Accord de prévention des pandémies : la date butoir approche, les écueils restent

Les négociations pour mieux préparer le monde à une future pandémie entrent dans leur dernière ligne droite mais les écueils restent nombreux avant de s'assurer que la prochaine grande crise sanitaire sera combattue ensemble.

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Une femme écrit sur le mur commémoratif national dédié aux victimes du COVID, le 3 mars à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

La dernière semaine de négociations prévue pour le moment débute ce lundi à Genève, où les pays membre de l'Organisation mondiale de la santé tentent de mettre au point un texte qui évite de répéter les erreurs mortelles et coûteuses qui ont marqué la pandémie de COVID-19.

Pour empêcher les millions de morts et les milliers de milliards de pertes économiques, les pays membres ont décidé en décembre 2021 d'élaborer un texte contraignant pour éviter de reproduire la catastrophe. Et ils se sont donné jusqu'à mai de cette année pour l'adopter lors de l'Assemblée mondiale de la santé.

Mais après deux années et les traumatismes de la pandémie qui s'estompent déjà, d'importants points de friction subsistent. Le neuvième et dernier cycle de négociations s'est ouvert le 18 mars et se poursuivra jusqu'à jeudi 28 mars, mais conclure un accord supposera de sérieux compromis.

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors du sommet des gouvernements mondiaux à Dubaï, le 12 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les diplomates insistent sur leur volonté de conclure un accord, mais les différents camps semblent encore très éloignés les uns des autres. "Tout le monde devra donner quelque chose, sinon personne n'obtiendra rien", a prévenu le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"Critique pour l'humanité"

Les pays européens veulent que davantage d'argent soit investi dans la prévention, tandis que les pays africains -laissés au bord de la route pendant le COVID - veulent le savoir-faire et les financements mais aussi un accès adéquat aux tests, aux vaccins et autres traitements.

Les États-Unis, eux, veulent une garantie de transparence et le partage rapide de données sur toute éruption d'une maladie inconnue. De l'avis des spécialistes, la Chine a trop tardé en décembre 2019 à partager les informations sur le COVID-19 et très vite il a été trop tard.

Il n'est pas impossible qu'il faille prolonger les négociations pour conclure."Nous savons tous qu'il reste des domaines critiques sur lesquels vous n'avez pas encore atteint de consensus", a déclaré le docteur Tedros, lors de l'entame du dernier round de négociations.

"Vous êtes d'accord sur ce que vous essayez d'atteindre (...) vous devez maintenant vous mettre d'accord sur la manière d'atteindre ces objectifs", a-t-il déclaré, l’enjeu n’étant rien moins qu'"essentiel pour l'humanité".

Pas "se dégonfler"

Les principaux sujets encore en discussion sont notamment l'accès aux agents pathogènes émergents, une meilleure prévention et une meilleure surveillance des épidémies, un financement fiable et le transfert de technologie vers les pays les plus pauvres.

Le succès ou l'échec lors de la prochaine pandémie pourrait dépendre dans une large mesure de la capacité de l'industrie pharmaceutique à proposer les vaccins, les tests et les traitements nécessaires.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les deux coprésidents de l'organisme de négociation intergouvernemental ont sonné l’alarme : "Il est temps de trouver des compromis", a souligné le Néerlandais Roland Driece à l'ouverture du dernier cycle de discussions, et le Sud-Africain Precious Matsoso a été encore plus direct : "Vous ne pouvez pas vous dégonfler maintenant".

Le succès ou l'échec lors de la prochaine pandémie pourrait dépendre dans une large mesure de la capacité de l'industrie pharmaceutique à proposer les vaccins, les tests et les traitements nécessaires – et, surtout, de la manière dont ils seront ensuite distribués.

Thomas Cueni, directeur général de la Fédération internationale des associations et fabricants de produits pharmaceutiques (IFPMA), a mis en garde contre toute tentation de coercition. "Cela ne fonctionne que si c'est volontaire et basé sur des conditions mutuellement convenues", a-t-il déclaré.

Pour le chef de l'IFPMA, le transfert de technologie a atteint un niveau sans précédent pendant le Covid et le texte négocié ne va pas dans le bon sens : "Je crains que cela ne crée de gros obstacles" la prochaine fois, avance-t-il.

"Plus petit dénominateur commun"

Les ONG qui luttent pour plus d'équité sanitaire sont très préoccupées par la direction que prend le texte.

Michael Ryan, responsable des situation d'urgence à l'OMS.
Photo : AFP/VNA/CVN

K. M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network, souligne qu'en échange d'engagements contraignants sur le partage des agents pathogènes, les pays en développement veulent bénéficier des fruits de ce partage : vaccins et diagnostics. Mais, selon lui, tout ce qui touche à l'équité a été "mis à l'écart systématiquement".

Pour Rachael Crockett, de l'initiative Médicaments contre les maladies négligées, il existe un risque de conclusion d'un accord précipité qui "pourrait nous laisser avec le plus petit dénominateur commun". L'enjeu est pourtant crucial pour les générations futures.

"Ce n'est pas un vieux document poussiéreux qui se trouvera quelque part sur une étagère", a souligné Michael Ryan, le responsable des situation d'urgence à l'OMS. Parce que la prochaine pandémie viendra très certainement.

AFP/VNA/CVN





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