France
Elisabeth Borne cajole les ténors de sa majorité

Assurée de son maintien à Matignon et en vue d'une rentrée parlementaire qui s'annonce difficile, Elisabeth Borne cherche à engranger le soutien des ténors de la majorité en se rendant sur leurs terres: après Edouard Philippe au Havre, elle doit être dimanche 30 juillet à Pau chez François Bayrou.

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La Première ministre française Elisabeth Borne (droite) participe à une réunion aux côtés du chef du parti Horizons, Edouard Philippe, à l'hôtel de ville du Havre, le 25 juillet. 
Photo : AFP/VNA/CVN

La Première ministre Elisabeth Borne, qui a érigé l'égalité femmes-hommes en priorité, assistera à l'arrivée du Tour de France cycliste féminin dans la capitale du Béarn avant de s'entretenir avec le maire de la ville.

En rencontrant, successivement en quelques jours, les patrons d'Horizons et du Modem, deux "partenaires clés" du camp présidentiel, elle entend surtout "aborder de manière unie la rentrée", explique-t-on à Matignon.

La cheffe du gouvernement, confirmée à son poste la semaine dernière, a d'ailleurs fait part de son "plaisir" à échanger avec eux quand il y a "moins de pression", la crise des retraites, les émeutes, puis le débat sur la police ayant révélé des dissonances entre les trois composantes du camp macroniste.

"Quand vous êtes en majorité relative, vous êtes obligés d'avoir au moins des certitudes dans votre majorité", relève l'historien politique Jean Garrigues.

Car l'automne risque d'être sportif au Parlement, avec un très sensible projet de loi sur l'immigration et des textes budgétaires pour lesquels Elisabeth Borne devra recourir à nouveau au 49.3.

"Émancipation"

"La rentrée ne sera sans doute pas de tout repos", avait-elle prévenu, en faisant valoir que seule "l'unité de la majorité" permet de faire face "aux outrances, à l'obstruction de La France insoumise" et aux "faux-semblants du Rassemblement national".

Le député Renaissance Sylvain Maillard, désormais chef de file du parti, le 15 mars à l'Assemblée nationale à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après une saison agitée à l'Assemblée pour cette majorité "plurielle", Elisabeth Borne compte sur le "sens du collectif" du nouveau chef de file des députés Renaissance, Sylvain Maillard, qui succède à Aurore Bergé, devenue ministre et jugée trop clivante.

"Quelques erreurs ont été commises de part et d'autre mais elles n'ont pas été décisives", nuance Laurent Marcangeli, patron du groupe Horizons, un temps en froid avec le groupe Renaissance.

La tournée d'Elisabeth Borne, qui rencontrera également lundi 31 août le président de Renaissance, Stéphane Séjourné, a un parfum "d'émancipation" pour la Première ministre qui "reprend son rôle habituel de cheffe de la majorité" que le président de la République s'arroge depuis plusieurs années, souligne Jean Garrigues.

Mais s'assurer la fidélité de ces deux grandes figures de la majorité ne règle pas le problème de la majorité relative, dont "la clé de la solution se trouve davantage à droite", ajoute-t-il. Elisabeth Borne a d'ailleurs échangé jeudi 27 juillet avec le président de LR, Eric Ciotti, selon ce dernier.

"Homme d'État"

Il s'agit aussi pour la cheffe du gouvernement de mettre du baume après les frictions suscitées par le remaniement du 20 juillet.

François Bayrou serait ainsi intervenu, au nom des équilibres politiques, pour demander la nomination d'un nouveau ministre de son parti pour compenser celle, un temps envisagé, du député Horizons Frédéric Valletoux au ministère de la Santé, assure une source parlementaire, ce que dément vigoureusement le patron du MoDem.

Malgré ces tensions, aucun de ces ténors ne s'est opposé à la reconduction d'Elisabeth Borne à Matignon.

Le président français Emmanuel Macron (droite) et le maire de Pau, François Bayrou, au balcon de l'hôtel de ville de Pau, le 6 juillet. 
Photo : AFP/VNA/CVN

François Bayrou, qui aurait "adoré" être Premier ministre mais se considère "hors jeu" en raison d'un procès à venir mi-octobre, avait mis en garde contre un rapprochement de l'exécutif avec la droite, au nom de l'"ADN" du macronisme. Visant sans le dire le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui convoitait Matignon.

Au Havre, Edouard Philippe, ex-chef du gouvernement, a fait allusion au bail précaire de l'actuelle Première ministre, et l'a remercié pour sa visite "aussi attendue qu'espérée" qui permet "d'envisager l'avenir avec confiance".

Elisabeth Borne a loué à son tour les "très grandes qualités d'homme d'État" de son prédécesseur, après avoir pris le temps d'annoncer plusieurs projets pour sa ville.

Mais 2027 "n'est pas du tout un sujet d'actualité", a-t-elle ajouté. Car les ambitions présidentielles d'Edouard Philippe pourraient dans l'avenir justifier des prises de distance dont elle se passerait bien.

AFP/VNA/CVN

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