>>Le Portugais Mario Centeno quitte la présidence de l'Eurogroupe
>>Grèce: l'Eurogroupe doit "absolument" alléger la dette
De gauche à droite : le ministre des Finances du Luxembourg, Pierre Gramegna ; la ministre espagnole de l'Économie, Nadia Calvino ; et le ministre irlandais des Finances, Paschal Donohoe. |
Trois ministres, parmi les 19, se présentent à cette élection à l'issue indécise : l'Espagnole Nadia Calvino, qui appartient à un gouvernement de gauche, l'Irlandais de centre-droit Paschal Donohoe et le libéral luxembourgeois Pierre Gramegna.
Mme Calvino, longtemps favorite, bénéficie du soutien déterminant de l'Allemagne et de la France, les deux principales économies de la zone euro.
Mais plusieurs petits pays, Pays-Bas en tête, s'opposent frontalement à sa nomination, ce qui laisse une chance à l'un de ses outsiders.
Élu pour deux ans et demi, le chef de l'Eurogroupe fait partie de ceux dont la voix compte à Bruxelles, aux côtés des présidents des trois grandes institutions de l'UE -Ursula von der Leyen (Commission), Charles Michel (Conseil), David Sassoli (Parlement)- et du chef de la diplomatie Josep Borrell.
Il a pour mission de présider les réunions mensuelles des ministres, dont l'objectif est d'assurer la coordination des politiques économiques nationales.
La tâche s'est révélée essentielle lors de la crise de la dette grecque. Elle l'est tout autant au moment où les Européens tentent de relancer en commun des économies ébranlées par la pandémie de coronavirus: selon Bruxelles, le PIB des 19 pays ayant adopté la monnaie unique pourrait chuter de 8,7% en 2020.
Lors de l'élection, prévue en fin d'après-midi par visioconférence, chaque ministre disposera d'une voix par tour de scrutin. Le premier candidat à obtenir 10 voix sur 19 l'emportera.
En cas de victoire, Nadia Calvino, 51 ans, ancienne haute fonctionnaire de la Commission rompue aux arcanes de la bulle bruxelloise, deviendrait la première femme à présider l'Eurogroupe.
Elle peut compter sur le soutien de la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que celui de Paris.
"Nous partageons avec l'Espagne une même volonté d'une intégration plus forte de la zone euro", a déclaré jeudi 9 juillet le ministre français des Finances, Bruno Le Maire.
Carte à jouer
Mais "elle a aussi de grosses oppositions: les Néerlandais et leur camp, pour eux, c'est +plutôt mourir !+", tempère une source européenne.
Le Portugais Mario Centeno, l'ex-président de l'Eurogroupe, le 17 février à Bruxelles. |
Ses détracteurs jugent l'Espagnole inadaptée à un poste qui nécessite de forger des compromis entre les grands argentiers du Nord, adeptes de la discipline budgétaire, et ceux du Sud, à la réputation plus laxiste.
La question de sa nationalité est d'autant plus importante que les Européens sont en pleine négociation sur un plan massif de relance de l'économie de l'Union.
Or, deux fronts principaux s'opposent: les quatre pays dits "frugaux" -Pays-Bas, Autriche, ainsi que la Suède et le Danemark, hors zone euro- très réservés sur ce projet, et les pays du Sud, Espagne et Italie en tête, les grands bénéficiaires d'un plan qui prévoit un grand emprunt européen. "L'Espagne a une position très marquée en ce moment dans cette discussion", explique la source européenne.
Dans ce contexte, les deux autres candidats, jugés plus neutres, ont une carte à jouer. En particulier Paschal Donohoe, qui peut se targuer du "soutien total" du PPE, le parti qui réunit la droite au niveau européen.
L'Irlandais, 45 ans, est considéré comme un gestionnaire prudent, qui a ramené son pays dans le droit chemin budgétaire après une sévère récession. "Il a des chances sérieuses parce qu'il va être difficile pour Nadia Calvino d'obtenir 10 voix", avance un diplomate européen.
Quant à Pierre Gramegna, 62 ans, il a l'image d'un diplomate habitué aux compromis et à l'Eurogroupe, qu'il fréquente depuis 2013.
Il avait concouru fin 2017 face au Portugais Mario Centeno, qui quitte son fauteuil après un seul mandat d'une présidence jugée terne.
Le vote s'effectuera à bulletin secret, via une application sur ordinateur. Les candidats ne connaîtront que leur score, pas celui de leurs adversaires. À eux de décider ensuite s'ils abandonnent ou non. L'élu prendra ses fonctions le 13 juillet.