>>Les femmes gagnent toujours moins et s'occupent plus des enfants
La secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, à l'Assemblée nationale, le 7 mars à Paris. |
La secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, à l'Assemblée nationale, le 7 mars à Paris. Photo : AFP/VNA/CVN |
À l'issue d'une consultation entre le Premier ministre Édouard Philippe et les partenaires sociaux, le gouvernement a annoncé que les entreprises de plus de 50 salariés présentant des écarts "injustifiés" de salaires entre hommes et femmes seraient sanctionnées à partir de 2022. Elles seront passibles d'une pénalité financière pouvant aller jusqu'à 1% de leur masse salariale.
Cette mesure figurera dans la loi sur les réformes sociales (assurance chômage, apprentissage, formation professionnelle) que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, doit présenter en Conseil des ministres fin avril.
"Ce qui est fou c'est que tout existe dans le droit, mais dans les faits l'égalité n'est pas là. Notre objectif c'est de passer de belles déclarations juridiques à une véritable égalité réelle", a déclaré le Premier ministre après une réunion de deux heures avec patronat et syndicats.
À partir de 2019, un logiciel dédié, libre de droit, sera déployé dans les entreprises de plus de 250 salariés, et dans celles de 50 à 249 d'ici 2020, pour détecter les écarts de salaires injustifiés.
Mme Pénicaud a fixé l'objectif de supprimer, "d'ici trois ans", l'écart salarial de 9% existant entre hommes et femmes à poste équivalent. "Cela fait 35 ans" que la loi garantissant le principe à travail égal, salaire égal "n'est pas respectée, c'est hallucinant", s'est-elle indignée.
Après ce rendez-vous, la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a rejoint sur la scène de Bobino les ex-ministres Roselyne Bachelot et Myriam El Khomri pour une lecture des "Monologues du vagin".
Vêtues de noir dans un décor rouge, elles ont tour à tour incarné les témoignages qui composent la pièce à succès de la dramaturge et féministe américaine Eve Ensler. Viols de guerre, accouchement, excision, prostitution, changement de sexe, maternité, plaisir féminin... Elles ont alterné les passages tantôt poignants, tantôt drôles, une manière selon Mme Schiappa de "porter un message qui transcende les clivages politiciens".
Tour Eiffel illuminée
Jeudi, une cinquantaine de mesures sont attendues lors d'un comité interministériel présidé par le chef du gouvernement. Elles sont inspirées d'initiatives locales identifiées à l'occasion du Tour de France de l'égalité, une consultation citoyenne qui s'est tenue pendant cinq mois. Par exemple, un "référent égalité" sera nommé dans chaque établissement scolaire à la rentrée 2019, une initiative inspirée d'un lycée du Val-d'Oise.
Des contrats locaux seront par ailleurs signés entre préfets, magistrats, hôpitaux et associations pour mettre en place un système d'"alerte en réseau" destiné à mieux repérer les violences conjugales, comme cela se fait à Angoulême.
Une plateforme de géolocalisation des hébergements d'urgence des femmes victimes, accessible seulement par les professionnels (associations, urgentistes, travailleurs sociaux ...) sera développée pour les aider à trouver un refuge. "Deux mille places d'hébergement seront réservées courant 2018, avec un accompagnement pour ces femmes et leurs enfants", a précisé Mme Schiappa à l'Assemblée nationale.
Comme chaque année, un rassemblement est organisé jeudi à Paris Place de la République, pour protester contre les inégalités salariales, suivi d'une manifestation pour les droits des femmes. Un "karaoké géant" aura lieu à 15h40, à l'heure "où les femmes commencent à travailler gratuitement", sur l'air de la chanson de Dalida "Paroles, Paroles".
Il s'agit de "cibler la politique d'Emmanuel Macron, parsemée de discours forts et de grandes phrases mais qui ne sont pas suivis d'actes forts", explique Ana Azaria, présidente de Femmes Égalité, membre du collectif 8 mars 15h40 composé de 29 associations féministes et syndicats.
Mercredi 7 mars à 19h00, la Tour Eiffel s'est illuminée aux couleurs du mouvement MaintenantOnAgit, qui organisait un rassemblement au Trocadéro en présence de la maire de Paris Anne Hidalgo et de la ministre de la Culture Françoise Nyssen.