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Le président Emmanuel Macron fait une déclaration à la presse à son arrivée à l'aéroport de Cayenne, le 25 mars en Guyane. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les engagements qui avaient été pris" ont été "à la quasi totalité tenus", a affirmé le chef de l'État, de retour pour deux jours en Guyane après un premier déplacement en octobre 2017.
Tout en vantant les "moyens supplémentaires octroyés au territoire" dans "à peu près tous les domaines", Emmanuel Macron a défendu le bilan sécuritaire du dispositif "100% contrôle", qui a "permis de réduire drastiquement le trafic de stupéfiants" à l'aéroport, a-t-il assuré, avant de rencontrer policiers et gendarmes qui y interceptent chaque semaine 30 à 40 kilos de drogue.
À ses côtés, le président de la Collectivité territoriale de Guyane Gabriel Serville a déploré, lui, un "sentiment de discrimination" dans les contrôles, en évoquant un "délit de faciès".
Emmanuel Macron a assuré vouloir aborder "ce qui n'avance pas assez vite", promettant "des décisions rapides" dans le secteur de l'agriculture, alors qu'une forte "dépendance alimentaire" demeure dans des filières comme le bœuf et la volaille.
Il a ainsi fait de premières annonces au marché aux poissons.
Criminalité record
Interpellé, dans des échanges souvent directs, sur la concurrence déloyale de la pêche illégale, il a déploré la "prédation des voisins" et un "manque d'investissements". Il s'est engagé à multiplier les "opérations de démantèlement" et des destructions de navires saisis.
Le président a aussi annoncé des aides pour "renouveler au moins 25 bateaux" de pêche dès "cette année".
Dans l'après-midi, il s'est rendu dans une zone reculée de l'est, à Camopi, où est déployée une base militaire luttant contre l'orpaillage illégal, un "fléau" qui a coûté la vie à plusieurs militaires ces dernières années dont le major du GIGN Arnaud Blanc, tué dans la jungle il y a un an, jour pour jour, le 25 mars 2023.
Face à ces chercheurs d'or clandestins, le président s'est montré ouvert à l'installation d'une filière "d'orpaillage légal" dans "certains endroits", avec l'objectif d'occuper certains sites pour "réduire l'activité" illégale.
Il a demandé qu'on lui présente sous trois mois une "approche opérationnelle améliorée", et promis de "bâtir" une "nouvelle stratégie transfrontalière" sur ce dossier avec le Brésil voisin, où il se rendra mardi 26 mars pour rencontrer son homologue Luiz Inacio Lula da Silva.
Sa visite de 2017 en Guyane est restée dans les annales. Il avait dit ne pas être "le Père Noël" en réponse à une question sur la création d'un hôpital.
Cette petite phrase, lâchée six mois après une grève générale qui avait paralysé la Guyane, est ancrée dans la mémoire collective des Guyanais, qui ont voté à 60% pour la candidate du Rassemblement national face à Emmanuel Macron à la dernière présidentielle.
La criminalité record qui frappe la Guyane est le défi numéro un sur place, où une soixantaine d'homicides ont été recensés l'an dernier, soit plus de 20 pour 100.000 habitants et près de quinze fois plus que la moyenne nationale.
À Kourou mardi 26 mars
Le président Emmanuel Macron (droite) salue des habitants place des Palmistes, à Cayenne, le 25 mars en Guyane. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un dîner de travail avec les élus guyanais doit permettre d'évoquer les "évolutions" institutionnelles "potentielles". Un rendez-vous qui sera boycotté par les députés rattachés à la Nupes Davy Rimane et Jean-Victor Castor, qui refusent d'évoquer l'avenir de la Guyane "entre le dessert et le digestif, sur le pouce, en coup de vent".
Les élus locaux revendiquent une marche vers l'autonomie inspirée de l'exemple corse.
M. Macron, de son côté, est resté prudent sur la question avant le dîner, se disant "ouvert" à de nouvelles adaptations si elles sont "au service d'un projet de territoire dans la République".
La question du désenclavement sera également sur la table. Grande comme le Portugal, la Guyane ne compte que 400 km de routes nationales et des communes isolées sont privées de desserte aérienne.
Avant de se rendre au Brésil, M. Macron ira mardi 26 mars à Kourou, pour "donner de nouvelles perspectives" au centre spatial créé il y a 60 ans par le général de Gaulle.
AFP/VNA/CVN