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Anton Bodner, responsable de la Compagnie gestionnaire de la station de skis de Kitzbühel, le 27 novembre en Autriche. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans la station de Kitzbühel connue pour sa mythique descente de Coupe du monde, comme dans le reste du massif, la flambée des prix se fait fortement ressentir. La facture est élevée pour faire tourner les remontées mécaniques et les canons à neige, gourmands en énergie.
Ces derniers s'activent à fond dès l'aube pour stocker le plus de flocons artificiels possibles et profiter des tarifs actuels des contrats d'électricité, avant la révision à la hausse attendue en 2023. "Nous estimons que nos coûts vont au moins doubler cette saison", s'inquiète Anton Bodner, responsable de la compagnie gestionnaire.
Et "nous n'avons pas d'autre choix que de répercuter ces prix plus élevés sur nos clients", dit-il. Le billet d'entrée a ainsi grimpé de 10% cette année. La station a également réduit ses horaires, démarrant plus tard et fermant plus tôt, et limité la capacité des télésièges pour en réduire le poids.
Privations
Pour l'heure, seules quelques pistes sont accessibles. L'ouverture générale a dû être repoussée à décembre du fait du fait du manque de neige après un automne particulièrement clément. Devant ces défis, le secteur - qui pesait 3,9% du PIB national avant d'être affecté par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 - veut garder le moral. Mais les économistes mettent en garde contre l'impact de l'inflation.
Certains ménages envisagent de renoncer à leurs vacances d'hiver pour cette raison, commente Oliver Fritz, de l'institut Wifo, en se basant sur un sondage réalisé auprès de 1.000 personnes en Autriche et en Allemagne. "Pour ceux qui prévoient toujours de partir, ils sont soucieux de dépenser moins" : sortir peu au restaurant, raccourcir la durée du séjour ou chercher un logement bon marché, autant de pistes privilégiées.
Klaus Bernert, le skieur de 58 ans croisé à Kitzbühel, se contentera par exemple "d'un schnitzel par semaine au lieu de deux". "Tout est devenu 20 à 30% plus cher. Si cela continue à ce rythme, nous ne pourrons plus nous permettre de skier", confie-t-il, espérant ne pas être forcé de "renoncer à ce plaisir".
Un télésiège transporte les skieurs en haut des pistes à la station de Kitzbühel, le 27 novembre en Autriche. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Entre l'achat de l'équipement et des tickets pour lui et un autre skieur de sa famille, il a déjà déboursé cette année "deux à trois mois de salaire". Sabine Huber, qui habite dans le coin, préfère elle s'adonner au ski de randonnée, un sport qui ne nécessite pas d'emprunter les remontées. "J'ai de la chance, cela me revient moins cher. Bien sûr, j'en connais beaucoup qui hésitent à acheter un forfait", témoigne-t-elle.
Danger climatique
De quoi accélérer la désaffection des Autrichiens pour le ski, toujours plus onéreux au fil des ans.
La prise de conscience écologique éloigne aussi certains de cette pratique, devenue une gageure avec le réchauffement climatique qui a réduit la durée d'enneigement annuelle de 40 jours en moyenne depuis 1961, selon l'institut de météorologie ZAMG.
Sans mesures pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, elle pourrait encore "diminuer de 25% d'ici à 2100 entre 1.500 et 2.500 m d'altitude".
L'enjeu est crucial pour l'économie autrichienne, qui pourrait perdre "dix milliards d'euros si le tourisme hivernal était sévèrement touché par le changement climatique", avertit l'économiste de Wifo. En attendant le couperet, Kitzbühel tente de défier la nature.
"Les stations ne peuvent plus être viables sans neige artificielle, car l'industrie du tourisme a tout simplement besoin de prévisibilité et de fiabilité", insiste Anton Bodner. C'est le seul moyen de "garantir à nos clients du ski de début décembre à avril".
AFP/VNA/CVN