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La carte numérique de fruits du Vietnam a été créée en 2020 par l’entrepreneure Nguyên Ngoc Huyên et ses collaborateurs. Grâce à cette carte, il est possible d’avoir depuis son smartphone ou son ordinateur une vue d’ensemble des fruits produits au Vietnam.
La carte numérique de fruits de Huyên connecte un millier de coopératives fruitières au Vietnam. |
Photo : PPVN/CVN |
La première phase de la carte est terminée. Elle fournit des informations claires sur les spécialités de chaque ville et province, ainsi que des coopératives, avec des données telles que l’indication géographique, la superficie, le rendement, etc. En septembre 2021, la carte de fruits du Vietnam a été présentée lors du 38e Salon international des fruits et légumes Macfrut à Rimini (Italie), suscitant la surprise de ministres de l’Agriculture de nombreux pays.
Confiance mutuelle
Fin 2022, cette fameuse carte a également été présentée lors du Salon professionnel international du marché des fruits et légumes en Asie (Asia Fruit Logistica 2022), organisé en Thaïlande. Elle est désormais en phase de connexion avec plus de 800 grandes entreprises du secteur agricole dans le monde, ainsi qu’avec un millier de coopératives fruitières au Vietnam.
À l’avenir, ce sera un réseau social permettant de connecter acheteurs et vendeurs. En bref, il s’agit d’un marché B2B (Business to business) où toutes les entreprises, nationales et internationales, pourront accéder et passer des commandes. Les coopératives sont capables de recevoir des commandes de culture en fonction des normes exigées par les clients. Ainsi, on évitera la situation de dévaluation des produits au moment de la récolte ou le phénomène de “vente forcée” des produits agricoles.
La jeune femme d’affaires Nguyên Ngoc Huyên. Photo : CTV/CVN |
Pour ce faire, Huyên estime qu’il faut non seulement du temps, mais aussi la coopération d’investisseurs étrangers et nationaux pour la logistique dans les zones de culture fruitière. La femme d’affaires de 31 ans a souligné que l’agriculture ne se calcule pas en mois, mais en années. Il faut au moins deux à trois ans pour commencer à se transformer. Cependant, peu importe ce qu’elle fait, sa devise est la confiance. “Parce que dans toute relation, il doit y avoir de la confiance l’un envers l’autre pour que nous puissions aller loin ensemble”, explique-t-elle.
Après une dizaine d’années dans le commerce de fruits haut de gamme et des visites à l’étranger pour s’approvisionner et comprendre pleinement le processus de production, Huyên a constaté que la façon de cultiver des fruits était très différente de celle du Vietnam. Dans bien des pays, on applique des technologies modernes à la production. La plante ne produit pas encore de fruits qu’il y a déjà des clients, de sorte que le prix est stable et à un niveau élevé. Lors de ses visites au Japon, Huyên a bien compris le processus nécessaire pour produire des fruits de classe mondiale.
Par exemple, sur une vigne de Shine Muscat de 100 grappes, les jardiniers coupent la moitié des grappes et les jettent. Et sur les 50 restantes, on continue de couper 30% du nombre de fruits afin que les fruits sélectionnés aient la taille maximale et une qualité optimale (teneur en sucre et forme). Les jardiniers prennent soin des raisins comme des bébés. En plus de la qualité supérieure, de l’emballage, des certificats, du label et de l’art de la vente, les Japonais ont créé toute une histoire autour de leurs raisins Shine Muscat pour les rendre rares et précieux.
Par conséquent, les consommateurs sont prêts à payer un prix très élevé pour acheter ce cépage, non seulement en raison de sa qualité, mais également de son label et de l’histoire de sa production.
Dans un vignoble à Ninh Thuân (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
Concernant les fruits vietnamiens, la variété est extrêmement riche. Si certaines spécialités étaient cultivées correctement et avec soin, leur qualité ne serait pas inférieure à celle des fruits de la République de Corée ou du Japon. Cependant, le processus de culture au Vietnam est rudimentaire, ce qui rend difficile le respect des normes. Les agriculteurs ont l’habitude de privilégier le rendement dans un contexte où les informations sur le marché ne sont pas claires, et parfois ces fruits inondent le marché, l’offre devient supérieure à la demande et fatalement le prix baisse. C’est aussi la raison pour laquelle il est difficile pour les fruits vietnamiens de pénétrer le segment des fruits haut de gamme sur le marché international.
Selon Ngoc Huyên, ce segment va croître de plus en plus. Il n’est donc jamais trop tard pour changer et commencer à travailler sérieusement. Les fruits vietnamiens pourront ainsi atteindre un jour le même niveau de qualité que les produits japonais.
Un tournant
En 2020, l’épidémie de COVID-19 a également marqué un tournant pour Huyên et Mia Group, dont elle est présidente du conseil d’administration, spécialisé dans l’import-export de produits agricoles de haute qualité et de fruits. Étant donné l’impossibilité de se rendre à l’étranger pour trouver de nouvelles sources de marchandises, elle s’est rendue dans les régions fruitières du pays pour y mener des études approfondies. Elle a ainsi décidé de s’associer à la production de fruits de haute qualité pour la vente au détail et l’exportation.
Ngoc Huyên présente les prunes Ruby de la province de Son La (Nord-Ouest). |
Photo : CTV/CVN |
“C’était pendant la saison des prunes dans la province montagneuse de Son La (Nord-Ouest), alors j’ai décidé de commencer par la prune”, raconte-t-elle. La première fois qu’elle est allée à Son La, elle a apporté des vidéos montrant le processus de soin des fruits japonais pour convaincre les autorités locales de guider les gens à le suivre. Huyên a clairement montré aux paysans comment abaisser l’étage supérieur, tailler les branches pour recevoir la meilleure source de lumière pour la plante, comment réduire les fruits pour maximiser leur développement. Elle leur a également montré l’arrosage automatique, la fertilisation et les soins biologiques.
Un an plus tard, alors que l’épidémie a éclaté à Hô Chi Minh-Ville, Huyên était coincée à Hanoï et a été surprise de recevoir des prunes qu’un cultivateur lui avait envoyées. Elles étaient grosses, pas acides et plus sucrées que les prunes américaines et australiennes. Huyên était ravie.
Les agriculteurs cultivent de délicieuses prunes, tandis que Huyên est chargée de construire la marque “Prune Ruby” pour Son La et de commercialiser le produit. Les fruits sont vendus sur le marché domestique à environ 130.000-230.000 dôngs/kg, et exportés vers certains pays pour 370.000 dôngs/kg. Le revenu des paysans a immédiatement été multiplié par cinq ou six. À la saison des récoltes, la marque “Prune Ruby” a créé un effet étonnant, faisant monter en flèche les prix sur le marché.
Pour elle, “Prune Ruby” est un premier pas pour montrer aux consommateurs vietnamiens que les fruits nationaux peuvent atteindre le même niveau que les fruits importés.
Un mini réfrigérateur
Il y a dix ans, Nguyên Ngoc Huyên s’est lancée dans le commerce de fruits alors qu’elle était encore étudiante en en 3e année à Hô Chi Minh-Ville. Huyên a déclaré qu’elle aimait passionnément les fruits, ce qui l’a amenée à se poser la question : “Où est-ce que maman achète ses fruits chaque jour ?”. La réponse était simple : “Environ 90% des fruits étaient achetés sur les marchés traditionnels. Les fruits importés, quant à eux, étaient disponibles dans les supermarchés”. Huyên a également étudié la qualité, l’origine et la demande des consommateurs.
Huyên aime passionnément les fruits. |
Photo : Vietnamnet/CVN |
À l’époque, le marché était inondé d’informations sur les fruits chinois ainsi que sur les fruits conservés avec des produits chimiques. Si l’on ne trouvait pas de produits de bonne qualité, on risquait sa santé.
Pour ses affaires, elle se demandait par où commencer, quel était le segment de clientèle à cibler, comment importer des marchandises, etc. Au début, comme elle ne possédait pas de zone de culture, Huyên a décidé de vendre des fruits importés dans le segment haut de gamme. Car si elle avait vendu des fruits d’entrée de gamme, elle n’aurait pas pu concurrencer les marchés traditionnels et les supermarchés.
“À cette époque, j’ai emprunté 12 millions de dôngs à ma tante pour acheter un mini réfrigérateur afin de mieux conserver les fruits frais avant la vente”, se souvient la femme d’affaires qui avait alors une vingtaine d’années. Pour résoudre le problème des importations, Huyên a négocié avec le distributeur pour payer le lot précédent au moment de l’importation du nouveau lot de marchandises. Au départ, elle ne vendait qu’un à deux paquets, puis le volume a augmenté progressivement jusqu’à cinq à dix paquets, puis le lot entier.
Tous les types de fruits importés par Huyên sont de catégorie A et ne sont pas populaires sur le marché, comme la pomme Envy de Nouvelle-Zélande, les raisins rouges, noirs et verts des États-Unis et d’Australie, les oranges, les mandarines, les cerises, les poires... Ces fruits ont des normes de production extrêmement élevées et strictes, la qualité est garantie, avec un taux de pourriture durant le transport très faible.
“Je n’avais pas non plus d’espace de vente, je ne vendais que sur Internet. J’avais mon propre livreur. Les clients commandaient des fruits à livrer à leur domicile, puis ils payaient le livreur ou me transféraient l’argent”, raconte la jeune entrepreneuse.
Les affaires étaient favorables, c’est pourquoi en 2013, Huyên a créé la compagnie Mia Fruit (aujourd’hui Mia Group), spécialisée dans la vente de fruits haut de gamme avec une base de clientèle stable.
Puis, Huyên a décidé de chercher une nouvelle source de fruits. Elle a ciblé les fruits premium du Japon, de la République de Corée et de Taïwan (Chine). Les revenus de l’entreprise ont augmenté de 300%. Huyên a également été la première personne à importer en 2015 des raisins Shine Muscat cultivés dans la région d’Okayama (Japon) et à les vendre pour 5 millions de dôngs le kilo, suivis par de nombreux autres fruits japonais.
Le Mia Group investit dans des zones de culture pour s'approvisionner en produits de qualité. |
Photo : Vietnamnet/CVN |
Ces deux dernières années, Mia Group s’est non seulement développé dans le segment de la vente au détail, mais s’est également concentré sur les questions technologiques. Le groupe a investi dans des zones de culture pour s’approvisionner en produits de qualité, puis a progressivement amené les fruits vietnamiens à dominer le marché dans le segment haut de gamme, à s’orienter vers l’exportation et à “repositionner” les labels vietnamiens sur le marché mondial.
Pour cette raison, Huyên a décidé de créer une carte des fruits du Vietnam, dans l’espoir de présenter aux distributeurs internationaux les fruits vietnamiens en un seul clic.
HOÀNG LAN/CVN