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Un casque et une photo des Harlem Hellfighters exposés au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines à Washington, le 14 septembre 2016. |
Un casque et une photo des Harlem Hellfighters exposés au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines à Washington, le 14 septembre 2016. Photo: AFP/VNA/CVN |
Communément, on associe l'introduction de cette musique syncopée à l'arrivée sur les côtes françaises, en décembre 1917, du 369e régiment d'infanterie dans lequel se trouvaient les Harlem Hellfighters, des musiciens noirs dirigés par le lieutenant James Reese Europe.
"Cet événement a marqué les consciences. Ils ont joué, dans chaque gare où ils faisaient ensuite étape, quelque chose que la plupart des Français n'avaient jamais encore entendu", souligne le compositeur et musicologue Laurent Cugny.
"Ce qui a été aussi perçu comme nouveau, c'est que c'étaient des Noirs qui jouaient. Au-delà du racisme, c'était une étrangeté forte pour l'époque", ajoute-t-il.
Si c'est à Nantes le 12 février 1918 que les Harlem Hellfighters ont donné au théâtre Graslin le premier concert officiel de jazz en Europe, il faut remonter au tout début du siècle pour voir les balbutiements de cette esthétique sur le vieux continent.
"C'est un ensemble de musiques qui commence à arriver en 1912-1913 sous forme de partitions en provenance de Londres, puisque les éditeurs britanniques ont des accords avec les Français", rappelle Bertrand Dicale, spécialiste des musiques populaires, qui ajoute qu'"entre 1900 et 1914, quatre millions de pianos se vendent en France".
Ce nouveau courant touche logiquement les compositeurs de musique savante, tels Erik Satie, qui intègre un ragtime dans son ballet "Parade" (1917), Igor Stravinski, Maurice Ravel et Darius Milhaud.
"Ils sont en réaction au +wagnérisme+ et au +debussysme+, au côté sublime, grandiloquent du premier et au côté impressionniste, trop éthéré du second. Ce qu'ils aiment dans cette nouvelle musique, c'est son rythme, sa vigueur, même si finalement ils s'en désintéresseront vite", explique Laurent Cugny.
En revanche, les vedettes du music-hall naissant contractent bel et bien le virus. C'est le cas de Maurice Chevalier, qui a aussi découvert le ragtime sur partitions en 1914, alors affecté au 35e régiment d'infanterie à Belfort, et qui grave dès 1920 un morceau intitulé "Les Jazz Bands" sur un de ses premiers enregistrements.
AFP/VNA/CVN