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Le théâtre d'Oberammergau, dans le sud de l'Allemagne, où se joue la pièce sur la passion du Christ, le 4 mai. |
Sur les 5.500 habitants de cette bourgade alpine, 1.400 d'entre eux - bébé ou octogénaire - participent à un spectacle unique en son genre en hommage au Christ.
Tout a commencé pendant la guerre de trente ans : les habitants promettent de jouer tous les dix ans le "Jeu de la Passion", qui raconte les dernières heures de Jésus, pour bannir la peste meurtrière.
Après la première représentation en 1.634 du martyre, de la mort et de la résurrection du Christ, le fléau disparut, raconte l'histoire.
Depuis, leurs descendants ont scrupuleusement renouvelé ce vœu, bravant les interdits du siècle des Lumières, les guerres ou les épidémies comme récemment la pandémie de COVID qui a reporté de deux ans le spectacle.
Pourquoi la tradition a-t-elle perduré au fil des siècles ? "Je crois que nous sommes un peu obstinés", plaisante Frédéric Mayet, 42 ans, qui interprète Jésus pour la deuxième fois.
"Mais surtout nous nous identifions très fortement" au Jeu de la Passion, ajoute cet homme au regard bleu et aux cheveux blonds mi-longs.
"Je me souviens qu'on en parlait au jardin d'enfant. Sans bien savoir de quoi il s'agissait, je voulais bien sûr participer !", raconte Cengiz Görür, jeune homme d'origine turque de 22 ans qui incarne Judas.
De 3 mois à 85 ans
À Oberammergau, Jésus et ses disciples sont des superstars : on les voit sur les façades peintes des vieilles maisons, dans les magasins entreposant des statues en bois sculpté, une autre tradition de ce village de carte postale.
Représentation de la pièce sur le Christ au théâtre de Oberammergau, dans le sud de l'Allemagne, le 4 mai. |
Dans la rue aussi, où l'on croise actuellement, au milieu des touristes, un nombre très supérieur à la moyenne d'hommes barbus aux cheveux longs.
Et sur la scène à ciel ouvert du théâtre, où se tient de la mi-mai jusqu'au 2 octobre la nouvelle édition du "Jeu de la Passion".
Seules conditions pour participer au spectacle de 5 heures au total, comme acteur, choriste ou en coulisse : être né à Oberammergau ou y vivre depuis au moins 20 ans.
"Ce qui m'a toujours fasciné, ce sont la qualité des rapports entre tous les participants, jeunes et vieux, c'est une belle communauté, une sorte de famille de la +Passion+", témoigne Walter Lang, un "vétéran" de 83 ans, regrettant que son épouse, décédée en février, manque à l'appel.
Les générations s'y succèdent, des familles s'y créent. "Mes parents se sont rencontrés lors d'un Jeu de la Passion, et j'y ai aussi rencontré ma future épouse", témoigne Andreas Rödl, maire du village et choriste.