Émeutes en France : rassemblements "civiques" devant les mairies, une accalmie se dessine

Des rassemblements "civiques" se sont tenus lundi 3 juillet à la mi-journée devant de nombreuses mairies de France pour dénoncer la vague actuelle de violences urbaines, en nette décrue toutefois la nuit précédente.

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Elisabeth Borne (droite) aux côtés de la préfète du Val-de-Marne, Sophie Thibault (gauche), et du maire de L'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun (2e à gauche), dans cette commune de la banlieue sud de Paris, le 2 juillet. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Dimanche 2 juillet, l'Association des maires de France (AMF) avait appelé à "une mobilisation civique pour un retour à l'ordre républicain", quelques heures après une violente attaque à la voiture-bélier ayant visé le domicile d'un maire de la région parisienne et causé une indignation générale.

L'association a mis l'accent sur "les troubles graves" ciblant depuis le 27 juin, "avec une extrême violence, les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales".

Des émeutes nocturnes ont éclaté le 27 juin, jour de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué d'un tir à bout portant par un motard de la police, lors d'un contrôle routier. La scène a été capturée par une vidéo amateur.

Recherché depuis le drame, un passager de la voiture conduite par Nahel - le troisième occupant du véhicule - s'est présenté lundi à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices) où il était entendu en fin de matinée, a appris l'AFP de source proche du dossier.

Après cinq nuits de violences urbaines, celle de dimanche 2 à lundi 3 juillet a marqué un reflux des violences, avec un nombre d'interpellations (157 contre plus de 1.300 dans la nuit de vendredi 30 juin à samedi 1er juillet) et d'incendies en nette baisse, et sans incident majeur signalé.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait reconduit dimanche 2 juillet un dispositif de 45.000 policiers et gendarmes sur tout le territoire, a estimé lundi 3 juillet que "l'ordre" était "en train d'être rétabli".

Le président Macron lui a néanmoins demandé de maintenir une "présence massive" sur le terrain pour garantir le "retour au calme".

De jeunes émeutiers

Le chef de l'État, qui a annulé ce week-end une visite en Allemagne, doit recevoir les présidents des deux Chambres du Parlement lundi 3 juillet, puis les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences mardi 4 juillet.

Selon ses services, il souhaite que soit mené "un travail minutieux (...) pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements" dans lesquels de très jeunes adolescents sont impliqués.

La moyenne d'âge des personnes interpellées est de 17 ans, avec parfois des adolescents 12-13 ans, selon les autorités.

Malgré le retour au calme engagé ce week-end, le dispositif policier des jours précédents est maintenu pour la nuit du 3 au 4 juillet, soit 45.000 policiers et gendarmes, a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne, après avoir reçu les groupes politiques à Matignon. 
Photo : EPA/VNA/CVN

Soixante pour cent des personnes interpellées entre mardi 27 juin et dimanche 2 juillet n'étaient pas connues de la police.

La première ministre Elisabeth Borne recevra, elle, lundi après-midi 3 juillet les représentants de l'ensemble des groupes politiques au Parlement.

Dimanche 2 juillet, elle a assuré que le gouvernement ne laisserait "passer aucune violence" et promis "la plus grande fermeté" dans les sanctions, après l'attaque du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, absent au moment des faits mais dont l'épouse a été blessée en prenant la fuite avec ses deux enfants.

Une enquête a été ouverte pour "tentative d'assassinat".

Dans le Centre-Est du pays, la municipalité de la petite ville de Charly a de son côté rapporté qu'un dispositif destiné "sans ambiguïté" à provoquer un feu avait été retrouvé dimanche 2 juillet au domicile du maire.

Lundi 3 juillet, en soutien notamment au maire de L'Haÿ-les-Roses, élus, employés de mairie et citoyens se sont rassemblés par petits groupes partout en France : 100 personnes à Nanterre, 200 à Toulouse (Sud-Ouest), 300 à Brest (Nord-Ouest) ou Mons-en-Baroeul (Nord).

"Depuis mardi les nuits ont été difficiles pour les habitants (...) Les violences qui se sont succédé sont inacceptables", a lancé le maire de Nanterre Patrick Jarry lors du rassemeblement.

Apaisement

"Le temps est à l'apaisement", a insisté l'édile en saluant un appel au calme dimanche 2 juillet de la grand-mère de Nahel, Nadia, qui a exhorté les émeutiers à ne pas casser "les vitrines", "les écoles", "les bus".

Elle a aussi demandé que l'auteur du tir mortel - inculpé pour homicide volontaire et écroué - paie pour son geste "comme tout le monde", en assurant avoir "confiance en la justice".

Pour soutenir ce policier, "qui a fait son travail et paie aujourd'hui le prix fort", une cagnotte a été lancée en ligne par une personnalité d'extrême droite, l'ancien porte-parole de la campagne présidentielle d'Eric Zemmour, Jean Messiha, provoquant l'indignation à gauche. Elle recueillait lundi 3 juillet plus d’un million d'euros.

Scrutée à l'étranger, cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires rappellent les émeutes qui ont secoué la France pendant trois semaines en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police et électrocutés après s'être cachés dans un transformateur électrique.

AFP/VNA/CVN

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