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De retour dans la mégapole du Sud après ses études universitaires au Canada, Luc Pham Quynh Nhi, 20 ans, a décidé de se consacrer à la musique folklorique pour pouvoir vivre de sa passion. Elle participe souvent à des représentations musicales de đon ca tài tu - chants des amateurs du Sud - et de sac bùa - un air que l’on chante à l’occasion du Nouvel An lunaire dans le Centre.
Issues d’une famille qui n’a pas de fibre artistique, Quynh Nhi et sa petite sœur sont les premières à apprendre la musique. "Mes parents nous soutiennent beaucoup dans la poursuite de ce loisir. Mon papa en particulier. Ce sont les berceuses et contes de fées qu’il m’a chanté et raconté quand j’étais enfant qui m’ont donné cet amour pour la culture et l’histoire du pays", partage-t-elle.
Étant membre d’un groupe spécialisé dans l’éducation culturelle et historique, Quynh Nhi noue une passion à ces deux domaines. Un jour, après avoir lu des livres de la série Hôi ký Trân Van Khê - Mémoires de Trân Van Khê (1921-2015), un spécialiste de la musique traditionnelle du Vietnam, la jeune fille a alors décidé de trouver un moyen pour la valoriser, en apprenant à jouer du đàn tranh.
Se trouver dans les mélodies
Quynh Nhi aime la musique folklorique, c’est évident. Et vice versa, cet art lui a permis de se trouver soi-même. "Auparavant, je m’interrogeais sur la personne que je suis, ce que je fais et pourquoi je pense de cette manière et agis de la sorte. L’étude de la musique traditionnelle m’a permis de comprendre que chaque personne devrait s’intéresser à la fois au passé, au présent et à l’avenir".
En effet, la musique ancienne lui a apporté des connaissances sur le passé et la culture du pays qui ont une véritable influence sur sa vie et sa personnalité. "En jouant ce type de musique, je peux distinguer les différents airs locaux. Concrètement, la musique du Nord est plus joyeuse, celle du Centre est davantage mélancolique, tandis que les airs populaires du Sud sont tantôt drôles, tantôt tristes". Quynh Nhi joue aussi du đàn tranh même quand elle est à l’étranger, où "le public est souvent impressionné par la musique folklorique du Vietnam".
D’après elle, bien que simples en apparence, les instruments traditionnels peuvent créer de nombreux tons et gammes de mélodies. "Pour les étrangers, ces airs anciens sont non seulement beaux mais dégagent aussi une grande sensibilité. Ils leur permettent de mieux comprendre l’âme des Vietnamiens".
Aimer, c’est agir
En plus de jouer de la musique traditionnelle, Quynh Nhi est fière de pouvoir la faire découvrir aux autres. "Un jour à Taïwan (Chine), dans un taxi, le chauffeur m’a questionné sur mon +đàn tranh+. Je lui ai alors répondu de la même manière que pour mon exposé lors des échanges culturels auxquels j’ai assisté", raconte-t-elle.
"L’autre jour, au Vietnam, un moto-taxi amateur de musique traditionnelle m’a aussi posé des questions. Je lui ai également répondu de façon détaillée comme si j’étais en train de discuter sur un forum".
Grande passionnée de musique traditionnelle, Luc Pham Quynh Nhi (1re à droite) tient aussi à la promouvoir. |
Pour Quynh Nhi, le fait de renseigner une communauté, un groupe ou même une seule personne sur un domaine auquel on se passionne la rend toujours heureuse. L’important est de faire de son mieux. "À mon avis, apprendre, c’est d’abord pour enrichir ses connaissances et les transmettre ensuite à ceux qui ont le même centre d’intérêt. Je souhaite que la musique traditionnelle, et la culture plus largement, soient une source de rafraîchissement pour les gens, qu’elles les orientent vers le beau et le bien".
Ayant étudié au Canada, Quynh Nhi trouve un point commun entre ce pays d’Amérique du Nord et le Vietnam, c’est la diversité culturelle. "Notre pays abrite une soixantaine d’ethnies et accueille de nombreux étrangers venus de République de Corée, des États-Unis… Au Vietnam, des spectacles de différents types d’art ont lieu régulièrement, comme le ballet, le théâtre, le +đon ca tài tu+ ou bien le +ca trù+ (chant des courtisanes). Plus il y a d’espaces réservés à la culture, plus la vie devient intéressante", affirme-t-elle.
Actuellement, Quynh Nhi suit une formation en đờn ca tài tử et organise des cours du genre pour les jeunes. Elle est aussi co-organisatrice d’une chaîne de spectacles intitulée Diên xuong Nam Bô (Chanter les mélodies du Sud), qui devrait se produire tous les mois à partir de juillet 2019.