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Emmanuel Macron et Angela Merkel, le 19 janvier à l'Élysée. Photo : AFP/VNA/CVN |
La chancelière allemande arrivera dans l'après-midi dans la capitale française où elle s'entretiendra avec M. Macron avant de s'exprimer devant la presse.
"Certainement un jour que Macron attend depuis longtemps", relève Sébastien Maillard, directeur de l'institut de recherche européen Jacques Delors.
Dans l'Europe du Brexit, de la victoire des anti-système en Italie, de l'Espagne embourbée dans sa crise catalane, le "moteur franco-allemand" ne peut pas se permettre de caler s'il veut faire progresser son projet européen.
"Sentiment d'urgence"
"Il y a un sentiment d'urgence partagée" des deux côtés du Rhin pour tenter de redonner du lustre à l'Europe, à un peu plus d'un an d'élections européennes qui pourraient installer en force au Parlement européens des formations eurosceptiques, selon M. Maillard.
"Nous sommes bousculés, l'audace est notre seule réponse" pour sortir l'Europe de la "glaciation", avait lancé en septembre Emmanuel Macron lors d'un discours à la Sorbonne. Depuis, il attendait qu'une Angela Merkel affaiblie politiquement, privée de majorité parlementaire, mette laborieusement sur pied sa coalition gouvernementale. C'est formellement chose faite depuis mercredi.
"Mme Merkel est tout à fait consciente que M. Macron attend depuis un certain temps une réponse de son homologue allemande sur ses projets de réformes de l'Union européenne et plus précisément de la zone euro. Jusqu'à présent Mme Merkel n'a pas pu lui répondre en raison du blocage politique. Se rendre immédiatement en France est donc le signe qu'elle prend les propositions de M. Macron très au sérieux", estime la politologue Sabine von Oppeln, de l'Université libre de Berlin.
Mais certains sujets sont plus faciles et consensuels que d'autres. Soucieux d'envoyer un message mobilisateur, les deux dirigeants devront trouver "plusieurs points de ralliement entre les deux pays", estime Mme von Oppeln.
Consensus et divergences
M. Maillard voit trois thèmes sur lesquels ils pourraient s'entendre : la crise migratoire, la taxation des géants du net et la défense de l'État de droit. En revanche, la réforme institutionnelle de la zone euro (Budget commun, union bancaire...) et l'Europe de la Défense sont nettement plus sensibles.
Sur l'immigration, "les deux pays sont conscients que ce thème sera au centre des prochaines élections européennes (...), il y a un terrain où ils peuvent se retrouver pour faire la démonstration que la situation peut être sous contrôle", estime-t-il. Idem pour la taxation des géants, d'autant que la Commission va présenter son projet sur le dossier le 21 mars, et pour l'État de droit, sujet relativement consensuel entre les deux dirigeants face aux tendances illibérales en Hongrie ou en Pologne.
En revanche, "cela risque de coincer au niveau de la réforme de la zone euro car les deux pays ont des cultures économiques différentes qui ne s'accordent pas toujours", pointe Mme von Oppeln.
Emmanuel Macron souhaite notamment l'installation d'un ministre et d'un budget de la zone euro. Le ministre français de l'Économie, Bruno le Maire, et son homologue allemand, Olaf Scholz, se rencontrent également vendredi 16 mars pour tenter de défricher ce terrain difficile.