En Arabie saoudite, des femmes pilotent des trains pour La Mecque

Dans l'Ouest de l'Arabie saoudite, des pèlerins musulmans se rendent à la ville sainte de La Mecque à bord d'un train à grande vitesse conduit par une femme, sur fond de réformes sociales dans ce pays ultraconservateur qui cherche à accroître sa main-d'œuvre féminine.

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La conductrice saoudienne Tharaa Ali dans le wagon d'un train à grande vitesse, le 22 janvier dans la ville de Jeddah (Ouest).
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans la riche monarchie du Golfe qui suit une application rigoriste de la loi islamique, les femmes n'ont obtenu le droit de conduire qu'en 2018. Mais, à 25 ans, Tharaa Ali a voulu passer à la vitesse supérieure, après s'être contentée de sillonner, avec la berline familiale, sa ville natale de Jeddah, près de La Mecque.

"Le premier jour de travail ici a été comme un rêve pour moi : entrer dans le train, dans la cabine", confie cette ancienne prof d'anglais.

Tharaa Ali figure parmi les 32 nouvelles conductrices retenues par les autorités sur une liste de 28.000 candidates.

Objectif de la mission : parcourir en deux heures les 450 km séparant les villes saintes de La Mecque et de Médine à une vitesse pouvant atteindre 300 km par heure.

La jeune Saoudienne a d'abord pris "peur". "Mais Dieu merci, avec le temps et une formation intensive, j'ai pris confiance en moi", raconte-t-elle.

La part des femmes saoudiennes dans la population active a plus que doublé depuis 2016, passant de 17% à 37%, à la faveur du nouveau discours officiel plus favorable à l'inclusion des femmes, promu par le prince héritier Mohammed ben Salmane dont le pouvoir réprime parallèlement les militantes féministes.

"Aucune différence

La Saoudienne Raneem Azzouz conduit un train à grande vitesse, le 22 janvier dans la ville de Jeddah (Ouest).
Photo : AFP/VNA/CVN

Le taux de chômage des Saoudiennes reste néanmoins élevé, atteignant 20,5% l'an dernier, contre 4,3% pour les hommes, poussant les autorités à privilégier l'embauche de leurs citoyennes au détriment des nombreux immigrés qui, jadis, effectuaient les métiers les moins qualifiés.

Le "défi" qui était d'abord "d'encourager des femmes à rejoindre la population active" ayant été relevé, il s'agit désormais de "créer un nombre suffisant d'emplois pour les milliers de Saoudiennes qui entrent sur le marché du travail", explique Meshal Alkhowaiter, économiste saoudien basé aux États-Unis.

Mais certains usagers restent à convaincre. À la fin d'un voyage à Médine, une passagère a refusé de croire que les femmes pouvaient conduire un train jusqu'à ce qu'elle le voie de ses propres yeux, raconte Raneem Azzouz, une conductrice récemment recrutée.

"Elle a dit : +franchement, quand j'ai vu l'offre d'emploi, j'étais totalement contre. J'ai dit que si ma fille devait me conduire, je ne monterais pas avec elle+", se souvient la jeune femme.

Une fois le voyage terminé, la passagère sceptique l'a félicitée, l'assurant qu'elle n'avait ressenti "aucune différence" par rapport à la conduite masculine.

Les conductrices sont "hautement qualifiées et ont prouvé leur valeur pendant leur formation", se réjouit auprès de l'AFP Rayan al-Harbi, vice-président de la Saudi Railway Company, l'entreprise publique des chemins de fer.

"C'est la preuve que les femmes saoudiennes ont toutes leurs capacités lorsqu'on leur donne les moyens de remplir les mêmes fonctions que leurs frères", poursuit le responsable.

AFP/VNA/CVN

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