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Weikko Wirta, directeur des opération de AES Southland, devant une rangée de batteries au lithium à Long Beach en Californie, le 16 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans son centre de Long Beach, occupé par des rangées de milliers de batteries ressemblant à une ferme de serveurs informatiques, le directeur des opérations du fournisseur d'électricité AES, Weikko Wirta, a vu son installation de 400 MW, l'une des plus importantes de l'État, tourner à plein régime pendant la canicule.
"Les batteries sont intervenues et (...) ont joué un rôle essentiel" lors de la dernière vague de chaleur, explique le directeur des opérations du fournisseur d'électricité AES, aux commandes de cette nouvelle usine depuis 2021.
Grâce à elles, l'entreprise a pu stocker l'énergie solaire produite en journée et la redistribuer en soirée pour "combler le trou entre 16-17h00 et 22h00", lorsque la chute de l'offre photovoltaïque au coucher du soleil et la demande record de climatisation risquaient de provoquer un effondrement du réseau électrique.
En août 2020, une vague de chaleur brutale touchant l'ensemble de l'Ouest américain avait forcé la Californie, pionnière des énergies renouvelables, à couper le courant à 800.000 foyers et entreprises sur certaines plages horaires pendant deux jours. Du jamais-vu depuis quasiment 20 ans.
Face au retour des températures extrêmes cette année, de telles coupures volontaires ont été évitées de justesse début septembre, notamment grâce à la course lancée pour remplir les objectifs climatiques de la Californie.
L'État vise une production d'énergie 100% neutre en carbone d'ici 2045. Entre 2020 et 2022, il a multiplié par dix sa capacité de stockage d'énergie sur batteries, selon sa commission de l'énergie.
Le 5 septembre, au pic de la vague de chaleur, les batteries ont ainsi pu produire 3.300 mégawatts en soirée, selon le régulateur du réseau électrique California ISO.
"C'est plus que la centrale nucléaire de Diablo Canyon, qui est la plus grosse centrale électrique de l'État et produit environ 2.200 mégawatts", analyse Mike Ferry, chercheur à l'université de San Diego.
Technologie du "futur"
Des conteneurs de stockage d'énergie et des panneaux solaires à l'univesité de San Diego en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"À peine perceptible" lors de la précédente canicule en 2020, cette technologie s'est imposée comme "une clé pour permettre à l'État d'éviter les coupures de courant", en fournissant la marge d'énergie manquante au réseau. Elle représente "le futur de ce à quoi va ressembler notre réseau électrique", insiste-t-il.
La Californie reste encore très dépendante du gaz naturel, et a dû importer de l'électricité d'autres Etats américains pour supporter la dernière vague de chaleur. Les autorités ont aussi multiplié les alertes pour réduire la demande.
Plusieurs soirs d'affilée, les habitants ont été priés de ne pas régler la climatisation sous 25,5°C ou d'éviter de recharger leurs véhicules électriques pendant la plage horaire la plus critique.
De quoi relancer le débat sur la transition énergétique aux États-Unis. Nombre de responsables républicains ont raillé l'État démocrate, en attribuant la faiblesse du réseau californien aux énergies renouvelables et à leur production intermittente.
Mike Ferry, chercheur à l'université de San Diego, montre un ensemble de batterie au lithium, à La Jolla en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"La transition énergétique à marche forcée met en danger la fiabilité du réseau électrique", a taclé sur Twitter, Kevin McCarthy, le chef du parti conservateur à la Chambre des représentants.
"Au lieu de critiquer les énergies renouvelables, nous devrions mettre en avant la valeur du stockage sur batteries", rétorque Eric Fournier. Chercheur à UCLA, l'universitaire souligne l'intérêt de cette technologie capable d'emmagasiner l'énergie propre produite par le solaire et l'éolien.
Alors que les vagues de chaleur et les phénomènes météorologiques extrêmes sont appelés à devenir de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique, "s'attaquer à la source du problème, en arrêtant d'émettre des gaz à effet de serre, est la seule solution rationnelle", plaide-t-il.
Pour lui, l'autre enseignement de cette vague de chaleur reste la facilité avec laquelle les Californiens ont volontairement réduit leur usage d'électricité en soirée. Un constat d'autant plus intéressant que l'État développe actuellement des programmes pour rétribuer les consommateurs qui limitent leur consommation.
Plutôt que de chercher à équiper le réseau avec suffisamment de batteries pour gérer des pics de demande passagers, "payer les gens pour ne pas demander d'électricité pendant un petit nombre d'heures pourrait être une meilleure option dans de nombreux cas".
AFP/VNA/CVN