En Serbie, le sauveur improbable des destriers

Autrefois, Pasha portait beau, tournait dans des films et faisait du mannequinat. Aujourd’hui, l’étalon de 24 ans coule une retraite paisible dans l’unique sanctuaire pour chevaux de Serbie.

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Zeljko Ilicic, propriétaire d’un sanctuaire pour chevaux près du village de Lapovo, au sud de Belgrade.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le lipizzan à la robe gris pâle peine à avancer mais il tient son rang parmi les dix chevaux rangés des voitures qui vivent dans le refuge Staro Brdo, en Serbie centrale. Dans le pays des Balkans, il n’est pas rare de voir des chevaux affamés ou battus, tirant des carrioles le long des routes. Zeljko Ilicic en a eu assez du spectacle.

"À un moment, j’ai décidé de faire quelque chose, même si ça voulait dire sauver un seul cheval, dit-il. C’est mieux que rien".

Malgré une allergie aux crins, le quadragénaire qui vit des arcs et des flèches qu’il fabrique sauva sa première monture en 2015, l’hébergeant sur les terres de sa famille près de Lapovo. Depuis, 70 chevaux ont séjourné là.

L’année dernière, il a accueilli une vingtaine de chevaux exténués, victimes de tortures, récupérés quand la police a démantelé un réseau international de trafic d’animaux. La plupart d’entre eux ont retrouvé une nouvelle maison.

Mais pour Zeljko Ilicic, les propriétaires irresponsables sont le principal problème. Leurs chevaux ne sont pas forcément victimes d’abus physiques mais ils languissent souvent inactifs dans des granges quand ils ne sont pas attachés trop court à l’extérieur.

"Les chevaux en Serbie sont dans une situation difficile. Ce ne sont plus des +machines à travailler+ auxquelles les propriétaires font attention car ils en tirent profit. Ce ne sont pas non plus des animaux de compagnie montés par des riches et choyés comme en Occident", déclare-t-il.

Il n’existe pas de données officielles mais il estime "qu’au moins la moitié" des chevaux serbes n’ont pas de conditions de vie adéquates. À partir d’un certain âge, ils finissent à l’abattoir.

Pasha, étalon lipizzan à la retraite dans son paddock, dans un sanctuaire pour chevaux près de Lapovo, à 10 km au sud de Belgrade.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ici, c’est ma vie"

"La plupart des propriétaires assurent les aimer. Mais quand quelque chose se passe financièrement dans leur famille, vendre le cheval pour 200 ou 300 euros est la solution la plus facile", déplore-t-il.

Cependant, depuis que le refuge a ouvert ses portes, certains propriétaires renoncent au prix de la viande pour lui confier leurs animaux. Entre l’alimentation et les soins vétérinaires, la gestion du refuge est coûteuse.

Le sanctuaire survit grâce aux dons privés, à la vente de limonade organisée par les enfants du coin, aux œuvres offertes par des artistes. Grâce aussi au dévouement de volontaires comme Violeta Jovic, 33 ans, qui dort souvent dans une cabane sur le site pour rester auprès des bêtes.

"Je suis venue en 2016. Petit à petit, j’ai passé de plus en plus de temps ici et j’ai fini par venir y vivre. Maintenant, le sanctuaire c’est ma vie", raconte-t-elle.

Quatre ânes abandonnés, une vingtaine de chats et de chiens et même un buffle vivent aussi à Staro Brdo. En 2018, le refuge a accueilli sept porcelets en piteux état, abandonnés dans une décharge à Nis, ville du Sud de la Serbie. Devenus grands, ils passent des jours heureux à patauger dans la boue.

"Nous sommes un sanctuaire pour chevaux mais quelqu’un qui aime les animaux ne peut pas simplement aimer une espèce et ignorer les autres, ajoute Zeljko Ilicic. On n’a jamais refusé un animal".


AFP/VNA/CVN

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