En Pologne, manger son plat et son assiette, c'est possible

Un sexagénaire aux cheveux gris attrape une assiette marron encore chaude qui sort d'une machine et se met à la mâcher, tout sourire: "Sur ce plat en son de blé, une côte de porc".

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Jerzy Wysocki tient une assiette comestible dans son usine, à Zambrow, en Pologne, le 29 mai.
Photo: AFP/VNA/CVN

La scène se déroule à l'usine Biotrem de Zambrow, dans le nord-est de la Pologne. Jerzy Wysocki a inventé ses assiettes complètement comestibles il y a déjà une quinzaine d'années.

Si le produit sent bon, son goût, ou plutôt son absence, le situe entre le carton et la barre de céréales dure et sans additif, a constaté un journaliste. Mais c'est sa biodégradabilité qui compte.

L'entreprise en fabrique actuellement 15 millions par an, mais ce chiffre pourrait être multiplié bientôt par cent et par mille grâce à la décision de l'Union européenne d'interdire complètement les assiettes et les couverts en plastique à partir de 2021.

Fils et petit-fils de meunier, Jerzy Wysocki a eu cette idée en cherchant à utiliser les déchets produits lors de la production de farine, volumineux et difficiles à stocker.

Mais en même temps il espère servir une cause plus grande, "car la quantité de déchets qui polluent les océans est gigantesque et effrayante".

"Pour la production de ces assiettes, nous utilisons uniquement du son de blé que nous compressons à une pression et une température précises, à l'aide d'une machine spécialement conçue à cet effet", explique-t-il.

Certes, les assiettes en son de blé sont nettement plus chères que les assiettes en plastique (environ 15 centimes d'euro la pièce en Pologne, 20% de plus à l'export), reconnaît la présidente de Biotrem Malgorzata Then.

Clients motivés

Mais "dans le prix du plastique actuel on ne tient pas compte du coût pour l'environnement, du recyclage, de la pollution des océans..."

Au départ, l'entreprise visait des clients écologiquement motivés, des restaurants ou des hôtels qui voulaient proposer à leur clientèle quelque chose d'original.

"Maintenant, avec les mesures prises par l'UE, même les clients qui ignoraient l'écologie sont obligés de s'intéresser aux produits biodégradables", dit Malgorzata Then.

Ses assiettes sont distribuées en Europe, mais aussi en Asie, en Amérique du Nord et même en Australie. Le client australien a demandé de vérifier si les vers de terre en aimaient le goût. Les tests l'ont confirmé sans l'ombre d'un doute.

"Ce ne sont pas des quantités gigantesques mais elles permettent de voir l'avenir avec optimisme", relève Wysocki.

D'autant qu'avec des volumes plus importants on pourra réduire le prix. Et la même technologie devrait permettre de fabriquer des assiettes à base de maïs, d'orge, d'avoine, de manioc et même d'algues.

"Avec le manioc, les premiers tests se sont révélés très positifs et nous avons déjà une petite clientèle intéressée", dit l'inventeur.

Biotrem voudrait élargir son offre aux boîtes comestibles pour les plats à emporter et pour les traiteurs. La recherche est déjà bien avancée, car il s'agit simplement de rendre ces boîtes plus résistantes aux liquides et à la chaleur.

La guerre aux plastiques

Le client écologiste n'est pas obligé de manger son assiette ou son emballage. Dans des conditions climatiques favorables, avec un peu d'humidité, les produits en son de blé se dégradent en un mois, voire en deux semaines, s'il y a de la pluie.

Les dirigeants de Biotrem ne sont pas seuls en Pologne à monter en première ligne de la guerre aux plastiques.

À la faculté de chimie de l'École polytechnique de Gdansk, des chercheurs ont mis au point une technologie permettant de fabriquer couteaux, cuillères et fourchettes biodégradables.

Ils sont faits avec "de l'amidon thermoplastique de pommes de terre que l’on obtient à partir de farine et d'acide polylactique", explique la professeure Helena Janik.

Ces couverts sont biodégradables et même, s'ils finissent dans la mer, comestibles.

"Nous sommes les seuls jusqu'à présent à avoir testé la biodégradation de nos produits sur des organismes aquatiques vivants et il s'avère que ces couverts sont sûrs pour l'environnement", dit la chercheuse.

Selon Robert Bajko, courtier chargé des innovations à l'École polytechnique, cette invention ne nécessite pas de technologie complexe ou de grands investissements. N'importe quel entrepreneur fabriquant des produits en plastique peut s'y lancer "du jour au lendemain", assure-t-il.

AFP/VNA/CVN

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