épilogue de dix mois de blocage politique
Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy au parlement le 29 octobre à Madrid. |
"Nous avons opté pour la continuité d'une équipe (...) fondamentale pour sortir de la situation économique que vivait l'Espagne il y a cinq ans", a expliqué le chef du groupe parlementaire du Parti populaire (PP, droite) Rafael Hernando.
L'économiste Luis de Guindos, 56 ans, porte-drapeau de la politique d'austérité menée par M. Rajoy depuis son arrivée au pouvoir en pleine crise, fin 2011, conserve le portefeuille de l'Économie.
Cristobal Montoro, docteur en Economie et universitaire de 66 ans jugé proche du chef du gouvernement, conserve également le portefeuille stratégique du Budget.
Interlocuteur privilégié de Bruxelles depuis 2011, Luis de Guindos s'était montré soucieux de rassurer les marchés pendant les dix derniers mois de blocage politique.
Dans le pays en sortie de crise économique, il parie sur une poursuite de la croissance de 2,9% en 2016 contre 3,2% en 2015. Mais le ministre a récemment reconnu que, pour réduire le déficit, le gouvernement devra faire de nouvelles coupes budgétaires, chiffrées par Bruxelles à environ 5,5 milliards d'euros.
M. Rajoy avait prévenu samedi 29 octobre la chambre des députés qu'il resterait fidèle à son programme et ne détricoterait pas ses réformes, même s'il gouverne en minorité.
"Il garde des ministres qui ont eu la pire attitude en termes de dialogue", a déploré un porte-parole du Parti socialiste, Mario Jimenez. "Cela augure des pires résultats".
La formation de gauche radicale Podemos a dénoncé un gouvernement "antisocial".
Le PP de M. Rajoy a perdu sa majorité absolue depuis fin décembre 2015 et ne dispose plus que de 137 sièges sur 350.
Dès vendredi matin 4 novembre, les ministres participeront au premier conseil des ministres du nouveau gouvernement, qui devra non seulement consolider la reprise mais aussi faire face aux indépendantistes en Catalogne, après dix mois de blocage passés à expédier les affaires courantes.
Mariano Rajoy, président du PP, était parvenu à remporter les législatives de décembre 2015 puis de juin, mais avec un tiers des voix seulement, usé par les affaires de corruption touchant le parti.
Il a finalement été reconduit chef du gouvernement par la chambre des députés samedi, grâce à l'abstention de socialistes.
Un Européen aux affaires étrangères
Aux Affaires étrangères, Mariano Rajoy a fait arriver un spécialiste de l'Europe : Alfonso Dastis Quecedo, juriste âgé comme lui de 61 ans, qui était le représentant permanent de l'Espagne auprès de l'Union européenne depuis fin 2011.
Diplomate de carrière "discret" et "au profil très technique" selon un de ses proches collaborateurs consulté par l'AFP, "il avait la confiance absolue de Rajoy en tout ce qui concernait l'UE".
M. Dastis dirigeait la représentation espagnole à Bruxelles en 2012 lorsque l'Espagne a évité de justesse un plan de sauvetage de son économie. Il devra à présent mettre de l'huile dans les rouages avec la Commission européenne qui s'exaspère des promesses non tenues par l'Espagne en termes de maîtrise de son déficit public.
M. Rajoy garde aussi la ministre de l'Emploi, Fatima Bañez, qui a mis en place une réforme du droit du travail qui a facilité les licenciements.
Le porte-parole socialiste a également dénoncé la place de femmes au gouvernement, insuffisante selon lui.
La vice-présidente du gouvernement, la juriste Soraya Saenz de Santamaria, 45 ans, ne sera plus sa porte-parole, héritant cependant de la délicate tâche de gérer les rapports avec les 17 régions.
Cinq ministères sur 13 -- en comptant celui de Mme de Santamaria -- ont été confiés à des femmes.
Le cabinet compte au total six nouveaux ministres, notamment à l'Intérieur où arrive un ancien maire de Séville, Juan Ignacio Zoido, 59 ans.
AFP/VNA/CVN