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Des enseignants se soumettent à des tests PCR avant la rentrée scolaire, le 1er septembre à Ronda, dans le sud de l'Espagne. |
"Pour apprendre tu as toute la vie, mais la santé tu n'en n'a qu'une", s'agace Aroa Miranda, mère de deux garçons de 8 et 3 ans qui ne les remettra pas à l'école cette semaine à Castellon de la Plana (Est). "Ils sont en train de faire une expérience pour voir ce qu'il va se passer, comme avec des cochons d'Inde", s'indigne cette femme de 37 ans au chômage.
"Pour mon fils de 8 ans, j'essaierai d'inventer des excuses, dire qu'il est malade", explique Aroa alors que la scolarité est obligatoire dans le pays de 6 à 16 ans. Elle a désinscrit son autre fils, âgé de 3 ans. Selon elle, le masque obligatoire à l'école dès 6 ans, à tout moment, et les mesures de distanciation, ne suffiront pas. "Si je n'ai pas le droit de réunir plus de dix personnes chez moi, je ne comprends pas pourquoi mon fils devrait être avec 25 enfants dans une classe", s'étonne-t-elle.
"Pas de risque zéro"
Depuis plusieurs semaines, manifestations et pétitions de parents se multiplient en Espagne pour demander plus de garanties sanitaires dans les écoles. D'après une enquête internationale de l'institut Ipsos publiée fin juillet, l'opinion espagnole est a contre-courant de ses voisins européens.
Une majorité de sondés en Espagne est en faveur d'une diminution du nombre de jours de cours présentiels, et un quart préférerait attendre "entre 4 et 6 mois" avant de renvoyer les enfants à l'école. Face à l'inquiétude, les autorités oscillent entre messages rassurants et menaces de sanctions. "Les écoles sont bien plus sûres que les autres endroits même s'il n'y a pas de risque zéro dans une épidémie", a ainsi insisté mardi 1er septembre le chef du gouvernement Pedro Sanchez, "mais il y a un risque que nous devons éviter : l'exclusion sociale".
"Les enfants ne peuvent pas vivre dans des bulles", a plaidé l'épidémiologiste en chef du ministère de la Santé, Fernando Simon. "Ils peuvent aussi bien attraper (le virus) au parc, ou quand ils vont voir leurs cousins ou par leur père qui s'est contaminé au travail".
Des enseignants assistent à un briefing sur la sécurité sanitaire avant la rentrée scolaire, le 1er septembre à Ronda, dans le Sud de l'Espagne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans un pays où près d'un quart de la population vit sous le même toit qu'un proche de plus de 65 ans, selon le sondage d'un institut public de 2018, de nombreux parents craignent d'exposer leurs aînés.
"Je veux respecter la loi, mais entre sauver la vie de mes parents et de mes grands-parents, et emmener mes enfants à l'école, il n'y a pas d'hésitation", confie Pablo Sanchez dans son salon à Madrid, entouré de ses cinq enfants qu'il préfère ne pas envoyer à l'école.
"Qu'ils me mettent une amende"
Aroa craint aussi les conséquences économiques d'une contamination d'un de ses enfants. "Si on doit se confiner à la maison 15 jours à cause de l'école, mon mari ne percevra rien", explique-t-elle.
En réponse, le ministre de la Sécurité sociale, José Luis Escriva, a évoqué vendredi 4 septembre la possibilité d'indemniser également les parents d'enfants en quarantaine préventive dont le test est négatif. Le spectre des sanctions plane aussi sur les familles réfractaires. Le responsable de l'éducation de la région de Madrid a ainsi mis en garde fin août contre une possible peine de "un à trois ans de prison". "C'est la question que l'on nous pose le plus en ce moment", explique Pedro Caballero, président de la Confédération catholique des parents d'élèves, mais "nous ne savons pas y répondre pour l'instant" face au flou juridique.
La ministre de l'Éducation, Isabel Celaa, a commandé un rapport sur la question sans écarter de possibles sanctions. "L'éducation est un droit de l'élève, et non des parents" et "c'est une obligation des pouvoirs publics de faire respecter ce droit", a-t-elle averti dans le quotidien El Pais. "Qu'ils me mettent une amende, pour moi le plus important, ce sont mes enfants", rétorque Aroa.