Un jeune engagé pour le bien de 60.000 enfants déshérités

Hoàng Hoa Trung n’a pas de grande maison, ni de voiture luxueuse ou de carrière professionnelle illustre comme beaucoup d’autres. Cependant, il se montre toujours généreux envers les enfants des régions montagneuses en menant des activités caritatives en leur faveur.

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Hoàng Hoa Trung s'engage pour le bien de 60.000 enfants déshérités.
Photo : HHT/CVN 

À 33 ans, Hoàng Hoa Trung est toujours aussi enthousiaste qu’à 17 ans, lorsqu’il s’est lancé dans la philanthropie. Combien il fut éberlué en voyant pour la première fois de ses propres yeux les salles de classe de fortune en bambou et toit de feuilles installées dans les villages de montagne.

Comme il fut fort surpris aussi en voyant de nombreux élèves incapables d’aller à l’école faute de moyens, des enseignantes marcher tous les matins des kilomètres sur les chemins forestiers pour appeler chaque enfant à l’école... Ces images ont poussé Trung à établir des programmes de charité afin de mobiliser des ressources pour aider les élèves de minorités ethniques à aller à l’école.

Depuis plus d’une décennie d’engagement dans la philanthropie, le groupe "Suc manh 2000" (Force 2000) et l’écosystème "Nuôi Em" (Nourrir les enfants), fondés et dirigés par Hoàng Hoa Trung, ont réussi à construire plus de 370 écoles, internats, ponts et maisons du cœur… et à fournir des déjeuners à 60.000 enfants de villages reculés pendant leurs neuf mois à l’école chaque année.

Ces résultats traduisent les contributions de toute la communauté. Pourtant, les efforts inlassables de Trung sont indéniables. Lui et son équipe ont leurs propres principes, précis et clairs, dans la mise en place des activités caritatives.

Avec l’écosystème "Nuôi Em", Trung fournit des déjeuners à 60.000 enfants de villages reculés pendant leurs neuf mois à l’école chaque année.
Photo : HHT/CVN 

Si de nombreux chefs d’entreprise ont réussi à construire leurs écosystèmes d’affaires, le chef de groupe caritatif "Niêm Tin" (Confiance), Hoàng Hoa Trung, est fier de son écosystème de charité, baptisé "Nuôi Em". "Les projets caritatifs de cet écosystème sont élaborés en se basant sur les besoins réels des nécessiteux".

Nourrir les petits, tout un écosystème

Son premier programme, "Ánh sáng núi rung" (Lumière des montagnes et forêts), a débuté en 2008-2009. Il vise à récolter des fonds pour construire des écoles et faire don de produits de première nécessité aux élèves de minorités ethniques, des régions montagneuses et frontalières.

À cette époque-là, il y avait un "boom" des activités caritatives avec la participation de centaines de groupes et d’entreprises. Cependant, elles étaient principalement menées à Hanoï. Alors, le jeune homme a décidé de s’orienter vers les régions montagneuses où la vie des habitants est confrontée à beaucoup de difficultés mais où les généreux donateurs étaient encore peu nombreux.

 Hoàng Hoa Trung s’est lancé dans la philanthropie à l'âge de 17 ans.
Photo : HHT/CVN 

Le but initial du groupe était simplement de fournir des articles de première nécessité aux habitants locaux. Mais ce sont les visites sur le terrain qui lui ont fait comprendre que "mieux vaut leur apprendre à pêcher que de leur donner un poisson". "Se rendant compte que fournir des connaissances aux enfants serait la voie unique pour leur offrir un avenir plus brillant, nous avons commencé à collecter des fonds".

Avec une forte détermination, les membres du groupe ont accepté n’importe quel "petit boulot" pour gagner de l’argent, tel que ramassage des céramiques présentant des défauts abandonnées dans des ateliers de poterie à Bát Tràng (village situé dans la banlieue de Hanoï, réputé pour sa porcelaine de qualité, considérée comme la plus fameuse du Vietnam) pour les revendre, vente de pulls lors de foires, d’assurances moto... "Nous avons tout fait afin d’avoir suffisamment d’argent pour construire des écoles dans les hautes régions".

Des établissements scolaires ont été construits, mais de nombreux enfants abandonnaient encore leurs études. La raison ? La faim. Ainsi, le projet "Nuôi Em" a démarré pour mobiliser des mécènes appelés "frères adoptifs" ou "sœurs adoptives". "Chacun n’a qu’à contribuer mensuellement à hauteur de 150.000 dôngs (près de 6 euros), ce qui est suffisant pour payer le déjeuner d’un enfant dans la haute région pendant un mois". 

Au-delà des frontières vietnamiennes

Mais ce n’est pas fini. Un autre problème a surgi. Bien que leurs repas se soient améliorés, les enfants buvaient principalement l’eau des ruisseaux sans la traiter. Le groupe a alors installé des purificateurs d’eau pour leur éviter des problèmes intestinaux.

Sur la base de la situation réelle, Hoàng Hoa Trung et les membres de son groupe réalisent également de nombreux projets satellites pour former l’écosystème "Nuôi Em" : installer des panneaux solaires, des réchauds industriels à gaz à l’école au service des élèves, donner d’anciens jouets et livres, planter des arbres, offrir d’anciens ordinateurs portables à des étudiants d’ethnies minoritaires faisant leurs études dans les grandes villes, aider les habitants locaux à écouler leurs produits agricoles…

Hoàng Hoa Trung a déployé ses efforts pour la joie des enfants déshérités. 
Photo : HHT/CVN 

Au total, 14 projets ont été mis en place dans le cadre de l’écosystème, qui suivent tous de près les 17 Objectifs de Développement durable des Nations unies.

Avant de commencer une nouvelle entreprise, Trung se pose toujours deux questions : "Si l’on ne le fait pas, est-ce que quelqu’un d’autre le fera ?", et "Si l’on ne le fait pas, quelque chose de mal se produira-t-il ?".

"On ne meurt pas à cause du manque d’argent, de riz, de nouilles instantanées, d’huile de table ou de couverture. De plus, beaucoup d’autres équipes caritatives ont déjà fourni ces produits aux habitants en difficulté. Mais si nous ne construisons pas d’écoles en dur, les salles de classe dans de nombreux endroits seront encore de fortune. Sans le programme +Nuôi Em+, de nombreux enfants continueront à abandonner leurs études. Sans ses projets aux alentours, la vie de beaucoup d’enseignants restera extrêmement difficile".

C’est à l’âge de 17-18 ans que Hoàng Hoa Trung s’est lancé dans la philanthropie. Depuis, il est devenu un exemple dans les activités au service de la communauté. Ses contributions sont reconnues à travers des dizaines de récompenses dont les prix "Jeunes exemplaires du Vietnam 2019", "Jeunes exemplaires de la capitale 2019", "Forbes 30 Under 30 du Vietnam 2020" (liste des 30 personnes de moins de 30 ans publiée chaque année par le magazine économique Forbes Vietnam), "Environnement du Vietnam 2020", "Jeunes volontaires de l’ASEAN élargie 2022", le prix A du concours "Initiatives pour la communauté" en 2022 avec l’écosystème "Nuôi Em"…

Hoàng Hoa Trung a passé plus d’une décennie au chevet des enfants de villages de montagne. 
Photo : HHT/CVN

Très motivé, Trung cherche toujours à attirer la participation de toute la communauté en rejetant la conception périmée que seuls les riches puissent faire de la charité. "Il est temps de la comprendre et de passer à l’action, même à partir de petites choses".

Dans les 18 villes et provinces où est mis en place le projet "Nuôi Em", 10 voit celui-ci géré par des volontaires locaux eux-mêmes. "Nous les avons initiés à notre modèle pour qu’ils s’en saisissent, puis l’avons confié aux bénévoles locaux qui sont chargés de le déployer sur place".

En 2022, le programme "Nuôi Em" s’est étendu au-delà des frontières nationales, aidant également plus de 350 enfants vietnamiens au Cambodge et 480 enfants au Kenya. Trung calcule simplement qu’il suffit que chaque personne baisse de trois tasses de bubble tea ou de café sa consommation mensuelle afin qu’un enfant en difficulté puisse bénéficier de vrais déjeuners pendant un mois.

À bon vin point d’enseigne

"L’esprit de partage est sans frontières, ne dépendant pas de la couleur de la peau ni de la religion. Bien qu’au Vietnam, il y ait encore beaucoup d’enfants nécessiteux à nourrir, mais ce sont des bienfaiteurs, des mécènes qui nous ont proposé d’élargir nos activités au-delà des frontières nationales. Peut-être que ce petit modèle vietnamien, une fois multiplié, pourra contribuer à éradiquer la faim dans le monde".

Hoàng Hoa Trung (3e à droite) reçoit le prix "Jeunes exemplaires de la capitale 2019". 
Photo : VNA/CVN 

Trung n’oubliera jamais l’époque où il a commencé ses activités philanthropiques. Il s’est senti blessé à plusieurs reprises en voyant ses appels à financement rejetés, bien que les dossiers soient soigneusement préparés. Finalement, il a décidé de ne pas appeler les contributions. L’important, c’est de mener à bien d’abord des activités bénévoles. Puis, "à bon vin point d’enseigne".

"Pendant plusieurs années, nous n’avons sollicité aucune faveur, ni présenté aucune demande de financement. C’est grâce à nos résultats que les mécènes nous sont venus".

De plus, Trung les encourage à offrir leurs propres objets anciens dont des jouets de leurs enfants, des livres et leurs étagères, des ordinateurs portables… "Par ce moyen, tout le monde, des mères de familles aux cols blancs, peut participer à nos activités".

Le jeune homme met toujours l’accent sur la transparence de chaque projet. Les recettes et les dépenses sont publiques et mises à jour. "La totalité des contributions sont utilisées dans un but philanthropique, et ce depuis le début, il y a une quinzaine d’années".

Grâce à cette méthode de travail, Hoàng Hoa Trung et son équipe ont obtenu des résultats spectaculaires. De seulement une à deux écoles construites chaque année, en 2022, ils ont achevé plus de 150 ouvrages. Plus de 60.000 enfants ont été alimentés en déjeuners jusqu’à présent.

Hoàng Hoa Trung (5e à droite) lors de la cérémonie de remise des prix "Jeunes volontaires de l’ASEAN élargie 2022", le 26 août 2022 à Quang Binh (Centre). 
Photo : BQB/CVN

En 2022, “Nuôi Em” a reçu près de 120 milliards de dôngs (près de 4,77 millions d’euros) de dons. Et pourtant, Trung ne demande aucune somme pour la gestion de cet écosystème.

Consacrant tout son cœur et beaucoup de temps à la philanthropie, le trentenaire admet qu’il ne peut pas bâtir une carrière illustre comme beaucoup d’autres. Par contre, les activités caritatives l’aident à développer ses compétences en affaires, en gestion des ressources humaines du temps, en rédaction de contenus, en marketing, en exposé…

Hoàng Hoa Trung (gauche) et des membres de son groupe caritatif "Niêm Tin" étudient un projet. 
Photo : VNA/CVN

"Beaucoup de gens pensent que les activités caritatives demandent du temps et des efforts, mais pour moi, cela m’apporte des expériences et une liberté précieuse. Je ne gagne pas d’argent à travers ces activités mais les compétences acquises m’aident à en gagner dans d’autres domaines".

Actuellement, certaines socié-tés sont prêtes à l’inviter à travailler en tant qu’expert avec un salaire de 2.000 à 2.500 USD par mois. Particulièrement, en 2017, Hoàng Hoa Trung a travaillé pour une entreprise immobilière où lui et son équipe ont réussi à vendre 33 maisons en deux mois ! Le directeur de la société lui a proposé un revenu mensuel - salaire et prime - de 300 millions dôngs (près de 12.000 euros), pour le retenir plus longtemps, mais Trung a refusé. Car "ce travail prenait trop de temps, me rendant incapable de participer aux activités sociales".

Dans sa vie quotidienne, Hoàng Hoa Trung est simple. Il utilise toujours des ordinateurs portables, vêtements, objets qu’il a achetés il y a six ou sept ans.

En 2020, il s’est marié à l’âge de 30 ans. Son épouse est également membre de son groupe de bénévoles "Niêm Tin". Elle l’accompagne souvent dans ses activités philanthropiques du Nord au Sud.

Bao Châu - Vân Anh/CVN

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