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Des visiteurs admirent une Ts Automobili M67 à Modène, en Émilie-Romagne, pendant le salon des voitures de luxe Motor Valley Fest. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Riche plaine agricole, "La terre des moteurs" (Terra dei motori en italien), petit territoire s’étendant sur environ 1.000 km² essentiellement entre Bologne et Modène, a vu s’élancer sur ses champs d’orge et de blé le cheval cabré de Ferrari et le taureau de Lamborghini.
Y sont aussi nés les constructeurs Maserati et Ducati, ainsi que d’autres moins connus et beaucoup plus élitistes, les fabricants de voitures Pagani et Dallara - fournisseur officiel de voitures du Championnat américain Indycar - ou encore le groupe Energica dont les motos électriques courent un championnat GP parallèle.
Chaque année - hors pandémie de COVID-19 -, le temps d’un week-end, toutes ces marques exposent leurs créations sur les places de Modène pour le plus grand bonheur des fans nombreux à faire des selfies à côté d’un bolide à deux ou quatre roues. Au panthéon des supercars, la Pagani se distingue notamment par son prix : 2,6 millions d’euros hors options...
Fondée en 1998 à San Cesario sul Panaro, près de Modène, par l’Argentin Horacio Pagani, passé auparavant par Lamborghini, la marque s’adresse à une clientèle de niche extrêmement restreinte. L’établissement est situé en banlieue de la petite bourgade de quelques milliers d’habitants, à proximité de champs agricoles et comprend un musée et l’atelier de production.
"Il nous faut entre huit et neuf mois pour construire une voiture et nous en produisons au total une quarantaine par an", explique Christopher Pagani, fils du fondateur et responsable communication de la marque.
L’espace où sont produites ces voitures ne s’appelle pas "usine" mais "atelier". Quelques dizaines de techniciens et d’ingénieurs, essentiellement jeunes, travaillent qui à la réalisation d’un volant, qui au nettoyage des moules servant à modeler la carrosserie, dans une ambiance feutrée de pharmacie où tout est en ordre et immaculé.
Une Ferrari F150 exposée à Toronto au Canada. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
Quarante types de fibre de carbone, du titane, de l’aluminium, tout est pensé pour rendre une Pagani la plus légère possible "mais la réflexion est engagée avec les clients" sur une éventuelle future Pagani électrique, plus lourde
en raison des batteries, souligne Christopher Pagani.
Lamborghini contre Ferrari
Dans ce pays d’élevages et de labours, l’après-guerre a vu arriver la mécanisation, les tracteurs, les machines agricoles. Ferruccio Lamborghini possédait une usine de tracteurs et... plusieurs Ferrari.
La légende raconte qu’un jour, l’industriel dit à Enzo, patron de la marque au cheval cabré. "Enzo, j’ai des problèmes avec tes voitures", ce à quoi ce dernier répondit : "Tu n’as qu’à les faire toi-même si tu n’aimes pas les miennes".
Cet échange, dont nul ne sait plus aujourd’hui s’il est authentique, donna naissance en 1963 à l’usine de voitures Lamborghini, 15 ans après celle des tracteurs. Ferrari n’est plus seul. L’Émilie-Romagne construit peu à peu sa réputation de pôle mécanique d’excellence.
"C’est un succès qui vient de loin, c’est le fruit de plusieurs générations", informe Andrea Corsini, "ministre" de l’Émilie-Romagne pour les transports, les infrastructures et le tourisme, venu à Modène.
Selon l’Observatoire économique Riparte l’Italia, la "Motor Valley" comprend plus de 16.000 entreprises, quatre circuits, six centres de formation de pointe, et emploie plus de 90.000 personnes.
"Au niveau des possibilités de travail, des contacts avec les entreprises, ici c’est le top", assure Emilio, 24 ans, étudiant en ingénierie des voitures, venu du Sud du pays pour poursuivre sa spécialisation à Modène.
Le secteur enregistre un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros par an, dont 7 milliards à l’exportation, et affiche une insolente santé. En 2021, Bugatti, Ferrari, Lamborghini, Bentley ou Porsche, entre autres, ont tous enregistré des résultats record.
La mythique Bugatti a elle aussi connu son heure de gloire dans la région, produisant au début des années 90 le célèbre modèle B110 GT, vendu à l’époque pour la modique somme de 500 millions de lires (environ 260.000 euros).
AFP/VNA/CVN