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Sous le mandat de François Hollande, M. Le Roux est le cinquième ministre poussé à la démission. |
À un mois d'une présidentielle déjà marquée par les soubresauts de l'affaire Fillon, ce ministère stratégique - face à la menace jihadiste comme pour l'organisation du scrutin - revient au secrétaire d'État au Commerce extérieur. La passation de pouvoirs avec ce soutien du candidat socialiste Benoît Hamon - et qui du coup quitte son équipe de campagne - se tiendra mercredi 22 mars à 8h30.
Titulaire du poste depuis le 6 décembre 2016, Bruno Le Roux a vu son sort vite scellé. Le parquet national financier (PNF) avait annoncé dans la journée l'ouverture d'une enquête préliminaire, confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff).
Sous le mandat de François Hollande, M. Le Roux est le cinquième ministre poussé à la démission, après Jérôme Cahuzac, Yamina Benguigui, Thomas Thévenoud et Kader Arif.
"J'affirme mon honnêteté dans les rapports humains comme dans tous mes actes politiques", a lancé M. Le Roux, visage fermé, dans une déclaration à la presse faite en fin d'après-midi à Bobigny, depuis la préfecture de Seine-Saint-Denis, son fief électoral.
Un peu plus tôt, il avait été reçu à l'Élysée par François Hollande en compagnie de Bernard Cazeneuve. Mais, selon l'entourage de M. Hollande, le président et le Premier ministre s'étaient fait leur "conviction" dès lundi soir 20 mars sur une démission de M. Le Roux.
Avant même l'annonce de l'enquête du PNF, le Premier ministre avait d'ailleurs adressé un message limpide. "Lorsqu'on est attaché à l'autorité de l'Etat, on est impeccable face aux institutions et aux règles qui les régissent", a affirmé M. Cazeneuve, sans toutefois évoquer directement la polémique.
"Chacun son tour"
Selon Quotidien, l'émission de TMC qui a révélé l'affaire, l'ex-ministre, à l'époque député, a employé ses filles, alors qu'elles étaient lycéennes puis étudiantes, en cumulant respectivement 14 et 10 CDD entre 2009 et 2016, pour un montant total de quelque 55.000 euros. Elles n'avaient, lors des premiers contrats, que 15-16 ans.
Certains CDD ont pu avoir lieu en même temps que des stages en entreprise ou sur le temps universitaire, à l'été 2013 pour l'une des filles, 20 jours en mai 2015 pour l'autre, selon l'émission de Yann Barthès.
"Un parlementaire ne doit pas utiliser son crédit collaborateurs pour donner de l'argent de poche à ses enfants", a fustigé l'association anticorruption Anticor.
Dans le reportage, le ministre a reconnu leur embauche ponctuelle "sur des étés, notamment, ou des périodes de vacances scolaires" mais s'est défendu d'un "amalgame" avec l'affaire Fillon.
"Ces contrats ponctuels et officiels, conformes aux règles juridiques des services de l'Assemblée nationale, correspondaient tous bien sûr à des travaux effectivement réalisés", a assuré M. Le Roux à Bobigny.
Fin janvier, Le Canard enchaîné a révélé que l'épouse de François Fillon, Penelope, avait été rémunérée comme assistante parlementaire de son mari pendant de nombreuses années. Le PNF avait, dans les 24 heures, ouvert une enquête notamment pour "détournement de fonds publics" sur ces soupçons d'emplois fictifs, ensuite élargie à deux enfants du couple qui ont également été assistants parlementaires de leur père.
"Il devrait y avoir une règle simple", l'emploi d'un conjoint par un parlementaire "ne devrait pas être autorisé", "ça peut prêter à suspicion", avait alors réagi Bruno Le Roux, dénonçant "les turpitudes de François Fillon".
"Chacun son tour", a lâché mardi 21 mars un proche du candidat de la droite à la présidentielle, sous couvert d'anonymat.
Les révélations ont fait vaciller la candidature de François Fillon mais, malgré une mise en examen intervenue rapidement, l'ex-Premier ministre a finalement résisté. Lundi soir 20 mars, il avait dénoncé lors du débat télévisé avec les autres principaux candidats une "justice TGV" le concernant.
AFP/VNA/CVN