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Lenin Moreno, nouveau président de l'Equateur, investi à Quito le 24 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je signerai un décret d'austérité. Toute dépense, tout investissement passera par un filtre objectif des nécessités citoyennes", a-t-il déclaré lors de son discours d'investiture au Congrès à Quito, en s'engageant aussi à "soutenir la dollarisation" de l'économie, instaurée en mars 2000 en pleine crise bancaire.
Lenin Moreno, 64 ans, élu pour quatre ans, a prêté serment en présence d'une dizaine de chefs d'État de la région, mais en l'absence notoire de Nicolas Maduro, président d'un Venezuela en pleine tourmente politico-économique.
M.Correa, maintes fois ovationné, ému aux larmes, a remis l'écharpe présidentielle à son ancien vice-président (2007-2013) lors de cette cérémonie à l'Assemblée nationale, chambre unique du Parlement, dominé par le parti présidentiel Alliance Pais (AP - Patria Altiva i Soberana : Patrie altière et souveraine - l'acronyme jouant sur le mot "pays" en espagnol).
Paraplégique depuis une attaque à main armée en 1998, M.Moreno, diplômé d'administration publique, devient l'un des rares chefs d'État, avec Franklin Roosevelt (États-Unis, 1933-1945), à se déplacer en fauteuil roulant et le premier d'Équateur, en difficultés économiques avec la chute des cours du brut.
Grâce aux recettes pétrolières, M. Correa, resté dix ans au pouvoir, a privilégié les investissements sociaux pour combattre les inégalités et maintenu les subventions aux carburants, en impulsant une "révolution citoyenne". Mais il laisse un pays en crise.
Conjoncture difficile
Cette dernière décennie, la dette externe a grimpé de 150%, à près de 25,7 milliards de dollars (26,3% du PIB). L'économie s'est contractée de 1,5% en 2016 et le baril de pétrole, premier produit d'exportation, a fondu de 98 dollars en 2012 à 35 en 2016, avant de remonter à 45 dollars au cours du trimestre passé.
Le modèle corréiste, fondé sur un État interventionniste, "a besoin d'une aubaine économique pour se maintenir" et "est en crise", estime Pablo Ospina, analyste de l'Université andine Simon Bolivar à Quito.
Pour le politologue Simon Pachano, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso), la conjoncture pour M. Moreno "va être très difficile surtout du fait de la situation économique". Il sera compliqué de maintenir le niveau de dépenses sociales du corréisme, qui assure avoir réduit la pauvreté de 36,7% en 2007 à 22,9% en 2016 et la misère extrême de 16,5% à 8,7%.
Le nouveau gouvernement, investi mercredi soir 24 mai, est composé de chefs d'entreprise, de dirigeants sociaux et de fonctionnaires de l'ancienne équipe, tels que Maria Fernanda Espinosa et Miguel Carvajal, qui restent respectivement ministre des Affaires étrangères et de la Défense. Les Finances vont à Carlos De la Torre, ex-conseiller de la Banque centrale, et les Hydrocarbures à Carlos Perez, ex-dirigeant de la compagnie pétrolière américaine Halliburton pour les Amériques.
AFP/VNA/CVN