Début des années 70 du dernier siècle aux États-Unis, dans les années 80-90 ailleurs, la musique hip-hop fait partie des références musicales de ces générations qui ont vu évoluer le mouvement culturel avec ses propres codes : une musique, des mouvements, un style vestimentaire, un phrasé, des préoccupations…
Certains réticents ne les comprenant pas, sont forcés d’en constater l’ampleur et de se questionner sur le pourquoi d’un tel succès qui perdure. Au-delà des États-Unis, c’est un tour du monde que le mouvement a réalisé. Des ghettos américains aux đuong phô (rues) vietnamiennes, le hip-hop se révèle être un moyen d’expression à part entière : et chacun a son style et ses mots à dire.
Le groupe hanoien New York Style fondé par le danseur Phuong SilverMonkey en 2010. |
Aux concours internationaux
Dans les années 80-90 en France, on entend parler de rappeurs : chanteurs d’un nouveau genre à l’époque. Jongleurs de mots, revendicateurs, contestataires… Autant de qualifications utilisées pour les désigner.
Au Vietnam, ils sont aussi présents avec des textes engagés. Ce sont les mêmes thèmes de l’inégalité et des injustices sociales qui sont récurrents. Le beat box (imitation vocale d’instruments, de boîtes à rythmes) se fait connaître également dans le pays : exemple avec Nguyên Cuong, candidat de l’émission Vietnam Got Talent 2012 qui y fit une démonstration.
Concernant la danse, dans les années 80, on découvre en France de nouveaux gestes qui font des émules dans les cours de récré : le popping ou encore le breakdance sont des danses hip-hop. Le popping met en scène des danseurs jouant des contractions et décontractions de leurs corps sur le rythme de la musique. Le breakdance est plus acrobatique, avec des figures au sol. Mais, hormis les cours de récré, la danse hip-hop a su trouver d’autres espaces où se réaliser.
Les danseurs vietnamiens sont véritablement passionnés, et commencent depuis quelques années à intégrer des concours internationaux. En février dernier, deux danseurs vietnamiens (Clown et Sedechu) ont gagné le premier prix (dans la catégorie danse hip-hop) de ce fameux concours qui se déroulait à Singapour, et qui regroupait des danseurs de toute l’Asie. Ce sont les premiers Vietnamiens à y gagner un prix ! Ils ont représenté le Vietnam et l’Asie dans leur catégorie pour la finale à Paris.
New York Style à Hanoi
Phuong fait partie du groupe hanoien fondé par le danseur Phuong SilverMonkey en 2010 : «New York Style». Le groupe est composé de douze danseurs, dont la plupart sont des étudiants. «J’aime les mouvements du hip-hop, la sensation de sérénité quand je touche la musique, que je sens mon corps bouger», confie Phuong. Pour Tùng, jeune garçon de 20 ans, se faisant appeler Marshall, «le hip-hop c’est un mode de vie, c’est ma passion. Je ne peux pas m’en passer». «Le hip-hop est un moyen de partager son énergie avec d’autres, de s’amuser. Je peux tout oublier quand je danse, c’est un moyen d’évacuer les tensions et de s’affirmer aussi. Nous dansons le hip-hop américain oui, mais avec le style vietnamien !», raconte Kid, autre membre de New York Style.
Au départ, le groupe était composé de cinq jeunes filles, des amies d’enfance. Quand elles décidèrent de s’entraîner près de la Statue de Lénine (rue Diên Biên Phu), d’autres jeunes les rejoignirent et c’est ainsi que New York Style fut créé. Pourquoi ce nom New York Style ? «New York c’est l’endroit où est né le hip-hop, et nous aimons le style de ses danseurs : very street, very gangster ! (Vraiment de la rue, vraiment gangster)». Quand les membres ont jugé avoir assez de maîtrise et de cohésion, ils ont enchaîné les activités et les compétitions. Leurs souhaits aujourd’hui : améliorer leur niveau, danser partout où ils vont et contribuer au développement de la culture hip-hop au Vietnam.
Graffitis dans les grandes villes
Dans certaines grandes villes du monde, du Vietnam et d’ailleurs, certaines formes d’expression du mouvement sont plus visibles que d’autres. Les passants, novices du phénomène «hip hopien» se sont maintenant habitués aux graffitis. Cette activité nécessitant quelques bombes d’aérosols, beaucoup d’adresse, et de créativité, envahit les murs. Au Vietnam, certains qui étaient alors, soient vierges ou imprimés déjà des fameuses publicités (que l’on pourrait penser dans un sens : «précurseur» au Vietnam, du graffiti… !) ont été pris d’assaut par de nouveaux artistes inspirés. Preuve du succès : Certains commerçants ayant une clientèle essentiellement jeune, recherchent à leur plaire en faisant dorénavant appel aux artistes-graffeurs pour tagger les murs de leurs boutiques ou cafés. Quelques noms de groupes de graffeurs au Vietnam: street jockey, s5 crew, devil day, UFO…
À travers son tour du monde, le mouvement culturel a su trouver ses fans. Chacun a son style et ses mots à dire, mais les adeptes restent tout de même reconnaissables avec une musique, des mouvements, un style vestimentaire, un phrasé, et des préoccupations qui se rejoignent…
Corinne/CVN